Il nous offre ainsi des bribes de récits, ceux d'une dynamique humaine, des moments de partage dans ces lieux de mémoire, des émotions, croque des rires, des tablées, se balade dans les impasses, les ruelles pour garder l'essentiel dans un enchevêtrement de traits et de papiers collés. L'espace d'Art Imagin' à Carthage présente jusqu'au 31 janvier l'exposition personnelle «Oiseau bleu» de l'artiste écossais David Bond. Le titre Oiseau bleu renvoie à un restaurant de plage à Kheireddine qui y existe depuis 1940. Un lieu de rencontre et de convergence pour raconter les flâneries artistiques de Bond à travers une série de dessins et de collages. L'exposition, comme l'explique l'artiste, est une exploration picturale de la Cité comme espace de contact et de convergence. «Je suis attentif à ce que l'urbaniste américaine Jane Jacobs appelle "Le ballet complexe de la rue" où des itinéraires diverses se croisent au milieu de la maelstrom de la ville», note- t-il. Arabophone accompli, ses pérégrinations l'ont mené de son Ecosse natale a Tunis en passant par des villes, telles qu'Aden, Alger, Marseille et Alexandrie. Arrivé a Tunis en 1995, Il rejoint l'Institut des belles lettres arabes où, jusqu'en 2010, il assure la coordination éditoriale de la revue Ibla. Il a obtenu une licence en lettres arabes à la Faculté des sciences humaines et sociales de Tunis. En 2017, il soutient une thèse de doctorat à Ohio State University aux Etats-Unis sur le thème de «Histoire et nostalgie en Tunisie». Ses dessins et collages ont été exposés à Tunis (Espace Imagin' et Galerie View), ainsi qu'à la bibliothèque de l'Ohio State université et au Centre culturel français à Sanaâ (Yémen). Ses études ont éveillé son intérêt pour les histoires qui façonnent l'espace de la ville. En tant que chercheur et artiste, il n'a cessé d'explorer, depuis les années quatre-vingt dix, le paysage urbain de Tunis, s'inspirant de ce qui se donne à voir et à vivre dans la cité, mais aussi des traces et autres inscriptions du passé. Un passé justement, dont il semble nostalgique et qu'il tente de réanimer en rendant hommage à des bâtisses, enseignes et autres lieux autrefois connus, certains déchus et délabrés et d'autres encore ont fini par rendre l'âme et disparaître. Des dessins stylisés aux traits épurés, des instantanés pris sur le vif comme pour signifier l'urgence de les immortaliser, l'urgence du moment, la peur que cela disparaisse… auxquelles il mêle des collages de divers matériaux. Il ne s'agit pas là de reproduire, mais plutôt de raconter à sa manière. Il nous offre ainsi des bribes de récits, ceux d'une dynamique humaine, des moments de partage dans ces lieux de mémoire, des émotions, croque des rires, des tablées, se balade dans les impasses, les ruelles pour garder l'essentiel dans un enchevêtrement de traits et de papiers collés. A ne pas rater.