Passée enfin par la case studio, Fanfaraï livre un premier album intitulé tout simplement Raï Cuivré dans un raccourci évocateur. Car c'est en choisissant de remplacer la zurna (instrument à vent à anche double de la famille du hautbois) dans leur orchestre par des cuivres que les musiciens de Ziyara ont enfanté Fanfaraï, un deuxième groupe autonome et indépendant d'une dizaine de musiciens. Par ses familiarités, ses accointances avec le jazz ou les musiques latines, l'ensemble cuivré (soubassophone, trombone, sax, trompette) patine le répertoire nord-africain (chaâbi, gnawa, raï…) de cette fanfare tout terrain qui, après avoir démarré dans la rue, se produit désormais aussi sur scène dans de nombreux festivals. Au fil des plages, on reconnaît quelques grands classiques des musiques du Maghreb (Wida Nzor, Chilet Laayani…) qui ne se limitent pas (on ne le répétera jamais assez) qu'au seul raï. Sur le premier de ces deux titres, les instruments à vent soulignent la mélodie quand ils ne balancent pas quelques pêches rythmiques en ponctuations des avalanches percussives des darboukas et autres karkabous. Sur Chilet Laayani, le groove ondulant de cette chanson d'amour chaâbi accueille des soli jazzy avant de se latiniser autour d'une rencontre congas/darboukas. Ce Raï cuivré relie Afrique du Nord et Amérique du Sud en composant un subtil assemblage qui n'a rien d'outrancier ou de choquant, comme si ces musiques n'avaient toujours demandé qu'à dialoguer.