Le blocage persiste entre les parents et les enseignants Le boycott des examens initié par la Fédération générale de l'enseignement secondaire (fges) n'a pas tardé à faire réagir les parents d'élèves mécontents de la tournure des événements sur fond de sinistrose. Lundi dernier, de nombreux parents se sont rendus devant les collèges et lycées à l'appel du Mouvement des « parents en colère » pour signifier leur ras-le-bol. Celui de voir leurs enfants pris en otage par les enseignants et leur syndicat pour des considérations qui les dépassent. Le bas de fer se poursuit donc entre les syndicalistes de l'enseignement qui défendent le corps éducatif et les parents tiraillés pour la cause de leurs enfants pris en étau dans une querelle sans fin. Spectre d'une année blanche… On les a vu s'attrouper dehors, par un rude froid d'hiver, devant les établissements scolaires crier haut et fort leur colère grandissante d'une année scolaire à l'autre. Le témoignage de K. B., la quarantaine et père de deux collégiens et une lycéenne, suffit à lui seul à décrire l'ampleur du désastre qui ravage l'enseignement dans nos murs depuis l'avènement de la révolution du 14 janvier 2011. Il raconte perplexe et incompréhensiblement son désarroi de parent d'élève: « Je ne les ai pas envoyés aller à l'école faute d'examens. Chaque année le même scénario se répète. Vont-ils aller jusqu'à décréter une année blanche et faire passer les élèves de classe sans examens ? Le niveau de l'éducation va-t-il descendre aussi bas ?», s'interroge, inquiet, notre interlocuteur. C'est une chose qu'il n'ose imaginer et qu'il ne souhaite vraiment pas voir se produire pour ses enfants. Le chantage avec les élèves est inadmissible et constitue une ligne rouge qu'il est interdit de franchir. Il s'inquiète pour l'avenir de ses trois enfants en faisant part de sa stupéfaction : «Quand vont-ils leur faire passer les examens, serait-ce durant les prochaines vacances d'hiver ?» La semaine bloquée qui n'a pas eu lieu pour de nombreux élèves illustre l'impasse dans laquelle se trouve actuellement le dialogue entre le syndicat et le ministère. Il s'avère qu'il y a des lycées où les examens se sont déroulés et d'autres non. Soit un établissement sur deux. Il termine, songeur et rempli d'amertume: « Chaque année, nous nous rendons au Bardo devant le parlement pour scander la révolte sans résultat. La politique ne doit pas se mêler de l'école ni interférer dans le système d'éducation. » D'autres chefs de famille racontent à quel point le système scolaire privé serait en train de causer quelque part du tort au système public vu qu'il est fragilisé en lui livrant une rude concurrence. Alors que dans les années 80, le secteur privé était une simple alternative à l'enseignement public pour limiter les échecs scolaires, on devine aujourd'hui l'ampleur du désastre. Hâtons-nous pour que le système public tunisien retrouve ses lettres de noblesse avant qu'il ne soit trop tard !