Les habitudes de consommation chez beaucoup de Tunisiens ne sont pas saines. On mange n'importe quoi et à n'importe quel moment de la journée Premier en son genre en Tunisie, le programme «Med Diet», financé par l'Union européenne, vise à prévenir les maladies dues à l'alimentation pour les générations futures en incitant les familles tunisiennes à adopter des habitudes alimentaires saines. Il s'agit aussi de valoriser nos aliments traditionnels riches et diversifiés tout en faisant connaître les spécificités culinaires régionales et en favorisant les échanges avec les autres pays de la Méditerranée. C'est dans ce cadre que la Chambre de commerce et d'industrie de Tunis (Ccit) a organisé hier une journée de formation et de sensibilisation à l'intention des enseignants de certains établissements scolaires dans les régions ciblées. L'idée force dégagée de cette journée est claire : les habitudes de consommation chez beaucoup de Tunisiens ne sont pas saines dans la mesure où l'on mange n'importe quoi et à n'importe quel moment de la journée sans tenir compte du fait qu'une telle alimentation peut avoir des effets nocifs sur la santé et facilite le développement de certaines maladies comme l'obésité et le diabète. D'où la nécessité de valoriser nos aliments traditionnels et d'adopter un mode de consommation sain. Idées fausses sur notre cuisine L'importance d'intégrer le thème de l'alimentation saine dans les établissements éducatifs et même dans les manuels scolaires est de mise. D'ailleurs, les pays du pourtour méditerranéen ont les mêmes habitudes culinaires et les mêmes mets. « Il est nécessaire de valoriser les spécialités traditionnelles régionales en Tunisie en matière d'alimentation. Certains jeunes ne veulent pas consommer tout ce qui est traditionnel mais préfèrent des produits ''modernes'' adaptés à leurs besoins actuels », constate M. El Abed qui affirme que «l'alimentation méditerranéenne provient d'un des produits régionaux authentiques. La cuisine familiale est souvent appréciée par les Tunisiens surtout si elle est mijotée par la mère de famille. Plusieurs restaurants ne servent plus les plats traditionnels tunisiens. » Des idées fausses sont souvent développées à propos de ces plats tel le couscous dont certains prétendent qu'il est parmi les responsables de l'obésité. Or, consommé modérément ce plat est riche en vitamines, surtout s'il est garni en poisson légumes et bien épicé. Donner le bon exemple Mais pour se faire plaisir à table, il ne suffit pas de consommer quelques mets. Il faut que tous les membres de la famille — ou des amis — se réunissent dans un climat de convivialité. Le spécialiste estime aussi qu'on a perdu les habitudes de cuisson saines mettant en exergue l'importance de l'huile d'olive — de préférence à l'état cru — dans l'alimentation. Un repas sain et équilibré — composé de légumes et fruits de saison et de poisson — est source de croissance et de bonne santé. L'activité physique est également nécessaire pour maintenir la forme après un bon repas. L'eau doit être bue de temps à autre même si l'on n'a pas soif pour prévenir certaines affections qui peuvent toucher le rein. Une eau très fraîche à jeun n'est pas recommandée vu ses effets sur le foie. M. El Abed rappelle les bienfaits de l'eau que rien ne peut remplacer et recommande aux Tunisiens de commencer par abandonner les mauvaises habitudes alimentaires. De son côté, le Dr Tahar Gharbi, nutritionniste, a plaidé pour l'instauration d'un mode de consommation méditerranéen basé sur un repas équilibré et sur les produits de saison. «Les écoles et les lycées sont les lieux les plus habilités pour sensibiliser les jeunes à la consommation saine», souligne-t-il. L'abandon des mauvaises habitudes de consommation se fait, cependant, sur le long terme. Les aliments vendus devant ces espaces éducatifs doivent être sains. Même les cantines scolaires auxquelles un budget est alloué annuellement sont appelées à servir des plats équilibrés. L'orateur a mis en exergue les résultats d'une enquête effectuée auprès de certains établissements éducatifs, à Tunis, Ariana et Ben Arous qui a montré, entre autres, que 9,7% des élèves sont atteints d'hypertension qui n'est plus limitée désormais aux adultes. Les habitudes de consommation sont parmi les facteurs responsables d'une telle maladie aux graves conséquences. L'eau est considérée par ce spécialiste comme un aliment à part entière. Il est recommandé de consommer l'eau de différentes sources — selon les marques commercialisées — car chacune a ses spécificités et ses teneurs en sels et autres éléments. Elle aide à diminuer le poids, surtout si les quantités bues sont bien réparties avant, au cours et après les repas. L'alimentation traditionnelle met en valeur les épices, les herbes ainsi que l'ail et les tomates. Mme Hédia Kéfi, de la Ccit, a indiqué que ces journées de formation et de sensibilisation concernent dix gouvernorats du littoral et Béja. Le programme vise à sensibiliser les consommateurs à adopter une alimentation méditerranéenne saine, se basant sur les produits traditionnels. En plus des exposés théoriques à l'intention des enseignants, des visites sur le terrain sont programmées dans lieux de production ou de fabrication de produits alimentaires. La durée de réalisation de ce programme est de trente mois, soit du mois de janvier 2013 au mois de juin 2015. En plus de la Tunisie, le programme concerne aussi le Liban, l'Egypte, l'Italie, l'Espagne et la Grèce.