L'Union générale du travail tunisien (UGTT) n'en démord pas. Alors que le gouvernement fait encore la sourde oreille aux revendications relatives à la majoration des salaires des fonctionnaires, le secrétaire général de la centrale syndicale a promis une grève pas comme les autres, le 17 janvier prochain. «L'UGTT est en train de préparer la grève générale de la fonction publique et du secteur public prévue le 17 janvier 2019. Cette grève sera différente de celle du 22 novembre 2018, étant donné que la situation générale dans le pays est assez tendue, voire explosive, à tous les niveaux», a-t-il déclaré sur un ton menaçant. Le responsable syndical, qui s'exprimait lors d'un rassemblement organisé à l'occasion de la célébration du 8ème anniversaire du départ de l'étincelle de la révolution à Sidi Bouzid a indiqué qu'il est temps de trouver des solutions efficaces et d'accorder aux agents et cadres de la fonction publique une augmentation respectable, qui leur permettra de résister devant la flambée des prix. «La fonction publique est plus importante que les miettes dont on parle dans les coulisses», a-t-il martelé. Et d'ajouter : «Il faut exercer une pression positive sur les autorités pour qu'elles agissent fermement contre la contrebande et l'évasion fiscale, afin de dégager des ressources financières et de réaliser des projets concrets loin des discours fanfarons et l'échange inutile d'accusations». M. Taboubi avait souligné samedi dernier que l'UGTT est une organisation responsable qui encadre bien les mouvements de protestation qu'elle organise, notant que «les manifestations prévues des gilets jaunes ou rouges peuvent être une forme de protestation mais le plus important c'est de parvenir à encadrer ces mouvements au service de l'intérêt général du pays et ne soient pas une exécution d'instructions», laissant entendre que l'organisation ouvrière n'entend pas appuyer ce mouvement de protestation. La commission administrative nationale de l'UGTT avait décidé le 24 novembre dernier, de décréter une grève dans la fonction publique et le secteur public le 17 janvier prochain en signe de protestation contre l'échec des négociations avec le gouvernement sur des augmentations salariales, indiquant que «le refus de l'exécutif d'accorder de majorer les salaires des fonctionnaires constitue aussi une obéissance aux diktats des bailleurs des institutions financières internationales et un renoncement à la souveraineté nationale. Cette décision fait suite à une première grève générale dans la fonction publique organisée par la centrale syndicale. Le taux de participation à cette grève avait atteint 95%, selon les estimations de la centrale syndicale. L'UGTT réclame, pour les 673.000 agents de l'Etat, des augmentations au moins égales à celles concédées cette année dans les entreprises publiques, qui vont de 45 à 90 dinars par mois. Selon le gouvernement, ces augmentations représentent un montant global d'environ 1,2 milliard de dinars, qui porterait la masse salariale de 14 à 17 % du PIB, à l'heure où les bailleurs de fonds, qui maintiennent la Tunisie à flot, appellent à maîtriser les salaires de la fonction publique pour ne pas aggraver le déficit budgétaire du pays. Le nouveau bras de fer entre le gouvernement et l'UGTT intervient dans une atmosphère politique délétère. Depuis plusieurs mois, la vie politique est en effet paralysée par des luttes de pouvoir acharnées entre le président de la République Béji Caid Essebsi et le chef du gouvernement, Youssef Chahed. Fin novembre dernier, le chef du gouvernement, Youssef Chahed avait annoncé une reprise imminente du dialogue avec l'Union générale tunisienne du travail (UGTT) sur les augmentations salariales dans la fonction publique, ouvrant ainsi la vie à une décrispation des relations tendues entre les deux parties. «Les négociations avec l'UGTT sur les majorations salariales dans la fonction publique reprendront dans les plus brefs délais tout en tenant compte des ressources disponibles de l'Etat et des équilibres financiers et économiques», avait-t-il alors annoncé. Le locataire du palais de la Kasbah a également fait savoir que la situation sociale est l'une de ses principales priorités en notant que «le droit à la grève est un droit constitutionnel». Aucune réunion portant sur la majoration des salaires des fonctionnaires n'a cependant eu lieu à ce jour entre les représentants du gouvernement et les négociateurs de l'UGTT.