Les produits made in China et made in Turkey continuent à inonder les marchés locaux. Les unités de la Garde nationale et des Douanes sont en train de faire un travail louable, parfois aux dépens de leurs vies. Les escarmouches qui les opposent presque quotidiennement aux contrebandiers meublent les faits divers que les différents médias développent avec beaucoup de romantisme, mais en fait, chaque opération est porteuse de dangers. Mais ce travail, en dépit de son efficacité, n'est pas suffisant. Les longues frontières tunisiennes, maritimes ou terrestres, les difficultés du terrain désertique ou montagneux, ne sont pas faciles à garder. Bien entendu, on s'attache ces derniers temps à aller vers les cachettes que ces contrebandiers camouflent, intentionnnellement, dans les zones populaires, bien gardées par ceux qui seraient capables de marcher sur le ventre de leur mère pour gagner un dinar. Et c'est d'ailleurs ce qui explique les contacts entre ces «gardiens du temple» et les autorités, avec tous les dégâts matériels et humains qui s'ensuivent. Malheureusement, tout cela n'est pas suffisant, car il faudrait que les brigades volantes des douanes et celles qui sont théoriquement chargées de surveiller le marché intérieur soient plus actives et plus vigilantes. Lorsque nous nous trouvons face à des biscuits qui viennent du… Pakistan (!), cela prête à confusion. Nous avons certes des échanges avec ce pays ami, mais importer des biscuits, cela ne semble pas du tout normal. Lorsque nous trouvons du jus de fruits en provenance du Maroc, vendu pour un dinar et cent millimes (même pas le coût de l'emballage), c'est aussi anormal. Lorsque nous trouvons des camions chargés de bananes, plein de caisses de kiwis, d'ananas, surtout dans les grandes surfaces, alors que nous sommes en pleine récolte d'agrumes et de dattes, on finit par penser qu'il y a anguille sous roche. L'importation, autorisée en cette période de l'année, de ces fruits porte un préjudice certain au marché local et si c'est de la contrebande, il va de soi que cela suppose que nous continuons à avoir des frontières gruyère. Des bricoles insignifiantes Et lorsque nous voyons sur les rayons des grandes surfaces, des seaux, des poubelles, et des balais en plastique, en provenance d'Allemagne ou de France, des bricoles également en plastique, que nous fabriquons chez nous, mais que l'on fait venir de Turquie, nous nous posons bien des questions à propos de la sensibilisation faite auprès de ces importateurs qui ne pensent qu'au gain en dépit des problèmes intérieurs. On semble avoir opté pour un cahier des charges, très bien, mais cela nous renvoie à l'acquis de conscience de l'opérateur. Un suisse, un Finlandais, un Chinois, un… Turc ne s'aviserait pas à acheter des bricoles étrangères, dont l'usage est strictement secondaire, pour favoriser ce qui est fabriqué dans son pays. A ce propos, un grossiste, à l'Ariana, déchargeait la semaine passée des sacs de «glibettes» blanches en provenance de Turquie, Nouvelle importation ou ancien stock? Allez savoir, mais de toutes les manières, ce genre de produit comme bien d'autres grèvent nos réserves. Si nous considérons que ce produit est devenu vital, le ministre de l'Agriculture devrait avoir l'opportunité de charger un de ses services pour examiner la possibilité de cultiver ce genre de graines en Tunisie pour clore ce dossier et pourquoi pas devenir un pays exportateur! Le «consommer tunisien» Le fait de voir arriver le chef du gouvernement en voiture «Made in Tunisia» est un signal positif. Pourquoi ne pas opter dans ce cas pour des véhicules qui seraient fabriqués en Tunisie, qui coûteraient moins cher et qui mettront à contribution de la main-d'œuvre tunisienne ? Une uniformisation qui, à la base, sera porteuse d'économies et réduira considérablement les largesses que s'accordent certaines administrations en optant pour des marques coûteuses alors que ce n'est qu'une «voiture de service». Il faudrait donc commencer peut-être par inviter les administrations à acheter des voitures fabriquées en Tunisie (demander un type de voiture donné en assurant le constructeur de les acheter) pour favoriser l'extension de cette industrie. Face à autant de contradictions, il y a de quoi se cogner la tête contre le mur avec la situation économique et financière que connaît le pays. On connaît le problème. On sait comment le traiter, mais on traîne les pieds pour prendre des mesures. Il faut mettre en place des «brigades volantes» pour parcourir les grandes surfaces qui en font à leur tête (sont-elles protégées?), les alentours des marchés pour contrôler les marchandises débarquées, et surtout les voies d'accès à ces marchés. Des dépassements flagrants Parce que lorsque nous voyons un revendeur ayant pignon sur rue qui vend du tabac en gros ou des camions vendre au coin de la rue du lait à des prix supérieurs aux prix homologués, nous nous demandons d'où provient ce tabac et d'où ce camion a chargé son lait. Nous pouvons continuer sur la même lancée, mais arrêtons-nous là pour conclure et attirer l'attention sur l'absence de suivi enregistré sur le marché local. Certes, on manifeste ses intentions de mieux contrôler et de mettre un terme à ces importations dont nous pouvons nous passer, d'être plus exigeants au niveau de la provenance et de la traçabilité des produits écoulés, les intentions sont nettement contredites par la vérité du terrain. Il faut tout en serrant les vis pour tout ce qui est importation de produits complémentaires qui n'ont aucune incidence sur la vie du consommateur tunisien, resserrer l'étreinte sur les opérateurs qui continuent de bénéficier de l'apport des réseaux mis en place. On a, certes, fait des efforts, mais cela est encore insuffisant... Il ne faudrait pas qu'une fois, l'alerte terminée, la réunion bouclée, les petits fours dégustés, tout soit oublié!