Un trophée sur les cinq promis pour l'Espérance cette saison vient de choir. Ce fut en supercoupe d'Afrique devant un impressionnant Raja Casablanca dans le sublime cadre du stade de Doha. Dommage ! L'Espérance est passée littéralement à côté du sujet avant-hier, à l'occasion de la supercoupe d'Afrique à Doha, où elle a connu l'une de ses pires déconvenues de ces dernières années. Ce fut au grand bonheur de son rival, le Raja Casablanca, qui lui était nettement supérieur à tous les niveaux. Et dire qu'avant le match, tout prêtait à croire que l'EST bénéficiait logiquement (voire largement) de l'avantage des pronostics devant les Marocains qui étaient loin de briller en championnat local, nettement dominé par le Widad Casablanca. Seulement, c'était trop sous-estimer le Raja qui reste quand même une grosse cylindrée toujours difficile à manier. Une défense disloquée Peut-on dire, du coup, que l'Espérance est «débilement» tombée dans la trappe de l'excès de confiance et de l'orgueil démesuré et qu'elle avait vendu la peau de l'ours avant de l'avoir tué? Il y a un peu de cela. Juste un peu car il ne faut guère minimiser le brio du Raja qui était rayonnant en attaque, en défense et au milieu du terrain. Et alors que les joueurs de l'Espérance erraient sur le terrain sans avoir la tête sur les épaules, ceux du Raja affichaient un jeu articulé, réfléchi et très efficace. Tout le monde dans le stade de Doha, qui était plein comme un œuf, ainsi que les millions de téléspectateurs, s'étaient agréablement délectés de la qualité supérieure du jeu du Raja. D'ailleurs, on a commencé à redouter la défaite de l'Espérance juste après les dix premières minutes du match durant lesquelles les deux équipes se sont tâté le pouls. Car, après, le Raja a commencé à sortir son grand jeu, surtout quand il a constaté que l'Espérance n'avait rien de cette équipe qui avait donné le tournis au grand Ahly d'Egypte lors de la dernière finale de la Ligue des champions. Elle n'était que l'ombre d'elle-même. Bizarrement ! Sa défense était disloquée. On y pénétrait comme dans du beurre. Ses trois compartiments étaient éloignés et ses attaquants, Badri, Khénissi, El Houni et Bguir étaient démunis de tous leurs repères. En contrepartie, on a vu des Marocains très habiles dans la construction d'un jeu offensif, à la fois généreux et culotté. Mais ce qui nous a le plus épaté chez l'équipe du Français Patrice Carteron, c'est qu'elle arrivait aisément à développer des assauts répétitifs basés essentiellement sur des passes courtes et rapides qui ont poussé le milieu et surtout la défense espérantiste à commettre des bourdes primitives. Et n'eût été le formidable apport du keeper Rami Jéridi qui a sauvé sa cage au moins sur trois occasions nettes, le score aurait été humiliant pour notre représentant. Le mystère Blaïli Autant les joueurs de l'Espérance bégayaient dans leur jeu, autant la technique individuelle et surtout collective était évidente chez les Rajaouis qui sont parvenus à scorer à deux reprises : à la 22e grâce au talentueux Abdallah Hafidhi et à la 65e avec le but de l'axial Badr Benoun. Pourtant, avec l'incorporation de Youssef Blaïli à la place de Saâd Bguir à la mi-temps, on a eu l'impression que l'Espérance qui était comme groggy jusque-là allait renaître de ses cendres. Seulement ce n'était que feu de paille, puisqu'après le but égalisateur (1-1) de Blaïli à la 57', le Raja a vite repris en main les rênes du match. C'était, en conclusion, une question de maîtrise tactique et de mental de joueurs. Maintenant, on est en droit de se poser la question : pourquoi Blaïli n'était pas rentrant ? Et jusqu'à quand l'Espérance restera-t-elle à la merci du rendement de ce joueur sans lequel il n'y a presque rien à voir chez la troupe à Mouîne Chaâbani ? Pour le moment, c'est le doyen des clubs tunisiens qui trébuche et qui perd le premier trophée d'une saison qui lui en promettait cinq.