Un festival qui raconte une épopée qui a eu lieu à Sfax la nuit du 14 janvier. La Hajouja est un mot qui remonte à une période très lointaine : le XIIe siècle. D'après les documents historiques en notre possession, l'historique de ce terme date depuis 1148, où les Normands conquirent la ville de Sfax, y installèrent une garnison et emmenèrent en otage le savant juriste Abou El Hassen Al Feriani, son chef spirituel. Avant de se laisser emmener, celui-ci recommanda à ses concitoyens et à leur tête son fils Omar de se soulever contre les occupants normands. Le gouverneur Omar Ibn Abou El Hassen Al Feriani sonna la révolte contre l'occupant. Mais surgit un problème : l'occupant obligea tous les habitants de Sfax à lui remettre leurs sabres et même les couteaux de ménage. Devant cette situation, Omar fit construire un atelier souterrain sous forme de puits — pour tromper l'ennemi — et chaque nuit, les concitoyens y descendaient secrètement pour fabriquer des armes sous forme de cannes. Ayant eu recours à la ruse, les hommes de Omar demandèrent aux habitants de la ville de leur donner des graines de fève (le nombre de fèves est égal au nombre de chaque famille) contre la distribution des «cannes-armes». Le 14 janvier 1157, tous les habitants sortirent dans la rue pour manifester. Ils ornèrent des vaches avec des bijoux offerts par les femmes, préparèrent les fèves dans de grandes marmites et les servèrent aux invités (ce plat à base de fève s'appelle hajouja), chantèrent et dansèrent en portant les cannes à la main. Quant aux soldats normands, ils crurent que c'était une tradition chez les Sfaxiens et ils participèrent à la fête. Dès que les habitants se furent assurés que tous les soldats furent de la fête, le massacre eut lieu et tous les soldats furent tués. Le lendemain, 1er ajmi 1156, la ville devint libre et indépendante. Les vaches citées ci-haut rejoignirent la route de Tunis à quelques kilomètres du centre-ville (Chihia actuellement) où elles furent abattues et leurs viandes distribuées aux pauvres. Quant aux bijoux, ils furent vendus et avec l'argent récolté furent construits des puits connus sous le nom : «puits des vaches». Voilà donc l'origine de la Hajouja chez quelques historiens comme Ibn Al Athir et Ibn Khaldoun. Mais il y a d'autres sources qui indiquent que ce terme de ‘‘Hajouja'' est la déformation de la prononciation de «Hajouza» qui veut dire barrière et qui désigne la nuit séparant le 14 et le 15 janvier, le passage des nuits «blanches» (Lyeli El Bidh) aux nuits «noires» (Lyeli Essoud). Quelle que soit la signification du terme, Sfax organise, chaque année, un festival sous cette appellation. A l'occasion de cette 7e édition, le programme concocté est très alléchant et très riche. Il a été marqué par un spectacle de feux d'artifice, une visite à travers la Médina, des conférences sur l'historique de la Hajouja, un spectacle de conte et, hier soir, le public a eu rendez-vous avec un concert de Malouf sous la conduite du maestro Nizar Abdelkefi. Aujourd'hui 14 janvier aura lieu la clôture avec des ateliers, mets de la hajouja et expositions.