Lors de la soirée d'ouverture de la nouvelle édition de l'Octobre musical, le prestigieux cadre de l'Acropolium de Carthage a respiré l'atmosphère des années folles. C'est que l'esthétique rétro à grand renfort de plumes et de paillettes a caractérisé le spectacle inaugural «Mademoiselle» de Amina Srarfi et sa Troupe Al Azifet. D'emblée, on savait qu'on allait assister à quelque chose de singulier et d'original, et ce fut bien le cas. Devant une salle archicomble, le programme de la soirée a débuté par la fameuse chanson «Vous dansez madame vous dansez monsieur ?». Au fond de la scène, à l'image des danseuses du Music-hall de l'époque, une jeune danseuse vêtue d'une robe charleston, un bandeau à paillettes aux cheveux, scande l'espace au rythme de la musique, le remplissant de lignes somptueuses avec son boa de plumes. Le ton de la soirée est donné. «J'ai choisi pour ce spectacle des morceaux connus et moins connus du répertoire musical franco-arabe des années 20-30 et qui ont été composés par des musiciens célèbres et interprétés par de grands chanteurs tunisiens ou maghrébins et que nous avons repris à notre manière », lance Srarfi qui a invité pour l'occasion le célèbre chanteur Hichem Nagati qui, de son côté, a régalé le public par une reprise de la chanson «Où étiez-vous mademoiselle ?» et «Elle est partie, mchetaleya» du chanteur algérien René Perez. Ensuite, pour l'interprétation de la célèbre chanson «Yassmina», Hichem Nagati a fait appel au grand Kamel Raouf Nagati qui était présent parmi les spectateurs. Le résultat était magnifique puisque, comme il l'a toujours fait auparavant, Kamel Raouf Nagati a su séduire l'auditoire par sa belle voix, instaurant une belle ambiance au sein du public. Puis les cantatrices, toutes vêtues de robes charleston, parées toutes de beaux accessoires, bandeaux en plumes et boas, enchaînent les titres avec une belle énergie dans un dispositif qui relève de la performance théâtrale plutôt que du tour de chant. Sous la baguette d'Amina, elles abordaient, tour à tour ou en chœur, une série de chansons à l'instar de «Itha ethébbini», «Bine el berah w ellioum», «Bnetellioumakalhom dar», «Consolation», «Ma guitare», plongeant le public dans un charmant et intimiste univers aux couleurs des années folles. La complicité est de mise entre la chef d'orchestre, la chorale et les instrumentistes. Citons : HaymanKammoun à l'accordéon, le jeune virtuose Haroun Karoui au piano, Mehdi Dhaoui aux percussions. Leur jeu est chaleureux et vibrant, délivrant de la bonne humeur et une belle énergie communicative. Des chansons qui libèrent le souffle, des rythmes enflammés, riches et colorés. On parvient à sentir ces paroles, en dialecte tunisien et en français porteuses de rêve, d'amour et de joie de vivre. Et c'est Amina Srarfi qui clôturé en beauté la soirée avec une belle interprétation d'une célèbre chanson de Nine Moati «L'orientale». Un beau spectacle en tout, longuement ovationné par le public !