Les enseignants du secondaire ont répondu, hier, à l'appel de leur syndicat général et ont boycotté massivement les examens du premier trimestre de l'année scolaire en cours Le ministère de l'Education n'a pas fermé la porte au dialogue Hier, tout au long de la matinée, les Tunisiens ont été édifiés, via les talk-shows radio, sur l'ampleur de la crise qui oppose le ministère de l'Education au Syndicat général de l'enseignement secondaire relevant de l'Ugtt, à la faveur de la décision de Lassaâd Yacoubi et de ses lieutenants de boycotter les examens de la semaine bloquée du premier trimestre de l'année scolaire en cours. On a ainsi assisté, via les radios publiques et privées, à un véritable ballet assuré aussi bien par les membres du syndicat général que par les responsables du ministère qui se sont évertués, chacun de son côté, à démontrer que le boycott est légitime ou que la menace de Hatem Ben Salem, ministre de l'Education, d'appliquer la loi à l'encontre des enseignants grévistes est légale, tout en oubliant, tous les deux, que les parents et les élèves ont le droit de faire entendre leur voix sur cette question qui n'est plus une affaire opposant Bab Bnat à la rue d'Oran mais qui est devenue plutôt un dossier national. Et samedi dernier, la coordination «Parents en colère» a fait savoir son opposition «à la perturbation du déroulement normal des cours qui se répète chaque année». La coordination insiste sur la nécessité pour les élèves de passer les examens dans les délais impartis et a annoncé un mouvement de mobilisation pour hier, lundi 3 décembre, dans l'objectif de faire en sorte que les examens se déroulent effectivement, contrairement à ce que les syndicalistes ont prévu pour la même journée, c'est-à-dire le déroulement des cours comme si les examens n'étaient pas programmés. Et comme prévu, on a assisté à une guerre déclarée de chiffres et de taux entre le ministère et le syndicat général. Du côté de Lassaâd Yacoubi, on assure que le taux de participation à la grève-boycott des examens a avoisiné les 95%, alors que plusieurs commissaires régionaux à l'éducation ont répercuté des taux totalement contraires aux données livrées par les syndicalistes, allant jusqu'à avancer que dans le gouvernorat de Sousse, à titre d'exemple, «seuls quatre établissements ont répondu positivement à l'appel du boycott et que dans 16 autres établissements, le taux de réalisation des examens était à 100%». Par ailleurs, et comme programmé, un grand nombre de parents ont exprimé leur colère devant les établissements scolaires, faisant part de leur opposition de voir leurs enfants impliqués dans une affaire qui ne les concerne pas et «être pris en otage par les syndicalistes». Deux mille milliards pour la retraite anticipée Les élèves eux-mêmes ne se sont pas empêchés de participer à la messe en répondant à certaines radios qui ont sollicité leurs opinions. Plusieurs n'ont pas manqué de faire part de leur désarroi, refusant d'être mêlés aussi bien par les responsables du ministère que par les enseignants syndicalistes à une crise qui n'est pas la leur ou être considérés comme des protagonistes ayant à s'aligner sur la position de l'une des parties en conflit. Et ce sont ces deux parties en conflit qui ont le devoir absolu d'éclairer l'opinion publique sur les points de discorde qui les opposent. Le ministère a-t-il réellement rejeté les revendications des enseignants comme la baisse de l'âge de départ à la retraite, l'augmentation des primes et l'amélioration de la situation des établissements éducatifs ? Le ministre de l'Education, Hatem Ben Salem, se contente de souligner que «la multiplication par deux de la prime spécifique de 240 dinars par mois accordée aux enseignants (soit une enveloppe de 85MD) n'est pas du ressort du ministère», ajoutant que le ministère des Finances a rejeté la demande de la voir doubler alors que la retraite anticipée des enseignants coûtera à la Cnrps une enveloppe de deux mille millions de dinars. En tout état de cause, le ministre a réaffirmé devant l'ARP, à l'occasion de l'examen du budget du département de l'Education, qu'il est toujours ouvert au dialogue. Il est à signaler qu'une rencontre de négociations était prévue, hier, entre le syndicat et les représentants du ministère.