Tout est à refaire selon le président de la fédération pour que la boxe retrouve ses lettres de noblesse Entouré de M. Hédi Bougarras, président de la commission de la boxe professionnelle, et de M. Hassen Melki, directeur technique national, le président de la Fédération tunisienne de boxe, M. Dhaou Chamekh a tenu, avant-hier mardi, une conférence de presse où il a fait le point sur la situation du noble art en Tunisie : une situation qui s'est dégradée au fil des années et des fédérations qui se sont succédé et nul n'ignore à quel point la boxe a perdu aujourd'hui de son aura, ce qui met le bureau fédéral actuel face à une énorme tâche : redorer le blason de la boxe, créer des champions et cultiver une pépinière pour demain. Une sorte de douze travaux d'Hercule vu l'ardoise laissée à la fédération, surtout l'ambiance de hargne et de médisance diffuses dans le milieu. Après le Cameroun, les rendez-vous de Barbados On continue donc à médire au lieu de construire. C'est dans ce contexte que s'est déroulée cette conférence de presse où M. Dhaou Chamekh a annoncé les résultats encourageants des championnats d'Afrique qui se sont déroulés récemment au Cameroun et lors desquels se sont distingués les boxeurs juniors et les boxeuses seniors : 2 médailles d'or pour les filles, une médaille d'or, deux médailles d'argent et deux médailles de bronze pour les garçons. «Des résultas probants, certes, ajoutera le président de la fédération, mais le niveau africain n'est pas le niveau mondial et on doit travailler d'arrache-pied pour faire de bons résultats au championnat du monde qui se dérouleront prochainement au Barbados et qui seront d'excellents préparatifs pour les jeunes olympiques de 2012». Le président de la FTB a ensuite annoncé une série de tournois en Azerbaïdjan, Maroc et Algérie, entre autres, qui permettront aux pugilistes de mieux aiguiser leur art de combattre. Il annoncera également un rendez-vous non moins important, le tournoi du 7-Novembre de la boxe féminine. Une tournoi qui vient d'être catégorisé par l'Aiba, ce qui lui donne une envergure internationale, et on s'attend probablement à une participation massive de pays étrangers. Le championnat de Tunisie s'étant déroulé dans de bonnes conditions et pour la première fois depuis longtemps selon le planning, M. Dhaou Chamekh annoncera que cette année on pourra relancer la coupe du Président de la République et le tournoi de la Médina de Tunis qui était un grand rendez-vous international. M. Dhaou Chamekh a également évoqué le grand problème du budget qui agite la fédération : «Il y a un manque énorme d'équipements et de soutien pour les boxeurs dans les clubs, dit-il, j'en suis parfaitement conscient. Il y a un manque d'équipement même à l'équipe nationale. Un équipement qui ne se trouve souvent pas sur le marché local. Il faut dire que notre budget provient essentiellement de l'Etat, et le ministre de tutelle nous a promis son soutien, un soutien qui reste majeur pour nous en l'absence de sponsors.» Un budget appelé à être révisé à la hausse vu les nouvelles exigences de l'Aiba concernant les nouvelles normes sur les rings et les gants de boxe, appelés à obéir à de nouvelles normes techniques… Il s'agit donc de changer les meubles en quelque sorte et ça a un prix ! Ces entraîneurs qui sauvent la boxe Reste un autre boulet que la FTB traîne : la formation des entraîneurs qui sont restés loin derrière (et même en termes de mentalité) ce qui se fait actuellement dans le monde. Force est de croire que la plupart des entraîneurs enseignent une boxe peu moderne et qui ne prend pas en compte le «scoring machine» (nouveau système pour compter les points). «Nous devons prendre au sérieux la question de la formation et de l'encadrement des entraîneurs. Nous devons nous adapter au nouveau système de pointage, dira le président de la FTB, pour le moment, nous ne possédons qu'un seul appareil, mais l'Aiba a promis de nous en fournir. A ce propos, le président de l'Aiba m'a promis de nous rendre visite en Tunisie d'ici la fin de l'année.» Oui, mais les entraîneurs tunisiens n'ont pas assisté aux différents stages de formation effectués jusque-là ? «C'est vrai que les entraîneurs tunisiens n'accordent pas d'importance à la formation, répond le président de la FTB. Mais nous avons décidé que tout club dont les entraîneurs ne participent pas à la formation sera rayé de la liste des clubs ciblés. Cela dit, nous savons que ce sont les entraîneurs qui font fonctionner la boxe aujourd'hui, ils sont en même temps un soutien social et psychologique. C'est grâce à eux que la boxe existe et ils ne sont même pas payés dans certains clubs. C'est pour cela qu'on est en train d'étudier la possibilité d'intégrer un salaire pour l'entraîneur dans les primes pour les clubs». Boxe professionnelle : du patrimoine oral au texte de loi «Bientôt la Tunisie aura son texte de loi concernant la boxe professionnelle. La commission de boxe professionnelle a élaboré le projet de ce texte qui sera présenté aux autorités de tutelle, dit M. Hédi Bougarras, c'est un texte qui fixe enfin les critères selon lesquels un boxeur passe à la catégorie des pros avec une exigence d'un état de santé, certificat à l'appui, qui lui permet d'exercer ce sport. C'est un texte qui garantit les droits des boxeurs et fixe les obligations et les droits des promoteurs. Pour que tout soit clair et mis noir sur blanc. Ce texte prévoit également l'organisation d'un championnat national et d'une coupe de Tunisie de boxe professionnelle». Certaines voix se sont élevées pour parler du groupement de la boxe professionnelle qui existait naguère. La réponse du président de la FTB est claire: «Nous n'avons trouvé aucun texte de loi écrit qui légitime ce groupement. Nous nous en serions inspirés avec plaisir ! Mais ils ne nous ont rien laissé. D'ailleurs, on ne sait même pas selon quels critères ils octroyaient les licences professionnelles. Ils n'avaient parfois même pas de certificat médical». Pourquoi toute cette ambiguïté qui a régi la boxe professionnelle jusqu'à aujourd'hui ? Au profit de qui ? De toutes les façons, le groupement professionnel aura commis l'erreur de ne pas créer son cadre juridique. Il restera dans le patrimoine oral. Le texte de loi concernant la boxe professionnelle renouera-t-il avec les prestigieuses soirées pugilistiques ? On aura au moins laissé un texte… Pour clore cette conférence de presse, M. Youssef Ben Chaâlia, président de la commission d'arbitrage, parlera de la formation des jeunes arbitres au nouveau système de pointage. Avec la possibilité depuis une quinzaine d'années d'un passage de grade pour rajeunir le corps. M. Youssef Chaâlia participera à un stage de formation de délégués techniques internationaux au sein de l'Aiba.