Sous le patronage du ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique et conjointement avec l'ambassade du Pakistan en Tunisie, l'Institut supérieur de théologie-Ezzeitouna (IST) a tenu, récemment, à son siège à Maâkal Ezzaim, dans la capitale, son premier séminaire international de réflexion sur l'islamologue pakistanais «Mohamed Ikbal, le philosophe et le poète (1877-1938)». L'amphithéâtre «Ibn Khaldoun» était comble, où universitaires et étudiants ont pris part à la manifestation. Uléma de renom, penseur à l'esprit réformiste dont les œuvres philosophiques et poétiques sont si largement appréciées qu'elles inspirent thésards et doctorants. Ayant à son actif des poèmes et des ouvrages littéraires traduits dans plusieurs langues vivantes. A l'IST, pas mal de projets de fin d'étude le prennent pour sujet de recherche. La conférence se veut, alors, un hommage tunisien à sa mémoire, à un homme si exceptionnel qui avait épousé son temps et marqué, jusque-là, l'histoire du monde islamique. Son petit-fils, Walid Ikbal, aujourd'hui député au parlement pakistanais, est venu spécialement pour assister au débat. A l'ouverture, M. Hichem Grissa, président de l'université Ezzeitouna, a fait l'éloge de son parcours, riche en leçons de morale fondées sur les préceptes d'un Islam unificateur et modéré. Sans doute, ajoute-t-il, la Tunisie musulmane colle aussi à cette réalité dans sa diversité. « Illustre uléma venant de l'Orient, Mohamed Ikbal était un fervent défenseur des causes de la Omma». «L'avenir des Arabes est tributaire de l'Islam, et par conséquent il faut resserrer les rangs pour unir tous les musulmans», clamait, à l'époque, Mohamed Ikbal. Le leader tunisien cheikh Abdelaziz Thâalbi était son contemporain. Et M. Grissa d'aller plus loin, faisant valoir les relations de fraternité et de coopération qui lient la Tunisie au Pakistan. Avant de conclure, le doyen d'Ezzeitouna a lancé un message à ses étudiants : «Faire rayonner l'image de votre université aux quatre coins du monde islamique». Relations en perpétuelle évolution L'ambassadeur de la République islamique du Pakistan, son excellence Mohamed Hassan, le présente comme une figure de proue hors du commun. Pour lui, il fut le père spirituel de sa nation. Il était un penseur éclaireur qui avait le verbe facile. Ses idées et ses pensées dépassent les frontières. Mais Mohamed Ikbal était aussi avocat et militant politique. «Voire une personnalité plurielle », résume-t-il. Un rappel pour l'histoire : l'Inde lui doit beaucoup, il vint au secours de ses musulmans. Par ailleurs, le directeur de l'IST, Dr. Mounir Rouisse est revenu sur l'historique des liens déjà établis entre son université (Ezzeitouna) et le Pakistan. C'est que des étudiants pakistanais sont passés par ladite université, laquelle s'intéresse beaucoup à Mohamed Ikbal, comme inspirateur. Sans doute, les relations tuniso-pakistanaises sont bel et bien séculaires. Depuis les années 70, il y a eu un échange d'ulémas. Après la révolution, ces relations n'ont pas cessé d'évoluer : «Une convention de coopération entre l'université Ezzeitouna et celle d'Islamabad (Pakistan) fut, alors, signée en 2012», note-t-il. En marge de la conférence, une nouvelle salle de classe, portant le nom de Mohamed Ikbal, a été inaugurée. De même, une chaire en son nom aura sa place à cette université. En avril 1964, Cheikh Mohamed Fadhel Ben Achour, intellectuel et théologien tunisien, l'a qualifié de «grand sage de l'Islam et l'un de ses leaders réformateurs à l'époque moderne, sans conteste».