La Tunisie connait les malheurs qu'elle n'avait jamais vécus, dans le passé, avec des pénuries de toutes sortes en allant du lait, jusqu'aux œufs et, surtout des médicaments. Et comme les politiciens ne trouvent pas d'excuses à ces situations, ils accusent le citoyen, ce qui est facile, d'acheter plus qu'il n'en faut des produits qui risquent de disparaitre de la circulation et des étalages. Comme qui dirait, celui qui veut noyer son chien, l' accuse de la rage. Le pays vit, actuellement, des pénuries qui n'ont pas lieu d'être, surtout pour des produits qui sont fabriqués ou qui n'avaient jamais disparu des étalages des grandes surfaces, parce que nous étions arrivés, dans le passé, à atteindre l'autosuffisance pour le marché local. C'est le cas du lait, des œufs et du poulet, ainsi que des médicaments produits, en principe, en Tunisie et, parfois, aussi, importés, alors que leur existence sur le marché fait partie du droit du citoyen à la santé et que leur disparition peut être considérée comme un crime contre l'humanité. Toutes les solutions mises en place par l'Etat, pour faire face à ces pénuries, font croire que les responsables politiques vivent sur une autre planète que sur laquelle vit le citoyen. Le combat mené par les producteurs de lait, depuis deux ans, n'a pas trouvé de responsables qui l'ont pris en considération. La situation n'a fait qu'empirer, depuis, avec pour conséquence, des laitiers désespérés et une pénurie à la clé, faisant disparaître notre bon lait demi-écrémé, vendu à 1,2 DT le litre, de tous le commerce. La solution ridicule qui avait été trouvée est d'importer des stocks régulateurs, de pays européens, avec le coût du litre qui atteint plus de 1,9 DT et qui n'est pas arrivé à convaincre les consommateurs, acculés, actuellement, à acheter le lait entier à… 1,9 DT le litre, parce qu'il n'a pas le choix, avec l'absence d'autres catégories. Pourtant, pour l'Etat, il aurait suffi d'accorder aux producteurs la somme de 100 millimes de plus, en prenant en compte les coûts de l'alimentation et des autres dépenses de l'agriculteur qui sont fixés par ces mêmes responsables et qui ont, pratiquement, plus que doublé, au cours des dernières années, pour éviter aux Tunisiens tant de malheurs, tout en gagnant ces subventions accordées par la Caisse de compensations et qui auraient pu mieux servir, ailleurs. Certes, il y a anguille sous roche et l'importation du lait européen doit certain profiter à quelques privilégiés qui ont fait des bénéfices assez consistants, même si cela coûte à la Tunisie une hémorragie de devises. Le poulet et les œufs vivent des situations pareilles, avec un ministre de l'Agriculture qui s'occupe, plutôt du remplissage des barrages, alors que les prix des produits nécessaires aux agriculteurs ne cessent de flamber, et un ministre du Commerce qui croit qu'en fixant le prix de ces œufs, il peut mettre fin à la hausse des prix… alors que les producteurs ne trouvent plus leurs comptes et vendent leur production aux spéculateurs à bas prix, tout en leur permettant de s'enrichir à leurs dépens. Pour ce qui est des médicaments, même les accusations relatives à la contrebande des médicaments vers l'Algérie et la Libye ne peuvent pas représenter des excuses, surtout que l'Etat qui subventionne ces médicaments a l'obligation de veiller à éradiquer cette contrebande et de canaliser les exportations vers ces deux pays limitrophes… mais, il y a trop d'enjeux et de personnalités impliquées, ce qui entrave toute enquête… et tout le monde, dans ce pays malheureux, sait comment cela se passe. Le Président directeur général de la Pharmacie centrale a osé, aussi, accusé les citoyens d'acheter plus qu'il n'en faut de l'insuline pour les diabètes, alors qu'il n'y a pas longtemps, lui et le ministre de la Santé ont affirmé que le pays dispose de stocks régulateurs de plus de cinq mois… et ils font honte à leur responsabilité, en cherchant les solutions de facilité qui consistent à accuser les citoyens. Trop, c'est trop… et c'est ce pauvre citoyen qui paie la facture, puisque les spéculateurs font la loi et qu'il est obligé de subir cette loi des contrebandiers et des commerçants malsains qui ne cherchent qu'à profiter d'une certaine conjoncture pour s'enrichir.