Ce n'est pas seulement l'Etat qui vient de s'engager dans la lutte contre la pauvreté, mais aussi les collectivités publiques, les établissements et entreprises publics et privés, les organisations nationales, les associations, les familles et la société civile. Tous ces partenaires assureront aux catégories démunies le droit à un revenu minimum fixe, aux interventions sociales urgentes et à obtenir la priorité à l'intégration dans l'économie solidaire sociale. Alors que Mohamed Trabelsi, ministre des Affaires sociales, vient d'annoncer la création imminente d'une agence d'intégration sociale, nous sommes manifestement devant une mobilisation sans précédent de l'Etat, des collectivités publiques, des établissements et entreprises publics et privés, des associations, des familles et de la société civile qui vont conjuguer leurs efforts pour la prévention de la pauvreté et hâter sa régression en vue d'instaurer une justice sociale. Un pour tous, tous pour un ! Tel est le moteur du Projet de loi organique relatif à la création du programme «Amen social» pour la promotion des catégories pauvres et des catégories à revenu limité. Le programme a de vastes ambitions, telles que la création d'une commission nationale chargée de déterminer les orientations générales des politiques sociales de l'Etat dans ce domaine, la création d'un registre de données sur les catégories pauvres et les catégories à revenu limité, la mise en place d'un modèle de scoring sur la base des dimensions de privation multiple en vue d'identifier et de classer en catégories pauvres et en catégories à revenu limité… C'est Mohamed Trabelsi qui a donné le coup d'envoi du programme le 25 janvier dernier et qui a attesté que son adoption par l'ARP est une réalisation législative considérable. «Le programme va accorder aux catégories démunies le droit à un revenu minimum fixe, les faire bénéficier d'interventions sociales urgentes, ainsi que la priorité à leur intégration dans l'économie solidaire sociale», a-t-il ajouté. C'est avec un esprit d'innovation que le programme «Amen social» introduit de nouveaux concepts de la pauvreté avec une approche ciblée de la situation des familles démunies se basant sur les TIC pour minorer les marges d'erreur. Un conseil supérieur de développement social, qui verra prochainement le jour, sera présidé par le Chef du gouvernement pour signifier que la lutte contre la pauvreté est, d'abord, un devoir d'Etat, mais aussi de toutes les autres grandes composantes de la société tunisienne : autant parler du principe «Un pour tous, tous pour un» ! Point de départ : 250 mille familles M. Trabelsi a tenu à répéter plusieurs fois que la pauvreté n'est absolument pas une fatalité mais qu'elle est le produit de nos erreurs de gouvernance et de notre modèle de développement social qui n'a pas résisté à l'effet du temps. Autant dire que nous avons du pain sur la planche, alors que le programme «Amen social» ne pourra entamer son parcours qu'avec 250 mille familles et ce n'est que progressivement qu'il parviendra à atteindre 622 mille familles. Entre-temps, il faudra attendre le début de juillet prochain pour clôturer le processus d'élaboration de l'identifiant unique réservé à ces catégories. Un retard dû aux efforts d'actualisation du registre de leurs données personnelles alors que le recensement est en cours de réalisation par le ministère pour cette mise à jour des données afin de répertorier 540 mille familles sur un corpus initial de 900 mille familles ciblées. Ce pas étant capital pour la régularisation des interventions sociales ciblant les trois millions de personnes qui bénéficient dans notre pays de la gratuité ou du tarif spécial des soins. De toute évidence, cela prendra du temps mais les choses bougent quand même du côté de ce programme et c'est encore M. Trabelsi qui vient d'annoncer, il y a quelques jours, la création très prochaine d'une agence d'intégration sociale en Tunisie. Une agence qui aura justement pour mission de gérer le fameux registre des données portant sur ces catégories.