Les regards des Tunisiens seront rivés aujourd'hui ou demain sur le palais de La Kasbah dans l'attente de voir Youssef Chahed, le chef du gouvernement, s'exprimer, au bout d'un long silence, sur les principaux problèmes qui préoccupent l'opinion publique : augmentations salariales des agents de l'Etat, crise de l'enseignement secondaire, affaire du complot contre la sûreté intérieure de l'Etat et peut-être la création du parti politique qui défendra les couleurs du locataire du palais de La Kasbah Au moment où les partis de l'opposition et plusieurs associations de la société civile chauffent depuis quelques jours les tambours pour que «les Tunisiens descendent dans la rue afin d'obliger le gouvernement à partir», où Noureddine Taboubi, secrétaire général de l'Ugtt, rencontre, à intervalles réguliers, Youssef Chahed (la dernière rencontre est intervenue, hier mardi 18 décembre) et menace, quasi quotidiennement, que la grève générale de la fonction publique programmée pour le 17 janvier prochain pourrait ne pas être contenue ou maîtrisée par l'Ugtt comme ce fut le cas pour la grève générale du secteur public en date du 22 novembre 2018, où l'on s'attend à ce que les gilets rouges puissent s'introduire sur la scène politique nationale, où les Tunisiens se réveillent, chaque jour, en découvrant une nouvelle surprise que leur réserve Lassaâd Yaâcoubi, secrétaire général de la Fédération générale de l'enseignement secondaire, et où les chroniqueurs et les analystes politiques scrutent les révélations continues sur les affaires relatives à l'appareil sécuritaire secret d'Ennahdha et au procès intenté par Slim Riahi contre le chef du gouvernement et d'autres personnalités accusés de complot contre la sécurité intérieure du pays (plainte classée ces derniers jours par le parquet de la justice militaire), face à toutes ces affaires qui accaparent l'attention de l'opinion publique, les Tunisiens se posent une grande question: quand Youssef Chahed, qui nous a assuré que la crise politique a été résolue quand le Parlement a accordé sa confiance à une majorité très confortable aux 18 ministres et secrétaires d'Etat qui ont meublé le dernier remaniement de son gouvernement, va-t-il se décider de parler au peuple pour l'éclairer sur sa stratégie d'avenir (en prévision des élections de 2019) ou sur le programme immédiat de son gouvernement (allusion directe aux augmentations exigées par l'Ugtt au profit des agents de la fonction publique à condition qu'elles ne soient pas inférieures aux majorations déjà accordées aux salariés des entreprises et établissements publics) ? Mais bien avant de répondre à ces questions, il est à préciser que certaines sources proches du Chef du gouvernement laissent entendre, ces derniers jours, qu'il s'adressera aujourd'hui ou demain au peuple mais sans préciser les thèmes qu'il abordera laissant, — comme d'habitude — aux journalistes et aux observateurs et surtout aux chroniqueurs TV et radios, le soin de prophétiser sur ce qu'il va révéler au public. Et ces mêmes pronostiqueurs d'assumer la responsabilité de leurs pronostics dans la mesure où du côté du palais de la Kasbah, toutes les indiscrétions distillées à titre d'exemple sur les intentions futures de Youssef Chahed, par Leila Chettaoui ou Walid Jalled voire Sahbi Ben Frej ou Mustapha Ben Ahmed autoproclamés et intronisés par certains médias comme les plus proches collaborateurs et architectes de son futur parti, «n'engagent que ceux qui les fournissent aux médias». Sauf que le mystère dont on essaye d'envelopper les activités et les programmes d'avenir du chef du gouvernement et peut-être le futur président du parti «Amal Tounès» ou «Parti de la coalition nationale» ne peut nous empêcher d'essayer d'approcher les grands thèmes qui meubleront l'intervention télévisée du chef du gouvernement attendue dans les prochaines heures. Youssef Chahed pourrait aborder quatre dossiers, d'actualité, au moins parmi les plus brûlants, dossiers qui préoccupent les Tunisiens et dont ils attendent une réponse claire de la part du locataire du palais de La Kasbah. D'abord, une réponse précise et si possible définitive de la part du gouvernement à propos des revendications de l'Ugtt pour ce qui est de la grève générale de la fonction publique prévue le 17 janvier prochain. En d'autres termes, Youssef Chahed qui a rencontré, hier, Noureddine Taboubi sans qu'une solution ne soit annoncée, va-t-il, enfin dévoiler une décision définitive, d'ici la fin de la semaine en cours quand il tiendra une nouvelle séance de travail avec le secrétaire général de l'Ugtt comme annoncé, hier, sur la page Facebook de la centrale syndicale ouvrière ? Ensuite, que peut répondre le chef du gouvernement à ceux parmi les acteurs du paysage politique national et de la société civile qui appellent à ce que les problèmes en suspens soient résolus dans et par la rue ? Enfin, Youssef Chahed va-t-il mettre un terme à la polémique qui ne fait qu'enfler de jour en jour ? A-t-il décidé ou non de créer son propre parti politique en prévision des élections de 2019 ? Et dans l'affirmative, va-t-il rester à la tête de son parti jusqu'aux élections ou démissionner de la présidence du gouvernement pour se consacrer à son action partisane ? Finalement, va-t-il, enfin, réagir à la plainte déposée à son encontre par Slim Riahi l'accusant purement et simplement de complot contre la sûreté de l'Etat ou va-t-il se contenter de la décision de la justice militaire qui a classé l'affaire une première fois ?