Avec la loi Start-Up Act, la Tunisie a franchi un grand pas dans la mise en place d'un nouveau système d'innovation des startup. Toutefois, les startupeurs doivent s'affranchir du système bancaire classique qui boude leur financement. Dans une atmosphère futuriste, moderne et multilingue, l'Association tunisienne des investisseurs en capital (Atic) a tenu, hier à Tunis, sa troisième conférence annuelle sous le thème « Le capital investissement et le financement de l'innovation », en présence du ministre de l'Investissement et de la Coopération internationale, Zied Laâdhari, du gouverneur de la Banque centrale, Marouen Abassi ainsi que d'éminentes figures du monde de la finance et des TIC. Des experts internationaux ont débattu, lors de la conférence, d'une manière interactive avec les participants, des sujets d'actualité relatifs au financement de l'innovation et à l'économie numérique. Les gages de réussite de l'écosystème des startup Dans une déclaration à La Presse, Laâdhari a affirmé que la réussite et le développement de l'innovation en Tunisie est tributaire de trois principales composantes : une législation adaptée au nouveau système, un cadre institutionnel avec des structures d'appui aux porteurs de projets et un système de financement adéquat. À cet égard, le ministre de l'Investissement et de la Coopération internationale a expliqué que le système bancaire actuel dispose d'une faible capacité de financement des projets innovants, étant donné son aversion pour les risques élevés inhérents au montage des projets dont les idées sont innovatrices. En effet, la mise en place d'un fonds des fonds, qui a été entérinée dans le cadre de la loi Start-up Act, permettra aux startup de s'affranchir du financement bancaire classique. Laâdhari a affirmé que les négociations engagées jusque-là avec les bailleurs de fonds, qui ont, de surcroît, affiché leur enthousiasme, ont abouti à un capital initial aux alentours de 200 millions de dinars, pour le fonds de roulement qui sera mis en place au milieu de l'année prochaine. Au sujet de la réforme du cadre réglementaire régissant l'entrepreneuriat, Laâdhari a affirmé que le gouvernement s'est attelé à accélérer l'élaboration de cinq principaux projets, à savoir les textes d'application relatifs à la loi Start-up Act, le projet du code du capital investissement déposé récemment à l'ARP, la réforme du code des sociétés de financement, un cadre juridique pour l'auto-entrepreneur et une loi relative à l'Economie sociale et solidaire. Le président de l'Atic a souligné que la tenue de cette conférence annuelle était une occasion pour vulgariser la loi Start-up Act auprès des représentants du capital investissement et de discuter de leur rôle dans ce nouveau système d'innovation. « Nous avons invité BpiFrance, partenaire de la Tunisie dans la levée de fonds pour le fonds des fonds. Nous dressons également un état des lieux des avancements réalisés en matière de législations, pour en débattre et déduire les recommandations nécessaires», conclut-il. Plusieurs projets au sein de la BCT Dans une interview particulière de type « Keynote » caractérisée par un échange interactif entre deux interlocuteurs, le gouverneur de la BCT, M. Marouane Abassi, a répondu à plusieurs questions qui ont été posées par M. Ziad Oueslati, cofondateur du Groupe AfricInvest, une société de services financiers et d'investissements. Trois principaux thèmes ont été discutés : l'infrastructure du système financier en Tunisie, le financement de l'innovation et la très controversée règle de change et les possibilités d'investir à l'étranger. Au sujet de l'infrastructure financière, le gouverneur de la Banque centrale, a affirmé que la Banque a entamé, il y a deux ans, plusieurs chantiers, dont l'objectif est de faire évoluer le financement des startup. Il a souligné que la Bct a commencé, avec des ingénieurs informaticiens de la Banque et d'autres sociétés de services TIC, le projet du Blockchain (une technologie de stockage et de gestion de l'information sans organe tiers, c'est-à-dire, pear-to-pear, en français pair à pair). Il a également évoqué l'élaboration de nouvelles circulaires relatives au payement mobile et la loi Start-Up Act, outre un cadre réglementaire fixant le domaine d'activité des Fintech (des startup de la finance qui proposent des services bancaires). Il a également évoqué le projet de développement des systèmes de sécurité Sandbox. Quant à la question de l'avenir de l'innovation en Tunisie, un changement des mentalités, que ce soit au niveau de l'administration ou au niveau du secteur privé, s'impose, pour faire de l'innovation une priorité dans le développement économique. Grâce à une diaspora particulière ainsi qu'une infrastructure technologique développée, la Tunisie a désormais tout le potentiel pour miser sur l'innovation comme vecteur de croissance et de développement, a-t-il soutenu.