On dit, toujours, que le ridicule ne tue pas... Toutefois, il fait perdre la face et vous met dans une position vraiment peu enviable, surtout lorsqu'on est professeur universitaire et, en plus, chercheur, ou responsable politique qui a la destinée du pays entre les mains. Pour notre bonheur, cette fois-ci, le résultat est la disparition du spectre de l'année blanche dans l'enseignement supérieur. Grèves et mouvements de protestations dans tous les secteurs d'activité, dans le pays, nous ont prouvé que responsables politiques, décideurs économiques, syndicats et, même, simples citoyens font peu de cas de l'intérêt public et n'essaient pas d'épargner au pays plus de malheurs qu'il ne peut endurer, comme c'est le cas, aujourd'hui, dans l'enseignement universitaire. Personne ne peut comprendre pourquoi le département de tutelle et les professeurs universitaires n'ont pas trouvé, depuis début janvier, les moyens d'établir un accord, comme ils l'ont fait, jeudi. Pourtant, cela semblait si simple et dans la logique des choses de satisfaire pareilles revendications. Entamée le 2 janvier 2018, la grève des enseignants universitaires et chercheurs a été levée, jeudi, selon le coordinateur général adjoint de l'Union des Enseignants Universitaires et Chercheurs Tunisiens (IJABA), Zied Ben Amar. "Un accord a été trouvé entre l'Union et le ministère de l'Enseignement supérieur à l'issue d'une séance de négociation tenue au siège du département", a précisé Ben Amor. En vertu de cet accord, le ministère s'engagera à augmenter de 0.75% le budget alloué au département de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique sur trois ans. Ces fonds supplémentaires seront consacrés à la recherche scientifique, la révision du statut des enseignants universitaires et à l'amélioration des conditions de travail, apprend-on de même source. L'accord prévoit également l'ouverture en 2019, des concours pour les titulaires de doctorat sans emploi, outre l'association de l'Union des enseignants dans tout processus de réforme dont celle qui concerne le statut des enseignants universitaires. "Ce statut sera fin prêt à la mi-octobre 2018 et sera adopté avant la fin de la même année", a assuré Zied Ben Amar. Mais, comme la bêtise humaine n'a pas de limite, voilà que l'intervention de la Fédération générale du secteur montre que le problème pour les syndicats, c'est d'obtenir de l'argent et des augmentations salariales. La Fédération générale de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique relevant de l'union générale tunisienne du travail (UGTT) a qualifié d'"illégal" et de "mascarade" l'accord conclu, jeudi, entre le ministère de l'enseignement supérieur et l'union des enseignants universitaires et chercheurs tunisien (IJABA). Cet accord n'apporte aucun avantage aux enseignants universitaires, contrairement à celui de mars 2018 qui prévoit le versement, à partir de septembre 2018, d'une prime au titre de la rentrée universitaire dont la valeur équivaut la moitié du salaire d'un enseignant, a déclaré, vendredi, à la TAP, Hassine Boujarra, secrétaire général de la Fédération générale de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique. Boujarra a évoqué aussi les primes d'encouragement à la recherche scientifique et universitaire, estimés à 1600 dinars pour chaque travail scientifique (article, invention, livre). L'accord de mars 2018 prévoit, aussi, a-t-il dit, l'octroi, à partir de septembre prochain, de primes de coordination pédagogique et des bourses au profit des enfants des universitaires, outre la contribution du ministère à hauteur de 46% au financement de la mutuelle qui sera créée par la fédération. Il a énuméré les actions de militantisme menées par la fédération sans nuire ni à l'intérêt des étudiants ni au déroulement de l'année universitaire, à l'exception de trois jours de grève (le 7 décembre 2017 et les 20 et 21 février 2018). IJABA n'a apporté aucun acquis financier, notamment dans l'accord de jeudi et n'a pas pris en considération l'intérêt des étudiants, a-t-il dit. La fédération générale envisage d'entamer, prochainement, des négociations sociales sur l'augmentation des salaires des universitaires, a-t-il ajouté. La fédération est la partie la plus représentative des universitaires, a-t-il affirmé, précisant qu'elle compte près de 7000 adhérents, alors que ce " syndicat parallèle " ne compte que 1600 adhérents. Le ministère peut conclure des accords avec n'importe quel syndicat, mais il est appelé à appliquer la loi, a-t-il insisté. Heureusement qu'il y a, quand même, un bon résultat, puisque les étudiants peuvent, maintenant, préparer comme il se doit leurs examens, avec dans l'esprit l'idée que cette année ne sera ni blanche... ni sombre.