Dès l'annonce de sa création et en attendant l'organisation de son congrès constitutif électif, fin avril prochain, «Tahya Tounès», le parti qui se fixe l'ambition de rassembler les centristes, loin des guéguerres de faux leadership, commence déjà à séduire les formations et les personnalités qui partagent sa vision et considèrent qu'il est temps de rompre avec l'éparpillement de la grande famille centriste Les centristes ont-ils, enfin, trouvé le site qui va les rassembler, l'espace où ils pourront travailler ensemble, le parti qui leur permettra de faire entendre leur voix et de faire valoir leurs programmes, loin de l'éparpillement et de la fâcheuse guerre des ego et des ambitions personnelles démesurées ? La question se pose à la faveur de l'annonce de la création du parti «Tahya Tounès» dont les fondateurs soulignent qu'il est censé rassembler la famille moderniste, toutes composantes confondues, et qu'il est ouvert à toutes les formations et personnalités politiques dont la vision est proche des orientations et des principes défendus par le parti. Jeudi 21 février, Slim Azzabi, le coordinateur général de «Tahya Tounès», a insisté sur la dimension ouverture et rassemblement du parti, faisant valoir que ce sont les militants de base qui décideront des personnalités qui dirigeront le parti, lors du congrès constitutif électoral prévu en avril prochain, et aussi des programmes que le parti aura à promouvoir auprès des citoyens au cours du prochain rendez-vous électoral de fin 2019. Et Slim Azzabi d'ajouter : «Nous n'avons pas l'ambition de mettre en place une machine électorale qui nous permettra de gagner les prochaines élections législatives et présidentielle. Notre objectif est plutôt de construire un parti politique durable et hautement structuré capable d'assurer à l'avenir la majorité parlementaire nécessaire à la stabilité et à l'autonomie gouvernementales». Et la durabilité du parti et sa structuration dépendent de la conviction selon laquelle il n'est plus acceptable qu'un parti politique repose sur les caprices et les désirs de qui que ce soit. D'ailleurs, le message propagé par Slim Azzabi a été saisi à la lettre par certains partis déjà en concertation avec «Tahya Tounès» en vue d'une future alliance en prévision des prochaines échéances électorales. Hier, vendredi 22 février, Mohamed Ali Toumi, porte-parole d'Al Badil Ettounsi, le parti présidé par Mehdi Jomaâ, a révélé que «les négociations avec Tahya Tounès sont à un stade avancé. Nous sommes convaincus à Al Badil de la nécessité de rassembler la famille centriste». Et pour lever toute équivoque quant à la position d'Al Badil vis-à-vis d'une possible candidature de Youssef Chahed à la présidence de la République au nom de Tahya Tounès, Mohamed Ali Toumi précise : «Cette probabilité n'affectera pas la décision de notre alliance avec Tahya Tounès parce que pour nous, vouloir réduire un parti à une personne éparpillera la famille centriste». En plus clair, Mohamed Ali Toumi insinue que Mehdi Jomaâ, président d'Al Badil, ne sera pas en compétition avec Youssef Chahed en vue de la candidature à l'élection présidentielle dans la mesure où l'essentiel est de gagner la bataille de rassembler la famille centriste autour d'un programme commun et d'une personnalité qui offre les meilleures conditions possibles en matière de compétence, de rayonnement et de leadership en vue de gagner la présidentielle de fin 2019. D'ailleurs, l'idée de rompre définitivement avec les guéguerres de leadership et les ambitions personnelles déplacées a été déjà évoquée par Mohsen Marzouk, secrétaire général de Machrou Tounès, le parti qui ne cesse de soutenir tous les efforts visant à rassembler la famille centriste autour d'un programme commun et d'un leader qui sera soutenu par toutes ses composantes. Le secrétaire général de Machrou Tounès a souligné, en effet, qu'il est disposé à s'aligner sur un tel programme et à appuyer le leader tant attendu de cette même famille au cas où les conditions de réussite d'un tel projet seraient réunies. Certes, il est encore tôt d'affirmer que Mohsen Marzouk et son parti coaliseront avec Tahya Tounès. Il reste, cependant, que les thèses et les approches développées, jeudi dernier, par Slim Azzabi, sont plutôt encourageantes et motivantes pour convaincre Machrou Tounès de s'allier avec Tahya Tounès et éviter de commettre de nouveau l'erreur de coaliser avec onze petits partis comme il l'a fait à l'occasion des élections municipales du 6 mai 2018. C'est le cas également de la famille destourienne qui a largement sa place au sein de Tahya Tounès, via le parti Al Moubadara présidé par Kamel Morjane, actuel ministre de la Fonction publique.