TEHERAN (Reuters) — A la veille de nouvelles discussions à Genève avec les puissances mondiales, l'Iran a annoncé qu'elle allait se servir pour la première fois hier de concentrés d'uranium de fabrication domestique. Le programme nucléaire iranien utilisait jusque-là du concentré d'uranium (yellowcake) acheté à l'Afrique du Sud dans les années 1970. Cette annonce a tout d'un signal adressé à la communauté internationale sur la détermination de la République islamique à poursuivre ses activités dans le domaine nucléaire. De nouvelles discussions se dérouleront aujourd'hui et demain à Genève. L'Iran défend son droit à développer un programme nucléaire civil. L'Occident le soupçonne de chercher par ce biais à se doter de la bombe atomique. Les scientifiques nucléaires du site de conversion de l'uranium d'Ispahan ont utilisé hier de la poudre d'uranium concentré produite en Iran. "Le premier lot de yellowcake (produit dans la ville) de Bandar Abbas a été réceptionné aujourd'hui (dimanche) sur le site nucléaire d'Ispahan", a annoncé Ali Akbar Salehi, qui dirige l'Organisation atomique iranienne. "Tout le processus s'est naturellement déroulé sous le contrôle de l'Aiea (l'Agence internationale de l'énergie atomique)", a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse télévisée. La conversion de l'uranium est l'étape préalable à son enrichissement. Il s'agit de transformer le yellowcake en hexafluorure d'uranium (UF6), composé qui peut ensuite être enrichi dans des centrifugeuses. Selon le degré d'enrichissement, l'uranium peut servir de combustible pour des centrales nucléaires ou pour la fabrication d'armes atomiques. D'où la volonté des puissances occidentales d'obtenir de Téhéran la suspension de ses activités d'enrichissement. Ali Akbar Salehi a souligné que cette avancée démontrait que son pays faisait de rapides progrès technologiques en dépit des sanctions renforcées cette année par le Conseil de sécurité de l'ONU et de l'Occident. "Peu importe la peine qu'ils se donnent dans leurs sanctions et dans la création d'obstacles de toutes sortes, nos activités nucléaires se poursuivront", a-t-il dit. Les analystes n'attendent pas d'avancée à Genève, qui réunira représentants de l'Iran et du P5+1 (les cinq membres permanents du Conseil de sécurité et l'Allemagne) pour la première fois depuis plus d'un an. Au mieux, estiment-ils, cette rencontre pourrait déboucher sur d'autres rendez-vous. Mais l'assassinat la semaine passé d'un chercheur nucléaire iranien à Téhéran, que l'Iran a imputé à des services de renseignement occidentaux, pourrait assombrir l'atmopshère à Genève. "Une fois de plus, je préviens les mauvais augures et les criminels internationaux que nous sommes ici, que nous résistons et que nous continuerons notre résistance", a ajouté Salehi.