Les syndicats patronal et agricole revendiquent une majoration immédiate du prix du lait à la consommation. Ils menacent d'escalade dans le cas où les autorités ne répondraient pas aux revendications des professionnels dans un délai de 15 jours. Pour les professionnels de la filière laitière, la crise sectorielle perdure. Ils affirment que face à l'investissement libre, la fixation du prix du lait à la consommation constitue un véritable dilemme, dans la mesure où le coût à la production est en hausse continue. Hier, les représentants des diverses chambres syndicales du secteur laitier, relevant respectivement du syndicat des agriculteurs (Utap) et du patronat (Utica), ont tenu au siège de l'Utap la troisième conférence de presse consécutive — après celles tenues aux mois d'octobre et de novembre derniers — pour revendiquer la majoration des prix de vente, tout en brandissant la menace d'escalade dans le cas où le gouvernement continuerait à faire la sourde oreille. Dans son intervention, le président de la Chambre syndicale des centres de collecte relevant de l'Utap, Hamdi Aifi, a appelé les autorités à répondre aux revendications des professionnels du secteur dans un délai maximal de 15 jours. La filière laitière étant profondément menacée, le président de la Chambre syndicale des centres de collecte a affirmé qu'une majoration du prix du lait à la consommation estimée de 200 à 300 millimes est devenue inévitable et doit être opérée dans l'immédiat. Il a précisé, à cet égard, que l'investissement dans le secteur a drastiquement baissé depuis 2010 en raison de sa non-rentabilité (environ de 4 millions de dinars). Il a également mis en garde contre la régression du cheptel ovin inhérente à l'abandon de la production laitière. De son côté, le président de la Chambre syndicale des industries du lait, relevant de l'Utica, Boubaker Mehri, a mis l'accent sur l'actuelle baisse de la réserve du lait qui avoisine les 23 millions de litres, soit 4 millions de litres de moins par rapport à l'année précédente. Une quantité insuffisante pour approvisionner le marché, notamment durant le mois de Ramadan, affirment unanimement tous les intervenants. « Pour pallier ce déficit colossal, le gouvernement aurait recours à l'importation du lait. Une importation dont le coût s'élèverait à plus de 60 millions de dinars. Il serait, alors, judicieux d'en faire bénéficier l'agriculteur tunisien », a précisé Mehri. Par ailleurs, il a noté que deux centrales laitières ont, désormais, mis la clé sous la porte. Pour sa part, le Président Directeur Général de la société d'industrie laitière Vitalait, M. Ali Klebi a expliqué que cette crise qui ne cesse de s'enliser, puise son origine dans la continuelle dévaluation du dinar. En effet, depuis la dernière majoration décidée au mois de juillet 2018, le dinar a enregistré une baisse de 11%, affirme-t-il. Klebi a, par ailleurs, précisé que le gouvernement a, officieusement, trouvé un terrain d'entente avec les divers intervenants de la filière, sur une augmentation de 180 millimes pour le litre. Toutefois, les ministères concernés se sont montrés jusque-là réticents et n'envisagent pas, semble-t-il, une augmentation du prix, souligne Klebi. Tout en mettant l'accent sur la nécessité de sensibiliser les citoyens à l'urgence d'une telle décision, le PDG de la centrale laitière a appelé le gouvernement à procéder immédiatement à la majoration revendiquée.