53% des 313 écoles de la région souffrent de problèmes d'approvisionnement en eau potable. Les questions scolaires qui suscitent un vif intérêt auprès de l'opinion publique sont généralement développées dans les médias et concernent notamment le contenu des programmes, les méthodes d'enseignement, l'assiduité des enseignants, les grèves et surtout l'infrastructure des établissements éducatifs (salles de classe, clôtures, cours, dortoirs, réfectoires, cuisines, cantines, etc.). Si on prend l'exemple des cantines scolaires dans le gouvernorat de Kairouan, on constate qu'elles sont situées dans des établissements construits il y a plusieurs décennies et sont dans un état lamentable. Et malgré les différentes interventions et activités menées par la société civiles dans le cadre de son partenariat avec le ministère de l'Education, celles-ci demeurent en deçà des attentes. Néanmoins, les cantines situées dans les établissements construits récemment sont en bon état. En outre, beaucoup de travaux de restauration et de rénovation sont annuellement effectués au niveau des cuisines et des cantines afin de prémunir les élèves, à un âge vulnérable, contre les intoxications alimentaires et les maladies contagieuses. On citerait l'exemple de la cantine située à l'école primaire «Nagaz» à El Ala et qui a été installée et entièrement équipée par une banque qui a eu le mérite de rendre cette école moderne et agréable à encadrer les chérubins tout au long de l'année. Exit donc les défaillances infrastructurelles qui conféraient à cette institution éducative un aspect désuet. En effet, beaucoup de travaux de restauration y ont été effectués et toutes les salles ont été meublées et dotées de beaucoup d'équipements modernes, y compris des ordinateurs. Chiraz Oueslati, 11 ans, nous parle de sa joie d'étudier dans un environnement influent : «Par le passé, notre école laissait à désirer et tout était vieux et cassé. Mais aujourd'hui, grâce à ces actions de rénovation, on peut enfin manger des rations alimentaires équilibrées dans une cantine propre, éclairée et aérée, ce qui nous encourage à fournir davantage d'efforts pour réussir !». Louable initiative Notons dans ce contexte que les responsables de certaines écoles ont opté pour la plantation et la création de jardins qui profitent ainsi aux cantines scolaires et aux écoles rurales où tout fait défaut, à part quelques maigres budgets rafistolés ça et là pour acquérir des produits d'entretien et des denrées alimentaires. D'ailleurs, les directeurs font souvent des acrobaties pour pouvoir gérer les besoins et les achats nécessaires. Parmi les initiatives louables prises par certains directeurs, on se souvient longtemps de celle du directeur du collège de Aïn Jloula (délégation de Oueslatia) située au pied d'une montagne sans aucune épicerie et qui a eu l'idée de préparer chez lui les trois repas quotidiens à ses 300 élèves internes, et ce, en se faisant aider par tous les membres de sa famille, ainsi que par des ouvriers de chantier. En effet, comme tous les agents de l'éducation étaient en grève, en ce mois de mai 2015, le directeur ne voulait pas que ses élèves, dont beaucoup habitent à plus de 20 km, soient lésés en cette période d'examen; d'où le soulagement de tous les parents. Par contre, d'autres directeurs ont choisi d'offrir à leurs élèves internes des repas froids (portions de fromage, yaourt, cake, biscuits, etc.) Beaucoup reste à faire pour les cantines scolaires D'après les témoignages recueillis auprès d'élèves internes ou demi-pensionnaires inscrits dans des établissements situés dans les zones rurales de Bouhajla, Haffouz, Sbikha et El Ala, il y a beaucoup de négligence au niveau de la restauration, d'autant plus que 57% des 313 écoles souffrent de problèmes d'approvisionnement en eau potable. Seules quelques citernes d'eau sont parfois disponibles, ce qui pose un problème d'hygiène. Ridha et Moez, deux collégiens internes à Sbikha, nous confient dans ce contexte : «Comme nous sommes internes et que nous habitons loin du collège, nous sommes obligés de manger tous les jours à la cantine : des plats fades, presque toujours les mêmes, à savoir des pâtes, des haricots, du poulet ou du couscous. Et comme dessert, on a des yaourts. Donc, les plats ne sont pas équilibrés puisque les poissons, les salades et les frites se font rares. Nous n'avons pas d'autres alternatives car, dans ce village, il n'y a ni épicerie, ni fast-food». Chiraz et Amel, deux demi-pensionnaires à Bouhajla, trouvent que l'accueil dans les cantines n'est pas chaleureux : «On a l'impression que nous ne sommes pas les bienvenues, surtout la veille des vacances. Il serait souhaitable d'organiser plus souvent des sessions de formation en faveur des cuisiniers exerçant dans les réfectoires et les cantines afin de leur apprendre à offrir un menu sain et équilibré et à mieux connaître les techniques de préparation des plats, de l'hygiène et de stockage des aliments»... Ali et Bassem, deux internes à Haffouz, trouvent que les locaux, où l'on sert à manger, sont exigus, humides et froids : «De plus, on doit se contenter de ce qu'on nous met dans nos assiettes, sans pouvoir nous plaindre de la qualité des aliments qui ne sont pas savoureux. Il nous arrive même de trouver un ver de terre ou une mouche, ce qui est vraiment dégoûtant. De plus, la quantité des plats est souvent insuffisante et la valeur nutritive des aliments est insignifiante. Et comme nous n'avons pas d'argent pour nous payer des repas en ville et que nous sommes en pleine croissance, nous souffrons d'anémie et de pâleur...». En somme, l'école constitue l'un des repères fondamentaux pour tout élève. Son impact est, par conséquent, significatif sur son humeur, sa vie et sa scolarité. D'où l'importance de remédier aux défaillances infrastructurelles au sein des établissements éducatifs. On pourrait évoquer dans ce contexte le rôle crucial de la création de l'Office des œuvres scolaires qui va servir l'intérêt des élèves. En fait, c'est le seul mécanisme susceptible de répondre à de nombreux défis qui n'ont pas trouvé jusqu'à présent les solutions qui s'imposent, notamment dans la restauration, le transport scolaire, l'hébergement et l'encadrement social et psychologique. Ainsi, on aspire à renforcer le réseau des cantines et à fournir des rations alimentaires équilibrées afin de permettre aux élèves de poursuivre leurs études dans de bonnes conditions.