« Le secteur de l'économie sociale et solidaire est en premier lieu un choix politique », affirme Akrem Belhadj Rhouma, expert juridique et planification stratégique Le projet de loi sur l'économie sociale et solidaire est actuellement en cours de finalisation par le ministère de la Formation Professionnelle et de l'Emploi Le modèle économique social et solidaire a été introduit assez tard en Tunisie. De part son importance stratégique et le succès rencontré dans de nombreux pays étrangers tels que la France, et s'est pour dire que l'Organisation des Nations unies (ONU) considère l'économie sociale et solidaire comme le moyen le plus indiqué pour atteindre les objectifs de développement durable à l'horizon 2030. Par définition, l'économie sociale et solidaire ESS est une part de l'économie qui regroupe tous les organismes ou entreprises menant une action sociale ou ayant pour but de mettre en valeur la solidarité et le rôle qui lui sied. Au vu de notre situation actuelle, lors d'une conférence nationale sur l'économie sociale et solidaire tenue le mois de juillet 2017, le chef du gouvernement Youssef Chahed a annoncé la mise en place d'une stratégie globale visant à asseoir sur des bases solides l'économie sociale et solidaire. D'ailleurs, plusieurs mesures ont ainsi été annoncées par le chef du gouvernement afin de promouvoir ce secteur dont notamment la création d'un conseil de l'économie sociale et solidaire, le développement d'un cadre juridique propice à l'économie sociale et solidaire, ainsi que la création d'un organisme de financement spécifique à ce secteur, qui seront mises graduellement en place. Il est à noter aussi que la Tunisie vient à peine de s'engager dans la phase préliminaire pour doter d'un cadre juridique. Le projet de loi en question est actuellement fignolé par le ministère de formation professionnelle et de l'emploi. S'agissant de l'accès au financement pour les acteurs de l'ESS, il s'avère qu'il est encore plus difficile qu'il ne le semble pour les autres acteurs économiques, d'où l'importance d'initier une réflexion sur le diagnostic et les éventuelles solutions à mettre en œuvre afin de développer des mécanismes de financement spécifiques au contexte économique délicat que traverse la Tunisie. L'objectif du gouvernement est que ce secteur contribue, d'ici 2020, à 5% du PIB. Dans ce cadre, Lab'ess, accélérateur d'innovation sociale, a organisé une conférence vendredi dernier intitulé « Oui à la Finance solidaire en Tunisie ! ». L'événement est en partenariat avec l'Agence Française de Développement (AFD), le PNUD, la GIZ et l'UBCI. A travers cette conférence, Lab'ess s'emploi à infléchir la perception des organismes financiers tunisiens sur les projets à impact social par le billet d'un partage d'expériences entre les acteurs tunisiens et étrangers. L'Economie Sociale et Solidaire contribue de 1% au PIB du pays et de 0.6% dans l'emploi Dans le même ordre d'idées, Akrem Belhadj Rhouma, expert juridique planification stratégique a parlé sur son étude portant sur l'ESS en Tunisie. Tout d'abord, il a indiqué que ce secteur nécessite plus amples efforts. M. Rhouma a précisé qu'en Tunisie, le secteur de l'ESS contribue de 1% au PIB du pays et de 0.6% à l'emploi. Et d'ajouter : « Parce que le secteur n'existe pas en Tunisie, il faut le fonder en premier lieu, mettre en exergue un plan de communication et un système de formation. Tous ces éléments doivent être mis en place simultanément. Il faut signaler aussi que le secteur de l'économie sociale et solidaire est en premier lieu un choix politique ». Il a souligné que la participation de l'économie sociale et solidaire en Tunisie reste insuffisante et faible du fait de l'absence dans quatre principes à savoir ; le cadre juridique, le cadre institutionnel, l'existence des statistiques fiables et un système de financement, autant de facteurs essentiels pour la consolidation de ce secteur. D'autre part dira-t-il, il faut savoir que la seule chose que le gouvernement est en train de faire, c'est de mettre en place un cadre juridique pour ce secteur. « L'Economie sociale et solidaire pourrait être un secteur générateur d'emplois et en plein essor qui nous permet de nous écarter de la spirale vicieuse celle de compter sur la subvention de l'Etat et du secteur privé. Par conséquent, nous nous défaisons pour intégrer de plain pied l'initiative collective. Mise à part la bonne volonté, il faut une action de terrain et une action politique aussi », a-t-il précisé. En dépit de nombreux obstacles juridiques et financiers, l'ESS s'attache à concrétiser son lancement effectif en Tunisie malgré les opportunités qu'elle peut offrir aux jeunes notamment dans les régions de l'intérieur.