Débrayage aujourd'hui de plus de 670 mille fonctionnaires, auxquels s'ajoutent ceux du secteur public dont la grève du 22 novembre dernier a été annulée. Selon Sami Tahri, la grève n'aura pas d'impact ni sur l'économie ni sur l'ordre public et «n'a rien à voir avec celle du 26 janvier 1978», affirmant que la grève aura lieu pacifiquement, sans troubles ni dérapages «Finies les négociations gouvernement-Ugtt, sans succès. Et par ricochet, la grève générale dans la fonction et le secteur publics, prévue le 17 janvier, sera, donc, maintenue», ainsi déclare le secrétaire général adjoint de la centrale syndicale, M. Hfaiedh Hfaiedh, lors de la conférence de presse qu'il a donnée, hier, à la place Mohamed-Ali à Tunis, peu après un dernier round des pourparlers sur les majorations salariales ayant eu lieu le matin même. A ses dires, le recours à cette ultime décision n'est certainement pas un choix, accusant le gouvernement d'être le responsable du blocage des négociations. S'ensuit le débrayage de plus de 670 mille fonctionnaires, auxquels s'ajoutent ceux du secteur public dont la grève du 22 novembre dernier a été finalement annulée. Toutefois, rappelle-t-il, l'accord qui était, alors, conclu à l'arraché demeure tronqué, ne répondant jusque-là qu'à seulement un des quatre points discutés : l'augmentation salariale dans le secteur public. D'autres revendications sont encore en instance, en l'occurrence la réforme, au cas par cas, des entreprises publiques en difficulté et la révision de la loi de 1985 les organisant. « Le secteur public est donc directement concerné par la grève d'aujourd'hui», argue-t-il. Concessions Les négociations engagées dans la fonction publique ont été menées à un rythme marathonien, engagées au titre de trois ans 2017-2018-2019. Mais, le gouvernement semble avoir dérogé à la règle du jeu. Ce qui a poussé, à l'en croire, l'Ugtt à les reprendre après avoir fait des concessions : « Nous avons accepté que les augmentations salariales soient au titre de deux années au lieu de trois et qu'elles prennent effet à partir d'octobre dernier et non pas de mai 2018 à l'instar du secteur public. Et que la deuxième majoration soit, également, comptabilisée depuis mai 2019». Mais le gouvernement n'a pas réagi positivement, optant, pour sa part, pour janvier 2020, comme échéance de versement de la seconde tranche. Par ailleurs, et après de longues tractations à ce niveau, l'Ugtt, souligne-t-il, a fini par approuver le seuil proposé par le gouvernement, soit une hausse de 136 à 180 dinars sur le brut, variant selon les hiérarchies professionnelles (cadres, agents d'exécution…). Cela n'a pas encore abouti. De l'avis de M. Hfaiedh, le versement de ces augmentations sous forme de crédit d'impôt était la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. N'étant pas comprises dans la masse salariale, ces augmentations ne bénéficieront pas à des centaines de milliers de retraités. Il n'y aura pas de dérapages Son camarade Sami Tahri a pris la parole pour faire une mise au point : «La grève d'aujourd'hui est la responsabilité du gouvernement. C'est lui qui a mis en échec les négociations, poussant le bouchon très loin». Et de poursuivre : l'Ugtt a pris une telle mesure pour défendre les intérêts de ses affiliés. Selon lui, la grève n'aura pas d'impact ni sur l'économie ni sur l'ordre public. Ça n'a rien à voir avec celle du 26 janvier 1978. Pour finir, il a voulu lancer un message clé : «Samedi, la commission administrative se réunira pour décider de nos prochains mouvements qui ne vont pas tarder». L'escalade, en quelque sorte. Mais, M. Tahri a rassuré que la grève aura lieu pacifiquement, sans troubles ni dérapages.