Les lycéens et les parents dans les différents gouvernorats ont organisé hier des marches pour protester contre la décision des enseignants qui est de nature à faire d'eux des otages. Une décision, en fait, mal accueillie par l'opinion publique et qui s'assimile plutôt au chantage Des élèves de collèges et lycées de Tunis ont organisé, hier, une marche qui a parcouru les rues et les avenues de la capitale pour dénoncer la décision des enseignants de boycotter la semaine bloquée. Les protestataires, notamment des lycées pilote Bourguiba, de la rue de Marseille, de la rue du Pacha et Sadiki se sont, ensuite, rassemblés à la place Mohamed-Ali devant le siège de l'Union générale tunisienne du travail (Ugtt). Les élèves, en colère, ont crié «Dégage» à l'encontre du syndicat de l'enseignement secondaire et scandé des slogans dans lesquels ils ont dénoncé la décision de boycott de la semaine bloquée ainsi que les tiraillements entre le ministère de l'Education et le syndicat, estimant que l'élève demeure le seul perdant. Des élèves ont déclaré à la TAP qu'ils ont décidé, à leur tour, de boycotter les cours en signe de protestation contre la décision des enseignants de faire la grève des devoirs de synthèse, faisant savoir qu'ils ont lancé, à travers les réseaux sociaux, des appels pour le boycott des cours à partir d'hier, lundi. Amel, enseignante au lycée pilote Bourguiba, a indiqué que les cours se déroulent normalement et que la majorité des enseignants ont rejoint les salles de classe. Par contre, a-t-elle ajouté, la majorité des élèves se sont rassemblés dans la cour du lycée. Elle a ajouté que les enseignants n'ont fait que respecter la décision du syndicat et que les élèves sont appelés à assister aux cours pour mieux assimiler certaines leçons et bien se préparer aux examens. De son côté, Hatem Cherif, parent d'élève, a appelé les enseignants à faire prévaloir l'intérêt des élèves, loin des calculs syndicaux étroits. Il convient de souligner que les élèves de plusieurs collèges et lycées tels que les lycées d'Ennasr, Menzah 6, La Marsa et Tunis n'ont pas rejoint leurs établissements pour dénoncer la décision du syndicat des enseignants de boycotter la semaine bloquée. Marche à Sfax A Sfax, une marche de protestation a été organisée par les élèves qui n'ont pas passé les examens de la semaine bloquée dans les rues mitoyennes au collège Habib-Bourguiba et au lycée Habib-Maazoun, et au cours de laquelle ils ont brandi des banderoles appelant à prendre en considération l'intérêt des élèves. D'autre part, les collèges et lycées de Sfax ont connu, hier, une affluence relative des élèves qui ont exprimé leur colère et leur désappointement, malgré la décision du syndicat général de l'enseignement secondaire de poursuivre normalement les cours, tout en boycottant les examens de la semaine ouverte pour le second trimestre. Le commissaire régional à l'éducation de Sfax 2, Lazhar Tounsi, a indiqué à la correspondante de l'agence TAP dans la région qu'une «ambiance tendue a régné dans certains établissements éducatifs de sa circonscription, et que des parents et des élèves ont fait part de leur colère et leur mécontentement face à cette situation, surtout qu'elle a des retombées sur le reste de l'année scolaire». De son côté, le secrétaire général du syndicat de base de l'enseignement secondaire de Sfax, Ameur Al Manja, a souligné que «les professeurs se sont rendus à leurs postes de travail pour assurer les cours normalement», ajoutant que «l'affluence des élèves dans les salles de classe s'est améliorée sensiblement, par rapport aux premières heures de la matinée». Le Kef : colère des élèves et des parents Au Kef, des groupes d'élèves de différents lycées et collèges ont organisé, hier, des marches de protestation contre la grève des enseignants, a constaté le correspondant de l'agence TAP dans la région. Ce mouvement de grève est une violation du droit des élèves de passer les examens selon un calendrier préfixé, ont estimé les protestataires. Des parents d'élèves ont fait part de leur colère contre la décision de grève et ont revendiqué des solutions urgentes pour reprendre les cours et faire passer aux élèves les examens. Des enseignants en grève ont confié au correspondant de l'agence TAP dans la région leur volonté de faire passer aux élèves les examens à condition de répondre favorablement à leurs revendications et mettre en application les accords conclus entre le syndicat et le ministère de tutelle. Suite à la grève des enseignants, plusieurs collégiens et lycéens ont choisi de quitter leur établissement scolaire et boycotter les cours, a constaté le correspondant de l'agence TAP dans la région. Kébili : protestations contre le report des examens A Kébili, un groupe d'élèves de plusieurs lycées dans le gouvernorat ont organisé hier matin des marches de protestation contre le report des examens de la semaine bloquée. Les protestataires ont parcouru les artères principales de la ville avant de s'arrêter devant le siège de la direction régionale de l'enseignement, a constaté le correspondant de l'agence TAP dans la région. Ce mouvement intervient pour exprimer le refus des élèves d'être victimes du conflit entre le syndicat et le ministère de tutelle. Les protestataires ont appelé les deux parties à faire prévaloir l'intérêt des élèves et à assurer le déroulement des examens. Des parents d'élèves ont fait part de leur colère contre la grève des enseignants, soulignant qu'une