C'est en milieu d'après-midi, samedi, qu'a eu lieu la séance d'ouverture de la célébration de la Journée mondiale de philosophie, placée cette année sous le thème: «Philosophie, diversité culturelle et rapprochement des cultures». La manifestation, à l'initiative de la Chaire Unesco de philosophie de l'Université de Tunis, se déroulait à la Cité des sciences à Tunis et se poursuivait dans la journée du dimanche à travers l'organisation de quelque neuf tables rondes, suivies par un «Café philosophique». Modernité, interculturalité, stratégies de modernisation, pensée philosophique arabe, dialogue des civilisations, éducation, mais aussi philosophie entre espace public et technologies modernes de la communication : tels sont les thèmes qui, d'une façon générale, marquent les discussions de ces tables rondes, autour desquelles de nombreux philosophes d'ici et d'ailleurs ont été invités à parler. En fait, l'ailleurs en question renvoie au monde arabe, et ces deux journées constituent une sorte de grand rendez-vous de la pensée philosophique arabe en vue de concevoir, d'une façon plus concertée, un rôle plus clair dans la construction raisonnée, mais exaltée et exaltante, d'une modernité qui ne soit ni la simple importation de modèles prêts à l'emploi venus de l'Occident ni un affaissement dans des postures négatives qui ne s'appuient sur nos traditions que pour mieux tourner le dos à l'exigence de modernité et de dialogue des cultures. Comme le rappelle le professeur Mohamed Mahjoub à l'occasion d'une communication qui fut un moment fort de cette séance d'ouverture (Philosophie et stratégies de la modernité : Modernité des normes ou modernité du sens) : il y a eu un moment philosophique d'appropriation de l'héritage grec dans l'histoire de la pensée arabe, même si cette appropriation constituait une référence aux côtés d'autres références. Ce qui signifie bien que l'ancrage dans la tradition philosophique n'est pas pour nous une façon de quitter le navire de notre civilisation pour en rejoindre un autre, mais bien un moyen de réactiver notre ancienne appropriation de l'héritage grec. La communication du Tunisien Mohamed Mahjoub, à laquelle nous venons de faire allusion, faisait suite à celle du Jordanien Fahmi Jadaane qui, lui, avait parlé d'Idées directrices pour une stratégie culturelle contemporaine. La Chaire Unesco entendait ainsi, en accordant à ces deux figures de la pensée philosophique arabe le privilège de marquer de leur empreinte l'ouverture de ce rendez-vous, rendre hommage à leur apport. Auparavant, deux autres personnages avaient été honorés; non pas en leur donnant la parole, mais en rappelant leur parcours par d'autres. Il s'agit du Tunisien Abdelwahab Bouhdiba et de l'Egyptien Anouar Abdelmalek – qui n'a pu être présent pour raison de santé —, et qui furent présentés respectivement par les professeurs Taoufik Cherif et Abdelaziz Labib.