Subtilement réadaptée et remise au goût du jour par Khaoula Hadef qui a ré -esquissé le cadre spatio-temporel, réécrit le texte dans une autre langue : le dialecte tunisien et a étoffé la construction de divers personnages en les ressuscitant. La nuit du 5 octobre 2018 a été marquée par le lancement officiel de la 32e rentrée artistique de l'espace El Teatro. Le public a répondu à l'appel de Khaoula Hadef, qui a présenté en avant- première sa dernière création en date « Ces merveilleuses Antigone», librement inspirée des œuvres originales de Sophocle, Brecht et Anouilh. Subtilement réadaptée et remise au goût du jour par Khaoula Hadef qui a ré -esquissé le cadre spatio-temporel, réécrit le texte dans une autre langue : le dialecte tunisien et a étoffé la construction de divers personnages en les ressuscitant. Des protagonistes qui entretiennent sur scène amitiés et inimitiés, asservissement, soumission, amours, désamours. Les rapports de force se font particulièrement ressentir. A première vue, seul le titre de la création et quelques noms permettent au spectateur présent de se référer au classique d'«Antigone», bien avant son immersion dans l'intrigue. Soutenu par des acteurs, majoritairement étudiants et issus d'El Teatro Studio, la création tourne essentiellement autour de Créon et de son obsession pour Antigone, sa nièce. Tyrannie ambiante remarquablement interprétée par Mohamed Zarrami, acteur déjà découvert sur les planches dans la « Jeune fille et la mort » de Hela Ayed, et la révolte du personnage féminin « Antigone », endossé par Farah Mouakhar. Un rapport de force ponctué par un zeste d'humour par les autres acteurs, notamment par 3 enfants acteurs. La création met en scène des personnages stéréotypés, dont les traits de caractère sont exacerbés, voire assez prononcés. Pari risqué mais globalement bien relevé : en oscillant entre drame et humour, rires et espoir, la dramaturge et metteur en scène Khaoula Hadef est parvenue à débarrasser le texte d'une certaine linéarité. Elle l'a vivifié, l'a rendu bien plus rythmique et surtout accessible au public. Le 1er cycle de cette représentation se poursuit les 6, 10, 11 et 12 octobre toujours à El Teatro à partir de 19h30 et est programmé dans le cadre d'un volet intitulé « Ces Merveilleuses Antigone de Tunisie » qui s'étale du 2 au 12 octobre et composé de l'exposition « Antigone Plastik » visible à la Galerie Aire Libre depuis le 2 octobre et suivi d'une conférence, modérée par Rabaa Ben Achour Abdelkafi dans la matinée du 6 octobre et qui a eu pour thème «Mémoires silencieuses des militantes des années 70 : pourquoi ?». Hommage à ces prisonnières tunisiennes oubliées qui se sont révoltées contre la tyrannie répressive de Bourguiba.