Le théâtre national tunisien entame sa nouvelle saison culturelle et artistique en accueillant trois œuvres des centres des arts dramatiques et scéniques, et une cinéaste musicienne. Ce cycle inaugural s'ouvre d'abord avec «Al Kadimoun», mise en scène de Sami Nasri d'après «Diwan Zenj» de Ezzedine Madani, une création du Centre des arts dramatiques et scéniques du Kef a été présentée vendredi soir. «Al Kadimoun» est un retour aux sources, aux fondamentaux de l'action théâtrale et à l'Histoire contemporaine du théâtre tunisien. Cette pièce, écrite par Ezzedine Madani, a été mise en scène dans les années 70 par la Troupe régionale du théâtre du Kef. La remettre en scène et au goût du jour vient d'un réel désir de rendre hommage au fondateur de la troupe feu Moncef Souissi, celui qui a marqué de son action et de son engagement toute la scène artistique, et c'est aussi une célébration des 50 ans de théâtre de cette troupe ancestrale. La pièce se place au cœur de la révolte des esclaves pendant le règne des Abbassides. Elle traite de révolution, de changement politique et d'enjeux économiques, elle évoque la situation actuelle et des limites du présent et l'enseignement du passé. Cela nous permet de réfléchir le présent et aussi d'investir le passé, en questionnant les changements sociaux, les mécanismes du politique et les défis civilisationnels. Ce soir, le public découvrira la nouvelle création du Centre des arts dramatiques et scéniques de Kasserine «Contrebande», de Taïeb Mlaïki, dont l'histoire se déroule dans les années quatre-vingt-dix dans une usine désaffectée où un chef de bande gère d'une main de fer les activités de la contrebande avec la complicité de sa femme et de ses ouvriers. Mais les conflits entre les tenants de ce commerce font soudainement surface, alimentés par la cupidité des uns et la lâcheté des autres. Le dimanche, Aly Yahyaoui nous fera découvrir «Sables mouvants» du Centre des arts dramatiques et scéniques de Médenine. L'utilisation du sable n'est pas une coutume inédite dans la culture populaire arabe, puisque nos ancêtres ont toujours excellé dans le décryptage des traces et des empreintes dans le sable. Ils en ont même inventé un moyen pour prédire l'avenir. Ces coutumes qui se sont inscrites dans l'héritage culturel et métaphysique ne sont pas parvenues à avoir un impact au niveau artistique jusqu'à l'apparition des premiers essais mondiaux de dessin sur sable. La technique du dessin sur sable est un dessin figé sur un support définie, mais c'est un dessin qui naît et disparaît en même temps pour raconter et faire voyager le spectateur vers les mondes imaginaires, magiques et captivants. C'est aussi un écran… Côté cinéma, le Théâtre national tunisien accueille deux films de Leïla Albayaty qui seront présentés, pour la première fois en Tunisie, et ce, en sa présence : «Vu» une fiction de 25' et «Berlin Telegram» de 75' réalisée en 2012. Chanteuse, compositrice, actrice et réalisatrice, Leïla Albayaty est une artiste franco-iraquienne, qui vit entre Bruxelles, Berlin, le Caire et Tunis. Elle a réalisé son premier court métrage «Vu», qui a reçu une mention spéciale du jury à la Berlinale en 2009. Elle est passée par la suite à la réalisation de son premier long métrage, Berlin Telegram, première mondiale à Indielisboa, première arabe au Festival de Dubaï, puis a voyagé dans une vingtaine de festivals : Mar del Plata, Cinémania... Il a reçu le Prix TV5 du meilleur film francophone à Genève «Tous écrans» ainsi que celui de la meilleure cinématographie à Achtung Berlin. Il a été acheté par TV5 Monde. Son dernier film «Face B» (2015), un documentaire-fiction de 40', a connu sa première mondiale à la Berlinale 2015. Depuis, elle travaille sur son deuxième long métrage, «Folana» qui décrit une rencontre entre les cultures occidentale et arabe à travers l'histoire d'une famille franco-irakienne. Elle a parallèlement enregistré deux albums, «Dans le Soleil» et «Berlin Telegram».