Répliquant au refus du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique d'appliquer un accord conclu en juin dernier, le mouvement syndical indépendant Ijaba entamera une série de mouvements de contestation. Remake de l'année dernière, et c'est toujours l'étudiant qui est pris entre deux feux. A l'instar de l'année dernière qui s'est terminée en queue de poisson sur fond d'une série de grèves et de menaces d'une année blanche évitée de justesse suite à un accord conclu entre l'Union des enseignants universitaires chercheurs tunisiens (Ijaba) et le ministère de l'Enseignent supérieur et de la Recherche scientifique, l'année universitaire en cours s'annonce bien difficile pour les étudiants et le même scénario cauchemardesque des cours interrompus et des notes retenues risque de se reproduire au grand dam des étudiants des institutions universitaires publiques. Un accord et puis plus rien ? En juin dernier, les tractations de dernière minute ont été très difficiles entre le ministère de tutelle et Ijaba mais elles ont finalement abouti à un accord qui a mis fin à une grève administrative menée depuis le début de l'année universitaire 2017/2018. On a cru que tout était rentré dans l'ordre et que l'année en cours s'annonce sous les meilleurs auspices. Les accords conclus entre les deux parties allaient permettre l'augmentation de 0.75% du budget de l'Etat alloué au ministère de l'Enseignement supérieur, ce qui donne environ 270 millions de dinars. Le coordinateur général de Ijaba, Zied Ben Amor, avait qualifié d'excellente cette augmentation qui allait être étalée sur trois ans et consacrée au domaine de la recherche scientifique, l'amélioration de la situation financière des enseignants-chercheurs après révision de leur statut. Il a été conclu aussi l'ouverture de concours pour le recrutement des docteurs après un gel de trois ans et qui était censé se poursuivre jusqu'à 2021. Outre ces mesures, il y a eu accord sur la participation de la partie syndicale Ijaba aux travaux des commissions de réforme du statut des enseignants universitaires chercheurs. Zied Ben Amor nous a souligné après l'accord que la partie syndicale a pris en considération les intérêts des étudiants et a fait des concessions après une réunion qui a duré du matin jusqu'à la rupture du jeûne. Qu'est-ce qui s'est passé en quelques mois pour que la relation s'envenime à nouveau ? Contacté à ce sujet par le journal La Presse, Zied Ben Amor a été bien clair et a expliqué que le ministère de tutelle n'a pas respecté l'accord conclu le 7 juin 2018 entre les deux parties, stipulant l'augmentation de 0,75% de son budget. Pire, ce budget a été revu à la baisse pour l'année 2019 et il est passé de 4,28% à 4,12%, nous déclare-t-il. Le ministère refuse d'organiser des concours pour recruter des doctorants et tente de faire passer d'une manière unilatérale un projet, qu'il a qualifié de « très dangereux », de statut des enseignants universitaires. Mouvements de contestation à partir du 7 novembre Le coordinateur général de Ijaba, Zied Ben Amor, a précisé qu'une série de mouvements sera organisée en guise de protestations et de dénonciations suite au refus du ministère de tutelle d'appliquer l'accord conclu en juin dernier sous l'égide du chef du gouvernement avec Ijaba, dont le port de brassard rouge dans tous les centres de recherches et les universités à partir du 7 novembre, l'entame d'une grève tournante de trois jours les 19, 21, et 23 novembre, et les 27, 29 novembre et 1er décembre 2018. Ces mouvements seront accompagnés par une première phase d'une grève administrative qui privera les étudiants des notes de devoir et des TP. Ijaba est prête à renoncer à ces mouvements si le ministère de tutelle met en application l'accord conclu en juin dernier, a confirmé Zied Ben Amor qui espère que tous les chercheurs et universitaires suivront ces mouvements contestataires.