On s'attend à ce que les négociateurs de l'Ugtt et du gouvernement retournent au cours de la semaine à la table du dialogue en vue de parvenir à une solution qui épargnerait au pays la grève générale prévue le 22 novembre dans la Fonction publique. Les syndicalistes posent leurs conditions tout en demeurant ouverts à la négociation La grève générale de la Fonction publique programmée pour le 22 novembre aura-t-elle lieu comme prévu, comme ne cessent de le répéter les syndicalistes au cas où le gouvernement ne répondrait pas aux revendications de l'Ugtt et ne consentirait pas aux agents de la Fonction publique des majorations salariales «au moins égales à celles accordées au secteur public». La question s'impose d'elle-même, même si l'actualité politique (attentat terroriste à l'avenue Bourguiba, tiraillements sur le remaniement ministériel promis par Youssef Chahed) a relégué la grève annoncée par l'Ugtt au second plan. Sauf que les membres du bureau exécutif de l'Ugtt, en premier lieu Sami Tahri, porte-parole officiel, Slaheddine Selmi, chargé des entreprises publiques, ne manquent pas une occasion pour rappeler que la grève est toujours à l'ordre du jour et mobiliser les salariés pour participer massivement à la grève au cas où le gouvernement continuerait à faire la sourde oreille aux revendications syndicales. Et le discours syndical de conjuguer la menace de la grève à la volonté de négocier avec le gouvernement dans le but de parvenir à une solution qui épargnerait au pays le débrayage des fonctionnaires le 22 novembre, comme ce fut le cas pour les salariés du secteur public qui ont fini par avoir gain de cause, deux jours avant la date du 24 octobre dernier, jour prévu pour leur grève générale annulée en dernière minute. Les syndicalistes soutiennent qu'ils sont déterminés à faire réussir la grève du 22 novembre tout en restant disposés à dialoguer avec le gouvernement. C'est ce qu'a souligné, samedi dernier, Sami Tahri, porte-parole de l'Ugtt, en présidant, à Sousse, la conférence des cadres de la Fonction publique. Il insiste : «La grève du 22 novembre constitue la seule voie pour arracher les droits des salariés de la Fonction publique et obliger le gouvernement à retourner à la table des négociations sociales qui devaient prendre fin le 15 septembre dernier conformément à l'accord-cadre signé entre le gouvernement et l'Ugtt». Il ajoute : «Nos mains restent tendues vers le gouvernement pour engager un dialogue sérieux dont les résultats devraient aboutir à des majorations salariales ne devant pas être inférieures à celles obtenues par les salariés du secteur public». Il semble que les responsables syndicaux se sont passé le mot pour s'entendre sur un discours unifié : «La grève est maintenue sous condition que le gouvernement accepte de négocier et de traiter les fonctionnaires comme ceux du secteur public», ce qui revient à dire qu'un fonctionnaire du ministère de l'Agriculture percevra une majoration égale à celle déjà décidée pour son collègue exerçant par exemple à la Sonede. Slaheddine Selmi, membre du bureau exécutif de l'Ugtt chargé des entreprises publiques, n'y va pas par quatre chemins pour rassurer les fonctionnaires. En s'adressant, vendredi, aux cadres syndicaux de la Fonction publique à Kairouan, il indique : «Pour le moment, nous attendons la réponse du gouvernement au préavis de grève. Sauf qu'il est certain que les majorations salariales ne seront pas inférieures à celles servies au secteur public». Slaheddine Selmi précise encore : «La vraie bataille ne concerne pas les augmentations salariales. Pour l'Ugtt, le plus important est la préservation des entreprises publiques et il est inacceptable que le gouvernement ne dispose pas d'un plan de sauvegarde de ces entreprises» (même si l'accord signé dans le secteur public prévoit que le dossier de ces entreprises sera traité au cas par cas). Il est à relever que les négociations entre le gouvernement et l'Ugtt reprendront au cours de la semaine. On s'attend, par ailleurs, à ce que la rencontre qu'a eue, jeudi dernier, Noureddine Taboubi, secrétaire de l'Ugtt, avec Mohamed Ennaceur, président du Parlement, puisse aboutir à l'apaisement de la tension gouvernement-Ugtt et permettre la reprise des concertations dans une atmosphère détendue afin de surmonter les malentendus.