Les Jacc gagneraient à investir plus les espaces communs avec une programmation éclatée, des performances in situ, du street art et autres propositions qui pourraient impliquer plus le visiteur et faire de lui un véritable partenaire. La Cité de la culture abrite, depuis le 19 septembre dernier, la 1ère édition des Journées d'art contemporain de Carthage (Jacc), en parallèle, ces mêmes lieux accueillent un autre nouveau-né dans le paysage culturel, les Journées des arts de la marionnette de Carthage (qui se poursuivent jusqu'au 29 septembre). Voilà de quoi animer les murs de ce colosse de béton qui, depuis son ouverture en mars dernier, n'a pas réellement tenu ses promesses, celle, entre autres, d'une culture pour tous. Pas assez de communication ou absence de contenu pour certains pôles, l'on cite surtout celui consacré aux arts plastiques, le fait est que le public, en dehors des initiés et autres avisés, tarde à adopter ces lieux. Les Jacc, avec plus de 700 œuvres exposées réalisées par près de 400 artistes plasticiens tunisiens et étrangers, se veulent une vitrine nationale et mondiale des arts contemporains. Une bonne occasion de proposer un contenu consistant au public, une occasion de rapprocher Monsieur Tout-le-monde de l'art contemporain, de le réconcilier avec cet univers qui semble l'intimider. Une occasion également d'offrir plus de visibilité à nos jeunes artistes et de contribuer à la diffusion de leurs œuvres (qui étaient mises en vente). Pari pas vraiment gagné ! Le patio central était consacré aux différents pavillons d'exposition : celui du ministère des Affaires culturelles qui nous a proposé les œuvres des grands artistes : Nja Mahdaoui, Hédi Turki et Rafik El Kamel, celui des jeunes créateurs avec des propositions artistiques pas très consistantes tant au niveau de la forme que du fond, l'Union des artistes plasticiens tunisiens, le Syndicat des artistes plasticiens, la Fédération tunisienne des arts plastiques, les régions (meilleurs projets des Jracc) et certaines galeries privées tunisiennes. Pour ce qui est de l'exposition dédiée aux régions, qui avait pour objectif de présenter des formes artistiques contemporaines émergentes dans les différentes régions tunisiennes (Hammamet, Kairouan, Kerkennah, Redeyef et Siliana), on nous a présenté les œuvres (intéressantes par ailleurs) d'artistes, dont certains vivent et évoluent à Tunis ! L'espace dédié aux pavillons des galeries étrangères (Libye, Mauritanie, Palestine, Algérie, Turquie, Jordanie, Koweït) n'était pas facile à trouver, le premier jour, en absence d'indications...Ces galeries proposent toutes, pourtant, de belles rencontres artistiques et la possibilité de découvrir d'intéressantes propositions picturales. Ces Journées se voulaient «singulières» et réconciliantes avec une pléthore de propositions artistiques. L'idée était aussi de dynamiser et de structurer un véritable marché de l'art local, le ministre des Affaires culturelles a d'ailleurs, dans ce sens, appelé à «une plus grande implication des Tunisiens dans l'achat des œuvres d'art». Pas évident comme cela a été formulé par certains présents à la première conférence consacrée à ce sujet et abritée par le Musée d'art moderne et contemporain de la Cité (qui tarde à se lancer!), en proposant de s'ouvrir plus à l'espace public, à l'instar de grands événements locaux qui ont su s'imposer en allant vers le public (néophytes, avisés, collectionneurs...). Les Jacc gagneraient à investir plus les espaces communs avec une programmation éclatée, des performances in situ, du street art et autres propositions qui pourraient impliquer plus le visiteur et faire de lui un véritable partenaire.