Olivier Bringer est expert auprès de l'Union européenne en matière d'«internet pour la génération à venir», une notion qui donne beaucoup d'espoir à ceux qui croient à un avenir plus humain de la Toile. Nous l'avons rencontré au Forum sur la gouvernance de l'internet Qu'est-ce que «l'internet pour la génération à venir» ? C'est un outil que nous voulons décentralisé, résilient, inclusif, favorisant la transparence et support de toutes les innovations et milieu où évoluent les start les plus créatives. Dans les années à venir, Internet va contribuer à une plus grande digitalisation de l'économie et de la société. Il sera encore plus fondamental dans notre quotidien et à travers les services qu'il nous offrira. Il ne faut pas l'oublier : Internet n'est encore qu'a ses débuts. C'est pour cela que nous avons besoin de rassembler toute une communauté, des experts et des gens de la société civile, pour nous aider à réfléchir sur l'Internet de demain et à développer de nouvelles solutions. Nous offrons des sommes de 50 mille euros à des entreprises qui veulent faire de la recherche en matière des technologies du Net, dont les stratégies de sécurisation de la Toile par exemple et de contrôle des données. Nous sommes en 2018, dans trois ans, Internet ressemblera à autre chose. Les évolutions sont très rapides dans ce domaine. Pensez-vous que l'avenir de l'internet sera meilleur que son présent fait de cybercriminalité, de fakes news et de désinformation ? C'est vraiment l'objectif de notre initiative : construire un Internet qui soit centré sur les êtres humains, leur sécurité et leurs besoins. Un Internet résolvant les problèmes liés au pouvoir que détiennent certaines plateformes qui peuvent dicter la manière dont les gens et les entreprises accèdent à la Toile. On veut que les fournisseurs de service sur le Net se comportent avec le souci de l'utilisateur et de l'écosystème en général. Pourrait-on un jour trouver une solution technique pour en finir avec les fake news ? Il y a plusieurs pistes à ce sujet sur lesquelles nous sommes en train de travailler. J'en retiendrai deux. La première c'est une solution d'autoréglementation. On a mis le printemps dernier autour d'une table les différents acteurs, les intervenants des médias sociaux, les publicitaires en ligne… pour essayer de trouver des solutions ensemble et dire voilà la stratégie pour éviter la propagation des informations fausses et pour bloquer certains comptes. La seconde est d'ordre technologique. Blockchain permet en effet de tracer les transactions et d'identifier une chaîne de propagation de l'information. On sera capable à l'avenir de repérer la ou les personnes à l'origine de l'information : un journaliste ou un activiste proche d'un centre d'influence. L'intelligence artificielle permettra aussi de recouper et de retrouver une information transformée. Mais je ne crois pas que la solution soit uniquement technique, il faudrait également travailler sur l'humain et notamment éduquer les gens aux médias.