Après une courte éclipse, Kamel Deguiche est revenu à la tête de la Fédération tunisienne de boxe. Animé de beaucoup de bonne volonté, il compte redorer le blason de la boxe en multipliant le nombre de licenciés et en favorisant le professionnalisme, tout en revisitant le système du championnat. Il s'agit aussi pour lui de recruter un entraîneur étranger pour l'équipe nationale, miser sur la boxe féminine, programmer des galas à l'intérieur du pays et beaucoup d'autres événements pour que le noble art retrouve sa popularité et son prestige d'antan. En clair, il s'agit, à terme, de renouer avec les fondamentaux du noble art. Vous voilà de retour à la tête de la Fédération tunisienne de boxe. Après une année et demie, je retourne à la fédération avec la volonté de continuer le travail que j'ai entamé lors de mon premier passage au niveau des trois principaux compartiments de la discipline. Et puis, ce retour confirme bel et bien la confiance dont je jouis de la part des différentes régions et des différents clubs. D'habitude, seuls les enfants de la boxe qui jouissent de la confiance de la famille du noble art font l'unanimité. J'ai laissé de bonnes impressions par le passé. J'ai mis tout le monde (entraîneurs, responsables, clubs, régions) sur un pied d'égalité. Ainsi j'ai gagné la sympathie de tous. Ce faisant, j'ai été logiquement élu. Ce qui me donnera un second souffle pour redoubler d'effort à l'avenir. Un premier constat ? Du point de vue administration et financement, la situation est normale. Les dettes datent cependant de 2007-2008. Mourad Kallel, responsable du comité provisoire, a bien fait les choses. Mais du point de vue technique, l'état est alarmant. Même le championnat national des seniors n'a pas été organisé la saison écoulée, et ce, sans parler de l'équipe nationale. Quelle action pour redresser la situation ? Revoir d'urgence le calendrier national et notamment le championnat à tous les niveaux (système, réglementation, dates). Recruter aussi un entraîneur étranger de renommée qui sera l'entraîneur en chef. Il veillera sur les destinées de l'équipe nationale et de la formation et le recyclage des entraîneurs de clubs. Il est fort probable qu'il soit cubain. Avez-vous d'autres idées pour remettre la boxe sur de bons rails ? Oui bien sûr. Outre la régression du niveau, l'image de la boxe a été touchée. Ainsi nous avons préparé un programme étoffé pour redresser la barre. A commencer par multiplier les galas pour les amateurs et aussi pour les professionnels, notamment à l'intérieur du pays, et ce, pour sensibiliser les jeunes à la pratique de la boxe. Ainsi, le nombre de licenciés augmentera. Nous avons actuellement environ 3.000 licenciés. Nous envisageons d'atteindre entre 5.000 et 6.000 dans une année et demie. Il faut aussi pratiquer la boxe professionnelle selon la réglementation et les normes de l'Aiba. Puis, miser sur la boxe féminine en favorisant de bonnes conditions (salles d'entraînement, matériel adéquat et encadrement technique qualifié). La matière première en boxe existe. Seuls l'encadrement technique qualifié et l'infrastructure adéquate font défaut. La fédération compte environ 63 clubs affiliés mais la majorité est passive. Où sont les associations militaires ? Plusieurs clubs souffrent du manque de moyens. Cependant, nous avons pensé à cette passivité de pas mal de clubs qui a influé négativement sur le niveau de la boxe en général. Il faut réviser les contrats-programmes et le système de subventions perçues de la part de la fédération locale ou internationale (Aiba). Dans ce contexte, la Fédération compte beaucoup sur la commission de sponsoring et de communication qu'elle considère comme des outils pour enrichir sa trésorerie. D'ailleurs, elle s'est déjà mise en accord avec un sponsor pour bien débuter la saison des clubs. En outre, M. Ajroudi, propriétaire de la chaîne TV Al Janoubia, a promis une somme d'argent substantielle qui sera distribuée aux clubs. A part les clubs civils et les associations militaires et de la Garde nationale, la Fédération accorde un intérêt particulier à la vulgarisation de la boxe par l'intermédiaire des entreprises de travail, le secteur scolaire et universitaire, sans occulter le fait que la boxe est une matière enseignée dans les instituts de sport et d'éducation physique. Ainsi, la priorité, volet recrutement technique, sera accordée aux diplômés sortant des instituts nationaux de sport. Quelle sera votre approche personnelle pour rebondir ? Un congrès sera tenu prochainement. Il aura pour thème la réglementation, les statuts, le code disciplinaire et le cahier des charges destiné à la constitution d'un nouveau club. En outre, la fédération tient à renforcer la commission médicale. Il est inadmissible qu'une fédération de sport de combats compte un seul médecin dans sa commission médicale. Le mot de la fin. Je profite de cette occasion pour lancer un appel à tous les clubs, à tous les entraîneurs pour redoubler d'effort et travailler davantage afin que la boxe retrouve son niveau d'antan. N'oublions pas que la boxe a rapporté à la Tunisie deux médailles olympiques grâce à feu Habib Guelhia et Fethi Missaoui, ainsi que plusieurs médailles d'or dans différentes compétitions internationales grâce aux Khemaïes Refaï, Lotfi Belkhir, Néjib Zaddem, Raouf Bahri, Noureddine Boughanmi et d'autres champions émérites.