L'Inluc (Instance nationale de lutte contre la corruption) lance un festival de films sur la thématique de la corruption qui aura lieu du 29 octobre au 1er novembre à la Cité de la culture. Nous avons eu cet entretien avec son directeur artistique, Brahim Letaïef. Comment définissez-vous l'identité de ce festival ? Appelons cet événement «rencontres» plutôt que festival parce que c'est une première initiative avec des délais trop courts pour préparer un vrai festival. J'ajouterai aussi qu'il y a seulement deux festivals dans le monde qui traitent de la thématique de la corruption, les rencontres qui se dérouleront en Tunisie à l'initiative de l'Instance nationale de lutte contre la corruption, en collaboration avec l'Agence coréenne de coopération, sont le troisième du genre. Je suis chargé par l'Inluc d'assurer la direction artistique avec une équipe de l'instance qui est très bien formée pour organiser des manifestations et qui est habituée à sillonner la Tunisie en organisant des ateliers. Une équipe qui a été alimentée par deux autres personnes à savoir Aymen Jelidi (président de la Fédération nationale des cinéastes amateurs) et Insaf Boughdiri pour le côté communication. Les rencontres internationales du film anti-corruption (Rifac) auront lieu du 29 octobre au 1er novembre. C'est un avant-goût des JCC en quelque sorte. Une idée sur la compétition ? En tout il y aura trois compétitions. La compétition internationale des courts-métrages autour de la thématique de la corruption constituée de deux programmes de courts-métrages d'une heure trente chacun. C'est vrai qu'on a du mal à trouver beaucoup de films tunisiens autour de cette thématique à part certains films initiés par l'Inluc. La deuxième compétition concerne les reporters et les journalistes qui ont fait des reportages d'investigation autour de la corruption. La troisième compétition concerne le scénario. En fait, il s'agit de demander aux jeunes et aux moins jeunes de rédiger un synopsis et une note d'intention sur un projet futur et de défendre le projet devant un jury. Cette compétition est couronnée par une bourse d'aide à l'écriture assez consistante qui sera offerte au lauréat ainsi qu'un suivi de la part de l'Inluc. Ces projets gagnants seront projetés lors de la session suivante. En parallèle, ces rencontres vont créer une dynamique de discussion autour de la thématique du festival. Pas de compétitions pour les longs métrages alors? Le long métrage n'est pas compétitif pour cette session. Les longs métrages qui seront présentés au Rifac sont d'un très haut niveau comme le film «Un homme intègre» de Mohamed Rasoulof primé à Cannes en 2017 et qui parle de la corruption politique en Iran. Il y aura également le film bulgare «Glory» produit en 2018, qui est au cœur de la thématique surtout après l'assassinat de la journaliste bulgare qui a fait un travail d'investigation. Nous sommes très heureux de projeter le film «Glory» lors de ces rencontres d'ailleurs. Nous projetterons aussi le film «Caire confidentiel». C'est un film de 2017 mais il n'a pas eu une grande distribution en Tunisie et c'est une occasion pour les Tunisiens de le revoir. Ces longs métrages tournent autour de la corruption politique qui est la cause de toute la petite corruption si on peut l'appeler ainsi. Pourquoi ne trouvons-nous pas assez de films tunisiens qui traitent de la corruption alors qu'on a vécu et on continue à vivre dans un pays corrompu ? Je pense que la corruption a été traitée (même au temps de Ben Ali) mais avec un traitement différent. Il ne faut pas oublier que le cinéma à l'époque n'avait pas la même visibilité qu'aujourd'hui… Mais ce n'est que maintenant seulement qu'on se rend compte des grandes corruptions qu'on continue à subir. Avec l'Inluc on essaie de renforcer la communication dénonçant ce phénomène mais c'est un travail de longue haleine. Des rencontres comme celles-ci vont contribuer à sensibiliser toute une génération de jeunes. Nous espérons également que ces rencontres vont pousser les jeunes à travailler sur des questions relatives à la lutte contre la corruption.