Une conférence a été consacrée hier, 28 mars, aux défis et aux recommandations issus de la mise en œuvre de la loi organique n°2017-58 relative à l'élimination des violences faites aux femmes. La ministre de la Femme, de la Famille, de l'Enfance et des Personnes âgées, Néziha Laâbidi, y a défendu un dossier qui lui est particulièrement cher. Plusieurs intervenants, qui représentent les partenaires du ministère dans ce dossier, se sont succédé pour démontrer que la violence faite aux femmes est avant tout une violation des droits humains et une discrimination envers les femmes. ‘'Les lois seules sont-elles capables d'éradiquer ou, du moins, laminer les violences contre les femmes ? Ces lois doivent exister car elles renferment le principe du respect et des lignes rouges. Nous avons également mis en place des mécanismes comme le numéro vert où nous parviennent plus de 6 appels par jour. La dame qui s'en occupe passe ainsi de 6 à 10 heures à écouter et à conseiller les femmes et ce chiffre est à multiplier par le nombre de gouvernorats. Nous avons également 8 centres d'accueil des femmes victimes. Il faut également s'occuper des époux qui sont coupables des violences. Nous devons aussi préparer les jeunes à la vie en couple'', a souligné Néziha Laâbidi, ministre de la Femme, pour introduire la conférence qui se tient un an après la promulgation de la loi organique n°2017-58 relative à l'élimination des violences faites aux femmes. Une conférence qui a été l'occasion d'examiner la situation et les défis de sa mise en œuvre en exposant différents mécanismes, normes, bonnes pratiques et difficultés liées à la prévention, la protection, les poursuites et les partenariats au travers d'expériences pratiques et pertinentes. ‘'Il est essentiel que nos mentalités évoluent'' ‘'Aujourd'hui nous avons pratiquement clôturé le rapport sur les violences et nous allons bientôt donner une copie au Chef de l'Etat et au président de l'ARP. Ce qui en ressort c'est que nous avons pensé à des mécanismes parallèles avec d'autres ministères. Ce sont des jalons que nous mettons en place mais il est essentiel que nos mentalités évoluent, que nous considérons l'égalité comme un réflexe. Dans beaucoup de cas, les femmes distribuent les rôles et quand nous entendons parler d'une amie qui vient de donner naissance, nous achetons quelque chose de bleu quand il s'agit d'un garçon et de rose pour une fille. C'est nous aussi qui participons aux clivages'', reconnaît Laâbidi. Selon elle, si les actions veulent être efficaces dans ce dossier, elles doivent prendre en considération le fait que l'homme est un être humain qui a des devoirs et des droits et nous devons le considérer de cette manière pour pouvoir poser la première pierre de l'égalité. ‘'Nous sommes face à un mur des lamentations, nous sommes là pour des doléances qui ne mènent pas à grand-chose. Nous le savons mais nous allons renverser la tendance avec une initiative qui donnera certainement ses fruits : nous avons institué un programme ‘'She and He for Us'' pour travailler tout le temps sur cette égalité ensemble'', commente Néziha Laâbidi. Incriminer les actes fondés sur le genre Plusieurs intervenants qui représentent les partenaires du ministère dans ce dossier se sont succédé pour argumenter sur de nombreux points, mais surtout à propos de prévention. Il s'agit de Tim Cartwright, chef du bureau du Conseil de l'Europe en Tunisie ; Teresa Albero, représentante du haut-commissariat de l'ONU pour les droits de l'homme ; Soukeina Bouraoui, directrice de Cawtar ; Anna Mattéoli, du centre d'information sur les droits des femmes en France… et d'autres. Ce qui en ressort, c'est que la violence faite aux femmes est avant tout une violation des droits humains et une discrimination envers les femmes. Elle inclut ainsi toute forme de violence à l'encontre d'une femme… parce qu'elle est femme ! Et puisque la compréhension est essentielle dans ce chapitre, les intervenants se sont accordés à décrire cette violence comme tous les actes fondés sur le genre qui entraînent des dommages et des souffrances de nature physique, sexuelle, psychologique ou économique et même politique. En définitive, la conférence a permis de présenter un état des lieux de la situation en la matière dans la région sud-méditerranéenne et en Tunisie, de réfléchir à la mise en œuvre sectorielle de la nouvelle loi et d'échanger sur la prévention des violences à l'égard des femmes. Lors de la seconde journée, qui se tiendra demain, des recommandations pourront émaner des différents acteurs.