Cette année, la journée mondiale 2010 contre le sida, célébrée en Tunisie, cible particulièrement les jeunes en les invitant à adopter une démarche préventive personnalisée. Le Plan national de lutte contre le sida et les maladies sexuellement transmissibles initié en 1986 a mis en place des centres de dépistage et d'écoute à travers le pays qui opèrent des tests anonymes et gratuits et apportent une assistance psychologique aux malades. Ce plan permet aussi un accès gratuit aux trithérapies dans 4 pôles (Tunis, Sousse, Monastir et Sfax), au contrôle systématique des produits sanguins, à la lutte contre la contamination du fœtus, à l'éducation très avancée des filles et aux outils pour une meilleure connaissance et prévention de la maladie. Etant primordiale dans le système de lutte contre la maladie, la sensibilisation vise à enraciner le comportement préventif surtout chez les jeunes, catégorie la plus touchée. La nonchalance et le laisser-aller, qui caractérisent leur comportement vis-à-vis du sida et des maladies sexuellement transmissibles, indiquent que malgré les efforts fournis par les institutions étatiques et les ONG pour véhiculer l'information sur ces maladies et sensibiliser les jeunes quant à l'importance de l'utilisation du préservatif et autres précautions vitales, plusieurs personnes n'ont toujours pas de connaissances suffisantes sur ces pandémies. Certaines ignorent même qu'il y a des malades en Tunisie. D'autres pensent que les personnes vivant avec le VIH (atteintes du sida) sont mises en quarantaine. Leurs connaissances quant aux processus de transmission du virus laissent également à désirer. Il y en a qui pensent encore que le VIH se transmet par piqûre de moustique... Le corps parle plus que la raison Pourtant la grande majorité des jeunes ont peur du sida. Selon les statistiques fournies par le ministère de la Santé, le nombre cumulé des personnes atteintes par le virus en Tunisie est de 1.620 (de 1985 au 30 octobre dernier), dont 40 % ont été contaminées par voie sexuelle. Il faut dire aussi que le recul de l'âge du mariage autour de 30 à 33 ans (contre 20 ans, il y a trente ans) rend encore plus indispensable la prévention. Cette catégorie de la population est la plus vulnérable. Quand on arrive à la trentaine et qu'on est célibataire, le corps parle plus que la raison. Et si l'on est en plus mal informé, on ne va pas comprendre son corps. En l'absence d'un traitement fiable, l'intérêt de lancer des opérations d'information et de prévention et de dépistage dans les milieux fréquentés par les jeunes reste alors la meilleure méthode pour lutter contre l'épidémie. Plus tôt on se fait dépister, plus vite on augmente les chances de se faire traiter. Le nouveau rapport du Programme des Nations unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) pour l'année 2010 publié récemment révèle que d'importants efforts sont consentis par la Tunisie en matière de lutte contre le sida, notamment, en termes de couverture du traitement anti-rétroviral qui est de l'ordre de 53%, contre 11% dans la région du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord et 36% à l'échelle mondiale. Ce rapport indique par ailleurs que de 2001 à 2009, le nombre des nouvelles infections au VIH s'est stabilisé ou réduit de plus de 25% dans 56 pays au moins à travers le monde, dont 34 pays d'Afrique subsaharienne. Une tendance positive révélant selon ce rapport que le monde est parvenu à atteindre l'un des objectifs du millénaire pour le développement visant à "freiner et inverser la courbe de l'épidémie". Bon à savoir * Il n'est actuellement pas possible de guérir de l'infestion par le VIH, mais seulement de ralentir son activité par des médicaments, ce qui permet aux personnes séropositives de vivre plus longtemps. * Selon les laboratoires, le vaccin contre le VIH pourrait être disponible d'ici 15 à 20 ans. * Dans le monde, quand une personne est mise sous traitement, trois sont contaminées. * Il est possible de limiter le risque de contamination par le VIH en prenant certaines précautions (préservatif lors des relations sexuelles, mesures d'hygiène lors de l'injection de drogues, de pratiques de tatouage, piercing, acupuncture, etc.). * Ne pas partager les objets potentiellement porteurs de sang infecté : brosse à dent, rasoir… * Mesures de protection des professionnels de santé (gants, masques surtout les chirurgiens…). *Les malades parlent maintenant de "bien vivre leur séropositivité" et de "bien vieillir".