Ce dont le CA aurait besoin, notamment en cette période délicate de son parcours, c'est de rester fidèle à sa vocation et de respecter les valeurs traditionnelles de son histoire. C'est bien le minimum que l'on puisse faire pour un maximum d'ambition et de potentiel. Celui qui a dit que les grands clubs ne meurent jamais devrait quelque part penser à l'une des faces cachées du football que l'on ne saurait jamais oublier... On ne sait pas vraiment ce qu'il convient d'imaginer pour une équipe comme le Club Africain. Ce qu'il faut déduire à travers ce qu'elle ne cesse de laisser entrevoir, ce qu'il faut attendre par rapport à la valeur intrinsèque et collective de ses joueurs, et enfin ce qu'on pourrait espérer de ses hommes et de tous ceux qui se donnent le droit et les prérogatives de penser l'avenir du club. A défaut de trouver jusqu'ici les formules adéquates ou les hommes capables de montrer la voie, l'on ne manque pas de relever une certaine incapacité dans l'affirmation de certains principes et valeurs de jeu, mais aussi de stratégie et de gestion. A un certain niveau, il faut certainement l'aptitude, c'est-à-dire la qualité, le talent, mais aussi l'attitude et le comportement. Où en est le CA dans tout cela ? Pour bien en prendre la mesure, il convient d'analyser trois indicateurs essentiels : l'aptitude des joueurs, leur sens de la compétitivité et l'environnement dans lequel ils sont tenus d'évoluer et de s'exprimer. Ici et là, on peut certainement retenir des motifs de satisfaction. Mais également des défaillances qu'on n'arrive pas à combler depuis le temps qu'elles avaient commencé à se propager. Le football est une leçon permanente d'abnégation. C'est aussi un repère de moralité. C'est dire à quel point on aurait besoin d'avoir au CA une profonde conscience de la réalité. Et lorsque les hommes du club en prendront la mesure, ils sauront certainement qu'ils sont là pour faire honneur à l'histoire d'une véritable institution. C'est-à-dire à la fois l'éducation, le sens du devoir et de la responsabilité. En un mot, la chance d'être là, au sein même d'un véritable patrimoine…Le CA peut certainement être remué, mais il se doit de rester bien disposé et bien carré. Un paradoxe, pourtant. Pourquoi ne parvient-il pas toujours à grandir et à s'élever? Les résultats acquis récemment, mais aussi le comportement des joueurs et leur rendement, en donnent l'explication et font état de l'absence d'une adaptation qui ne fait que trop durer. On n'achète pas un statut, une place, une réputation au supermarché, mais en se donnant à fond sur le terrain, en ayant une envie terrible de s'imposer, une grinta, un désir farouche de gagner, une grande fierté aussi à porter le maillot, et donc une véritable culture de la gagne. Les qualités physiques et techniques ne suffisent pas si on n'y ajoute pas la générosité, le dépassement de soi, s'il n'y a pas ces ingrédients qui provoquent l'émotion. Tout cela, ça ne se décrète pas par hasard. C'est une question d'état d'esprit. Ce qu'il y a de beau dans le football, c'est qu'il va au-delà de ce qui est permis. Tout joueur en qui existe un potentiel est capable de faire plus que ce qu'il pense pouvoir accomplir. Il peut atteindre un meilleur niveau et progresser, à condition d'identifier ce qui va provoquer le déclic. Les joueurs et les responsables de l'équipe clubiste devraient comprendre et prendre conscience de ce qu'ils ont à faire sur le terrain et ailleurs. Gardien de valeurs... Il n'est pas question ici d'instruire le procès généralisé du système qui ne semble pas jusqu'ici favoriser les meilleures conditions de travail et l'environnement le plus favorable. Nous souscrivons à des remarques fondées sur une observation objective de la réalité. Elles s'inscrivent malheureusement dans une histoire ancienne et une réflexion éternellement renouvelée : il reste constamment sous-jacent au sein du club cette tentation de négliger la vraie respiration du football, que ce soit sur le terrain ou dans les bureaux. Dans les moments décisifs, on oublie trop fréquemment que tout en étant capable de monter haut, l'effort pour s'y maintenir est davantage plus coûteux. Et si l'équipe craque trop facilement, c'est qu'elle donne ainsi l'idée de ne pas avoir acquis la fermeté du système. Autant dire que le malaise perçu ici et là n'est pas seulement d'ordre technique. Mais aussi et surtout de tout un environnement. Beaucoup de choses ne tournent pas rond. Pas uniquement sur le terrain. Mais également là où se conçoit et s'oriente l'avenir du club. Si les joueurs donnent l'impression de ne pas être suffisamment entreprenants dans leurs actes et dans ce qu'ils sont censés fournir, ils le sont encore davantage dans leur tête où ils semblent de plus en plus manquer de sérénité. Le sens de la complémentarité et de la solidarité en football, et dans la vie d'une façon générale, fait que les défaillances de certains doivent être compensées par la solidité des autres. Le problème dans l'équipe clubiste est bien là : les cadres ne donnent pas l'impression de pouvoir assumer entièrement leur rôle, leur responsabilité. Ou encore, ils n'en ont pas peut-être l'aptitude. Le constat incite certainement à réfléchir… Au-delà d'autant de constats, peut- être bien aussi de jugements, il devrait forcément y avoir une véritable recomposition des priorités, de la définition des rôles et de la stratégie. En somme, tout ce qui est de nature à permettre à une équipe de s'attacher davantage au terrain. Le CA, tel qu'il se revendique aujourd'hui, est loin de pouvoir rassurer comme il avait l'habitude de le faire dans le passé, surtout dans les moments difficiles. Mais là où il se trouve, il ne devrait pas, pour une raison ou pour une autre, baisser les bras. On dit souvent que le match le plus douloureux, c'est toujours la dernière défaite. Mais les mauvais moments ne sont-ils pas justement des opportunités pour mieux rebondir ? Le talent, c'est aussi la faculté de rebond. Ce dont le CA aurait besoin, notamment en cette période délicate de son parcours, c'est de rester fidèle à sa vocation et de respecter les valeurs traditionnelles de son histoire. C'est bien le minimum que l'on puisse faire pour un maximum d'ambition et de potentiel. Celui qui a dit que les grands clubs ne meurent jamais devrait quelque part penser à l'une des faces cachées du football que l'on ne saurait jamais oublier...