Après avoir réussi à intégrer la notion de la violence politique basée sur le genre à l'égard des femmes dans la loi sur la lutte contre la violence à l'égard des femmes, récemment adoptée par l'ARP, la Ligue des électrices tunisiennes (LET) lance cette initiative à l'échelle internationale L'association vient de lancer un plaidoyer pour l'intégration de la notion de violence politique basée sur le genre dans les textes internationaux. Cette initiative s'inscrit dans le cadre de son projet élaboré en partenariat avec la fondation allemande Heinrich Boll Stiftung HBS, Afrique du Nord Tunis : « Divulguer la notion de la violence politique à l'égard des femmes ». A cet effet, la LET vient d'organiser une conférence de presse pour débattre de la violence politique et de son initiative. Une loi organique avant-gardiste La Tunisie est parmi les premiers pays au monde à intégrer la notion de violence politique basée sur le genre dans la loi relative à la lutte contre la violence à l'égard des femmes. Elle est définie comme étant une agression discriminatoire exercée sur les femmes actives ou qui souhaitent entrer dans la vie politique, ayant comme motif la discrimination basée sur le genre. Mme Anwar Mnasri, co-fondatrice de la LET, a affirmé dans une déclaration à La Presse que l'idée du plaidoyer est venue suite au refus, de prime abord, du législateur tunisien d'intégrer ce type de violence dans la loi de lutte contre la violence à l'égard des femmes. « Le législateur a invoqué, alors, l'absence de cette notion dans les textes internationaux. Nous n'avons pas cédé et nous avons réussi à intégrer ce type de violence dans la loi. Maintenant, nous souhaitons hisser cette initiative à l'échelle internationale afin de la faire adopter par les organisations internationales, comme l'ONU et l'Union Africaine », explique Mme Mnasri. Elle a affirmé que les trois présidences seront sollicitées afin d'appuyer l'initiative de la LET à l'international. Elle a également rappelé que la ministre de la Femme, de l'enfant, de la famille et des séniors, Mme Naziha Laâbidi, a salué l'initiative et a exprimé son soutien au plaidoyer. Une réalité niée La femme politique ou activiste est généralement stigmatisée et sujette à de violentes agressions morales ou physiques, affirme Mme Mnasri. « Durant les élections qui ont eu lieu en 2011 et en 2014, des cas de violence à l'égard des femmes ont été enregistrés. Certaines femmes ont été même acculées à se désister face aux pressions exercées par leurs familles ou par des rivaux politiques », soutient-elle. Et d'ajouter « On se souvient tous de la campagne de dénigrement qui a ciblé la candidate à la présidentielle de 2014, Kalthoum Kannou. Il y a, également, d'autres violences politiques latentes mais qui sont beaucoup plus courantes, en l'occurrence les violences exercées à l'encontre des femmes activistes, syndicalistes et militantes dans les partis politiques ». Par ailleurs, la cofondatrice de l'association a fait savoir qu'à l'instar de toute femme violentée et selon les dispositions de la loi de lutte contre la violence à l'égard des femmes, la femme politique ou activiste peut avoir accès à une protection suite à la décision prise par le juge ou par les unités spécialisées relevant du ministère de l'Intérieur. Il est à noter qu'à la fin de la conférence, plusieurs femmes présentes, en l'occurrence des élues municipales, des activistes et des syndicalistes ont pris la parole pour témoigner des cas d'agressions qu'elles ont vécus. « Nous appelons toutes les femmes tunisiennes à revendiquer leurs droits d'exercer la politique, quitte à créer une première judicaire », a lancé Mme Mnasri.