En intégrant le Comesa, la Tunisie aspire non seulement à devenir un hub d'investissement en Afrique, mais à renouer avec sa dimension africaine, puisque cette communauté constitue le fer de lance de l'intégration continentale de l'Afrique. L'Assemblée des représentants du peuple (Arp) a voté hier, le projet de loi organique approuvant le traité d'adhésion de la Tunisie au marché commun de l'Afrique orientale et australe Comesa, et ce, après le report de la séance plénière qui a été tenue à cet effet mardi dernier, pour faute de quorum. Huit mois après la conclusion de l'accord d'adhésion au Comesa lors de son 20ème sommet, tenu dans la capitale zambienne Lusaka, la Tunisie peut désormais lancer les négociations sur les procédures du processus d'intégration. Une période transitoire de 3 à 5 ans est accordée à la Tunisie pour s'aligner, dans une première étape, sur les réglementations et les normes en vigueur et mettre en œuvre les abattements des droits de douane qui peuvent, éventuellement, atteindre les 20%. Des secteurs prometteurs En intégrant le Comesa, la Tunisie aspire non seulement à devenir un hub d'investissement en Afrique, mais à renouer avec sa dimension africaine, puisque cette communauté constitue la zone de libre-échange la mieux intégrée de l'Afrique et le fer de lance de son intégration continentale. Une entreprise titanesque à laquelle les Africains se sont, tout de même, attelés. «L'adhésion de la Tunisie au Comesa incitera les investisseurs étrangers ciblant le marché africain à s'y installer et à en faire un pont vers l'Afrique Subsaharienne. C'est un marché très important qui compte 500 millions d'habitants où plusieurs pays enregistrent des taux de croissance élevés et un PIB qui s'élève à 700 milliards de dollars», a souligné le ministre du Commerce, Omar Béhi, dans son intervention lors de la séance plénière tenue mardi dernier. Sachant qu'actuellement, la part des exportations vers les pays du Comesa ne dépasse guère les 5,5% du total des exportations tunisiennes et que seulement deux pays, à savoir la Libye et l'Egypte, se taillent la part du lion avec 90% des exportations, il est notoire que la Tunisie dispose d'un potentiel important pour augmenter le volume des échanges commerciaux avec les pays subsahariens du Comesa et, ainsi, booster l'export. En effet, selon une étude publiée en 2018 par l'Institut tunisien de la compétitivité et des études quantitatives (Itceq) portant sur les opportunités d'exportation sur la zone du Comesa, les avantages comparatifs ainsi que la forte compétitivité caractérisant une large gamme de produits tunisiens permettront de mieux positionner la Tunisie en tant que fournisseur pour plusieurs pays dynamiques du Comesa, à l'instar de l'Ethiopie et du Rwanda. En effet, l'étude mentionne à titre d'exemple les ouvrages en fonte, fer ou acier, les papiers et cartons, les matières plastiques et les produits pharmaceutiques. Des actions à engager pour réussir l'intégration «La Tunisie peut, dès lors, bénéficier des avantages et des facilités offerts par les divers fonds du Comesa et elle peut, également, accéder aux programmes transversaux. Il est, également, notoire que les administrateurs et les cadres tunisiens peuvent avoir accès aux différentes structures institutionnelles de la communauté, notamment bancaires et juridiques», a expliqué M. Behi, dans son intervention lors de la séance plénière. Toutefois, le chemin est encore long et la Tunisie a du pain sur la planche. L'absence de représentations diplomatiques dans bon nombre de pays subsahariens et surtout de dessertes aériennes, sont les principales difficultés que les autorités sont appelées à pallier pour réussir l'intégration du marché tunisien au Comesa. En effet, l'étude réalisée par l'Itceq précise que le renforcement du positionnement de la Tunisie au sein du Comesa «demeure fortement tributaire de plusieurs actions qui doivent être engagées pour améliorer l'accès des entreprises tunisiennes aux pays du Comesa, notamment l'augmentation du nombre de représentations diplomatiques, le renforcement des dessertes aériennes et maritimes, la simplification des procédures douanières, l'amélioration de l'implication des banques tunisiennes dans ce marché et l'assouplissement de la loi des changes pour faciliter les opérations d'exportation sur ce marché».