«Bond à part» : une écriture picturale qui éveille en chacun de nous la richesse de notre ville et de notre environnement. Depuis quelque temps l'Espace Imagine de Carthage abrite les œuvres récentes de l'artiste peintre David Bond qui nous vient tout droit des Etats-Unis et plus exactement de l'Ohio où il travaille en tant que chercheur en Art et Design à l'Ohio State University. David Bond est également un ancien collaborateur de la revue de l'Institut des belles lettres arabes Ibla (de 1995 à 2010). «Bond à part» regroupe l'ensemble des «cartographies artistiques» et originales qu'il a réalisées durant son séjour en Tunisie. Elles offrent au spectateur l'image d'une Tunisie dynamique et en perpétuel mouvement où le passé et le présent s'entremêlent et se croisent à chaque coin de la ville. L'univers artistique de Bond est coloré, ludique et urbain. Il puise son inspiration dans la figuration libre, dans l'illustration et les techniques de représentation urbaine contemporaine. Son désir de représenter le mouvement permanent de la ville en mutation génère la naissance de nouvelles mises en scène qui mêlent l'intuition et la spontanéité faites de fraîcheur et de passion. Au tournant d'une rue, dans une impasse, un passage, il observe et produit, à sa manière, les scènes de rues, les lumières, les odeurs et les bruits, etc. Ses toiles sont la plupart du temps composées de dessins, d'indices, d'adresses de lieux, de cartes, de repères, de dessins des monuments et des bâtiments les plus connus en Tunisie. Ses surfaces reposent toujours sur des espaces, des supports naturels où l'on retrouve inlassablement une matière témoin de l'empreinte humaine et de l'œuvre du temps. Il travaille les superpositions de matières, joue avec les effets graphiques et dynamise l'espace par la couleur. Il donne à voir des ambiances urbaines où l'Homme tient une place importante. Parfois très présent, comme figé dans un instant; parfois réduit à une simple trace. David Bond construit ses toiles dans un jeu constant entre formes et couleurs. Acryliques, pigments et collages, il crée des espaces qui prennent de la matière au fil des grattages, des ajouts, des brossages, etc. Dès lors, les couleurs peuvent s'amuser à s'opposer et à s'accorder : le noir et le blanc surtout, mais aussi parfois les rouges et les violets, les jaunes et les oranges. Habitué par l'ambiance des villes modernes, leurs architectures, ainsi que par la vie quotidienne de leurs citoyens, David Bond ne s'intéresse pas à l'imitation de la réalité, mais tente de la représenter avec une sensibilité et une vision personnelles. Dépeindre ces scènes, c'est comme écrire une pièce de théâtre, tout peut être exagéré, métamorphosé, diminué ou neutralisé... Avec enthousiasme et sensibilité, David Bond livre son regard cultivé en Amérique sur un pays arabo-africain, il délivre toute sa beauté, tout en respectant sa vérité intime. L'exposition est visible jusqu'à la fin du mois courant.