telle situation ne fait que mettre en péril le secteur de l'éducation et l'intérêt de l'élève. Certains parents continuent à rembourser jusqu'à présent les frais des fournitures scolaires de leurs enfants pour assurer leur éducation, ont déploré des protestataires. Pour sa part, le secrétaire général du syndicat de l'enseignement de base, Mohamed Laâroussi, a affirmé dans une déclaration au correspondant de l'agence TAP dans la région que les enseignants assurent les cours comme convenu dans l'attente de trouver une solution entre la partie syndicale et le ministère de tutelle. Le directeur d'un collège dément A l'Ariana, le directeur du collège de Menzah VI, Khmaies Ksouri, a démenti, dans une déclaration à la correspondante de l'agence TAP dans la région, les allégations selon lesquelles il avait renvoyé les élèves, hier, premier jour des examens de la semaine bloquée. «J'ai appliqué ce qui a été mentionné dans la circulaire ministérielle concernant le contrôle des examens mais les enseignants ont refusé de faire passer les examens aux élèves provoquant ainsi un état de désordre dans les rangs des élèves qui ont choisi de quitter l'établissement», a expliqué la même source. Le secrétaire général du Syndicat de base de l'enseignement secondaire à l'Ariana, Adel Zouari, avait accusé le directeur du collège Menzah VI d'entraver le déroulement des cours et de renvoyer les élèves, hier matin, de leur établissement. Il a appelé le commissariat régional de l'éducation à l'Ariana à prendre les mesures nécessaires à l'encontre du comportement illégal du directeur du collège. Les enseignants avaient assuré les cours dans les 14 établissements éducatifs (collèges et lycées) à l'Ariana ville ainsi que les collèges et lycées à La Soukra, Sidi Thabet, Kalaât Landalous, Ettadhamen et El Mnihla, a précisé le syndicaliste. Les lycées Hannibal, Attaarine et Kheireddine, à l'Ariana, ont enregistré hier, une perturbation au premier jour des examens de la semaine bloquée et la plupart des élèves ont préféré quitter leur établissement scolaire après le refus des enseignants d'assurer le déroulement des examens, a constaté la correspondante de l'agence TAP dans la région. Tozeur : semaine bloquée dans les lycées privés A Tozeur, les examens de la semaine bloquée pour le second trimestre n'ont pas eu lieu, hier, dans tous les collèges et lycées secondaires à Tozeur. «Les examens ont été effectués, de manière ordinaire, uniquement dans les établissements de l'enseignement privé», a affirmé le commissaire régional de l'éducation, Ibrahim Hedfi. De son côté, le secrétaire général du Syndicat régional de l'enseignement secondaire, Ibrahim Lahmir, a affirmé que la tenue des examens de la semaine bloquée demeure tributaire des négociations entre le syndicat général de l'enseignement secondaire et le ministère de tutelle. Plusieurs collégiens et lycéens ont exprimé leur colère suite à la décision des enseignants de boycotter les examens de la semaine bloquée et affirmé qu'ils contesteraient l'idée de tenir les examens pendant les vacances de mars ou de reporter ces vacances. Démenti du ministère Par ailleurs, le ministre de l'Education, Néji Jalloul, a démenti, dimanche, dans une déclaration à la TAP, toute pression provenant de son département pour la fermeture hier, lundi 2 mars, des établissements éducatifs où les examens ne seront pas assurés. Le communiqué rendu public, dimanche, par le syndicat de l'enseignement secondaire est qualifié par Néji Jalloul de « mensonger, irresponsable et s'inscrivant dans la désinformation ». « Ceux qui veulent assurer le déroulement des examens, qu'ils le fassent, ceux qui ne veulent pas le faire sont libres de leur choix. Dans tous les cas, nous n'appellerons pas à la fermeture des établissements éducatifs », a-t-il indiqué. Selon le syndicat, le ministère de l'Education tente de faire échouer la décision de la commission administrative sectorielle de l'enseignement secondaire de suspendre les examens de la semaine bloquée. Le ministère veut obliger les directeurs des établissements scolaires, à travers les commissaires régionaux de l'éducation, à assurer les examens ou, sinon, à faire évacuer l'établissement, affirme le syndicat dans son communiqué. Ce qui équivaut à la fermeture de celui-ci, ajoute-t-il. Poursuite des négociations De son côté, le directeur général du deuxième cycle de l'enseignement de base et du secondaire au ministère de l'Education, Mondher Dhouib, a affirmé, hier, que les négociations se poursuivent au niveau du gouvernement en vue de parvenir à une solution à même de convaincre la partie syndicale de retourner à la table des négociations. Joint au téléphone par la TAP, Dhouib a indiqué que le ministère de l'Education continue d'examiner avec la présidence du gouvernement et le ministère des Finances les questions restées en suspens lors des négociations avec le syndicat et qui sont, notamment, d'ordre financier. Il a ajouté que les efforts se poursuivent pour tenter de rattraper les examens de la semaine bloquée dont le démarrage était prévu pour hier, lundi. Dhouib a, par ailleurs, mis l'accent sur l'importance de ces examens pour les élèves, les parents et les enseignants dans la mesure où ils permettent de juger le degré d'assimilation de l'élève. La commission administrative du secteur de l'enseignement secondaire, relevant de l'Union générale tunisienne du travail (Ugtt), avait décidé, dimanche 22 février, de boycotter la semaine bloquée.