• 9.9 millions d'abonnés chez les opérateurs de la téléphonie mobile et 3.6 millions d'internautes • Un guide d'investissement en e-commerce et une pépinière dédiée à ces activités sont à la disposition des jeunes promoteurs Le dynamisme des jeunes et l'expertise des conférenciers chevronnés ont meublé la conférence organisée récemment par la Jeune chambre internationale d'Ezzahra (JCI), sur le thème «Horizons du commerce électronique en Tunisie et au Grand Maghreb». Le coorganisateur de la manifestation, M. Adel Ben Amor, nous a déclaré que c'est une occasion de se pencher sur les aspects techniques, juridiques, financiers et socioculturels du commerce en ligne dans l'objectif d'analyser les catalyseurs et les entraves à son développement dans le contexte national et régional. Les indicateurs relatifs au secteur des TIC en général et du commerce électronique en particulier témoignent d'un véritable essor de ces activités à forte teneur en technologie. En effet, le secteur des TIC a enregistré une nette évolution estimée à 16% en 2009. Le marché national a contribué largement à cette évolution et continue de présenter de belles perspectives, notamment pour l'activité du commerce électronique. En effet, l'assise technologique adéquate, dont disposent les consommateurs, peut générer plusieurs canaux de communication et de commercialisation. On dénombre déjà 9.9 millions d'abonnés chez les opérateurs de la téléphonie mobile et 3.6 millions d'utilisateurs Internet. Du côté des fournisseurs, l'offre sur le Net est de plus en plus dynamique. Cette année, on compte 10 544 interfaces électroniques, soit une hausse remarquable de 56.2% par rapport à l'année 2009. Il convient de rappeler que les grandes surfaces disposent de sites web marchands et que plusieurs opérateurs spécialisés dans la vente via Internet sont déjà présents sur le marché. Malgré l'adoption d'un mode de paiement unique et non bancaire, à savoir le e-dinar, la vente en ligne n'a cessé d'évoluer. Cette année, les clients ont eu recours à leurs cartes e-dinar pour 115.838 opérations de paiement. Ce n'est qu'un début. En dépit de la situation actuelle du marché, qui demeure en deçà des attentes de toutes les parties prenantes, consommateurs, fournisseurs et Etat, les professionnels misent sur une accélération du rythme des ventes en ligne. Une approche basée sur le développement de l'infrastructure technologique et l'encadrement Convaincue des potentialités du développement de ce mode de commerce à distance et ses apports en matière de compétitivité des entreprises et de création d'emplois, la Tunisie s'est investie massivement pour promouvoir une infrastructure technologique à la fois moderne et accessible à tous. Il est à rappeler dans ce cadre que le Conseil ministériel du 26 mai 2010 a arrêté, entre autres mesures, la baisse des tarifs de connexion à Internet et l'augmentation du débit pour atteindre 40 G bits/s à la fin de 2010. Pour dynamiser le secteur, il a été procédé à la création de plusieurs institutions spécialisées dans la sécurité et l'archivage des opérations électroniques. On cite, à titre indicatif, l'Agence nationale de la certification électronique (Anci) et l'Agence nationale de la sécurité informatique (Ansi). Désormais, les professionnels du e-commerce disposent d'une plus grande panoplie de prestations de services. Les agences et les associations travaillant dans le secteur, ainsi que les entreprises œuvrant pour le développement de leur dimension virtuelle, s'appliquent au développement d'une plateforme propice à l'exercice du commerce électronique. «Le processus de la commercialisation électronique débute par la création d'un site web et continue jusqu'à la vente et la fidélisation via Internet», a rappelé M. Khabbab Hadhri, responsable du commerce électronique au ministère du Commerce et de l'Artisanat. L'approche tunisienne en matière de promotion du e-commerce commence par la sensibilisation des opérateurs économiques aux avantages des B2B (business to business) et B2C (business to customer). On apprend par ailleurs que des conférences et des workshops sont fréquemment organisés au profit de tous les secteurs d'activité et dans toutes les régions. En passant à l'action, les professionnels seront encouragés et encadrés par les services du ministère du Commerce et de l'Artisanat et les autres institutions compétentes. Le suivi porte sur toutes les étapes nécessaires pour la mise en place d'un site marchand opérationnel et efficace. Pour valoriser le potentiel des jeunes diplômés et pour les aider à monter leurs propres projets, le ministère du Commerce et de l'Artisanat a mis à leur disposition une pépinière dédiée aux activités des services électroniques, ainsi qu'un guide pour les promoteurs en e-commerce. Une réglementation insuffisante Le législateur tunisien a légiféré de façon proactive l'activité du commerce électronique. D'ailleurs, la loi 83-2000 a été promulguée à cet effet. D'après ladite loi, toutes les conditions nécessaires et les dispositions qui régissent le contrat écrit «classique» relevant d'une transaction commerciale ordinaire sont applicables et exigibles pour le contrat qui découle d'une transaction électronique. Mieux encore, le législateur a considéré comme délit toutes les manœuvres commerciales frauduleuses via Internet, et elles sont passibles d'une amende, allant de mille à vingt mille dinars. Toutefois, cette loi mérite des améliorations pour mieux coller à la réalité. D'ores et déjà, la mise en œuvre de cette loi a montré plusieurs insuffisances et inadéquations. A cet égard, l'exigence de la nationalité tunisienne pour les deux parties contractantes, à savoir le vendeur et l'acheteur, ne peut que limiter le développement du e-commerce, notamment pour les échanges avec l'extérieur.