L'économie sociale et solidaire (ESS) représente un modèle de développement qui a permis d'atténuer les répercussions négatives de la crise mondiale sur les pays développés et qui a contribué au développement de l'économie de nombreux pays émergents. Le but recherché étant de créer une dynamique régionale, capable de valoriser le potentiel ainsi que les ressources locales mais qui vise aussi à développer l'esprit de la citoyenneté et de l'autonomisation économique durable, faciliter le passage de l'économie informelle vers le système formel, réduire la disparité entre les régions et promouvoir la création d'emplois décents ainsi que de nouvelles formes de travail en prenant en compte les besoins des populations marginalisées et des personnes à besoins spécifiques. D'après Anissa Ayari, chargée de l'économie sociale et solidaire auprès du ministère de la Formation professionnelle et de l'Emploi, les donnés relatives à l'emploi des femmes sont alarmantes et l'écart entre les hommes et les femmes ne cesse de se creuser ces dernières années : le taux de chômage est de 22,7% pour les femmes contre seulement 12,5% pour les hommes en 2018, avec des taux encore plus élevés pour les femmes diplômées du supérieur : 40,3% contre 18,7% chez les hommes. Et c'est face à ce problème aussi complexe que l'économie sociale et solidaire peut être parmi les réponses à apporter pour contribuer à réduire ces écarts et à garantir l'inclusion économique de la femme à travers le développement de l'esprit d'initiative solidaire, de créativité et d'innovation pour créer de véritables opportunités d'emplois décents. Un environnement juridique et institutionnel favorable à l'ESS Dans ce cadre, le ministère de la Formation professionnelle et de l'Emploi travaille sur la promotion de l'économie sociale et solidaire à travers le projet Promess (Promotion des Organisations et des Mécanismes de l'Economie Sociale et Solidaire) qui vise à promouvoir les organisations et les mécanismes de l'ESS et à créer des opportunités d'emplois décents dans le domaine de l'ESS pour les jeunes, hommes et femmes. Ce projet se focalise notamment sur la mise en place d'un cadre juridique et institutionnel pour l'ESS, l'appui aux initiatives en matière d'ESS dans les gouvernorats du Kef, Jendouba, Siliana et Béja, le renforcement des capacités ainsi que le développement des démarches innovantes d'outils et de mécanismes de soutien à la création d'initiatives pérennes dans l'ESS. « L'édification d'une économie solidaire et intégrée favorise la relance économique, la création davantage d'opportunités d'emploi et vise l'amélioration du climat des affaires», précise Ayari. Elle ajoute que, dans le cadre d'une approche consensuelle et participative, le ministère de tutelle a coordonné les travaux de réflexion qui ont été engagés pour la mise en place de ce cadre juridique relatif à l'ESS, et ce, sur la base de toutes les initiatives qui ont été menées dans ce sens. On cite notamment l'initiative législative de l'Union générale tunisienne du travail (Ugtt) avec la contribution de l'Union tunisienne de l'industrie du commerce et de l'artisanat (Utica) et l'Union tunisienne de l'agriculture et de la pêche (Utap). «Le cadre juridique de l'ESS, qui a fait l'objet des deux conseils ministériels, sera soumis bientôt à l'Assemblée. Ce dernier vise à garantir la reconnaissance juridique de l'ESS comme un troisième secteur économique, et ce, à côté des secteurs public et privé, délimiter le périmètre de l'ESS à travers la détermination des entités ESS, mettre en place un système de gouvernance permettant de promouvoir ce secteur et mettre en place des mécanismes de financement ainsi que des mesures fiscales incitatives spécifiques à ce secteur », souligne-t-elle.