Les journées de l'Entreprise qui fêtent cette année leur 25e anniversaire ont démarré, hier à Sousse, autour du thème : «L'entreprise face à ses défis». Une question qui se pose avec force aujourd'hui dans un contexte économique ébranlé par la crise économique et caractérisé par la globalisation et l'ouverture des marchés. Pour débattre ce thème, cinq aspects liés à l'entreprise et à son développement ont été identifiés afin d'être traités dans le cadre de panels thématiques. Il s'agit notamment des défis de l'internationalisation, des défis de la compétitivité, l'innovation, des défis de la gouvernance et des défis de l'avenir. M. Chékib Nouira, président de l'Institut arabe des chefs d'entreprise, l'Iace, a rappelé, dans une allocution d'ouverture que «Le choix du sujet de cette année puise sa justification dans la nécessité d'engager une profonde réflexion sur nos entreprises voire sur nous-mêmes». Il a, par ailleurs, noté que le comité d'organisation a voulu que cette 25e édition se démarque par rapport à ses précédentes ajoutant qu'en tant que «think tank», les journées sont devenues à travers les années un lieu de réflexion, de partage de points de vue et de formulation de recommandations. Concernant les thèmes qui seront débattus lors des journées, le président de l'Iace a souligné que cette année il sera question de focaliser sur l'entreprise en procédant à une autocritique afin de consolider les bonnes habitudes et d'aboutir à des recommandations concrètes et efficientes. M. Nouira a, par ailleurs, relevé qu'il était temps d'identifier des «champions locaux» qui soient présents à l'international . Une telle orientation, soutient-t-il, «tient compte des priorités nationales. Il est question surtout de la résorption du chômage et le maintien des équilibres généraux sans être opposés à la thèse de se contenter de la promotion des exportations en situation de libre circulation au lieu de s'implanter à l'international». Mais comment peut-t-on reconnaître les entreprises compétitives? C'est bien là l'une des questions qui se posent à chaque fois qu'on veut parler de compétitivité. Une question à laquelle il est difficile de répondre car le concept de compétitivité ne peut se réaliser que si un certain nombre de critères sont assurés. M. Chékib Nouira précise, dans ce même ordre d'idées, que «La compétitivité suppose outre la productivité, de la réactivité et de l'innovation de la part des entreprises. Faire de la veille, le traitement des informations disponibles, leur obtention à temps, leur diffusion et leur utilisation feront la différence, aussi bien en termes de réactivité que de saisie d'opportunité». S'agissant de la notion d'innovation , il relève qu'elle «ne veut systématiquement pas dire invention mais qu'elle peut, notamment, concerner l'amélioration de la productivité, la réinvention du mode d'organisation et de production ou encore la conception de nouvelles méthodes commerciales». Justement, note-t-il, «L'innovation est l'affaire de tous». Bien mieux, « c'est une culture dans l'entreprise. Chacun, de l'ouvrier à l'ingénieur, ou encore du commercial au chef d'entreprise doit apporter sa contribution. Les experts appellent cet état d'esprit l'entrepreneuriat». Le président de l'Iace s'est, également, félicité du fait que les participants soient à 50% des étrangers et que 25 nationalités marquent leur présence à cette édition. Pour revenir aux travaux de cette première journée, le premier panel a traité de «l'Entreprise et les défis de l'internationalisation». Une occasion pour traiter la question de l'internationalisation et son impact aussi bien sur l'entreprise que sur l'économie. M. Abderrazak Zouari, universitaire, a précisé que la question de l'internationalisation des entreprises du sud vers les pays du nord est un phénomène plutôt récent et que les études qui le traitent ne sont pas nombreuses. Il a en outre rappelé que le contexte économique mondial se caractérise aujourd'hui par un mouvement de libéralisation des capitaux et qu'on parle de plus en plus de convertibilité totale des monnaies. Le conférencier s'est penché, dans son intervention, sur trois axes qui concernent les effets globaux de l'internationalisation, la présentation d'exemples de pays qui ont réussi leur expérience en matière d'internationalisation et l'impact de l'internationalisation sur l'économie tunisienne. Il a, ainsi, souligné que l'internationalisation se rattache à deux sortes d'effets. Des effets positifs qui engendrent une complémentarité et des effets négatifs qui se rattachent à la substitution. Le spécialiste a noté, d'un autre côté que les effets à long terme sur l'emploi sont positifs. Pour ce qui est des expériences réussies, il a cité la Chine dont le nombre des entreprises ayant effectué des investissements à l'étranger a atteint, en 2006, les 5000, l'Inde et l'Afrique du Sud. Pour ce qui est de la Tunisie, le conférencier a relevé que le rythme des investissements tunisiens à l'étranger a connu une évolution remarquable et est passé de 9 millions de dinars en 2002 à 46 millions de dinars en 2006 et à 104 millions de dinars en 2009. Il a ensuite présenté plusieurs scénarios qui démontrent que le développement des investissements tunisiens à l'étranger est, dans tous les cas de figure, très important et a un impact positif aussi bien sur l'emploi que sur la réduction du déficit de la balance des paiements. M. Dov Zerah, directeur général de l'Agence française de développement, l'AFD a, de son côté, traité de la question de l'internationalisation en se référant à l'histoire et des grands moments qui ont marqué l'économie mondiale. Il a précisé, à ce propos, que la période de l'entre-deux-guerres a marqué l'organisation du monde économique actuel . Il a noté à cet effet que le krach de 1929 a généré un ensemble de mesures protectionnistes et une dévaluation de la compétitivité. Il a rappelé que les années 50 ont été consacrées à la reconstruction, les années 60 marquées par l'émergence de la société de consommation et que les années 70 ont vu la naissance des premiers flux d'investissements européens vers les pays du sud. M.Zhera a souligné qu'à partir de 2000, une nouvelle catégorie d'investissements a vu le jour. Il s'agit d'investissements provenant des pays du sud et implantés dans les pays européens. Le directeur de l'AFD a, par ailleurs, relevé que pour un pays comme la Tunisie l'internationalisation est un élément essentiel .Pour lui, cette perspective se voit favorisée par la mise en place depuis 50 ans d'un modèle économique et social approprié caractérisé par sa stabilité. Le conférencier a, dans ce même ordre d'idées, noté que pour réussir le défi de l'internationalisation, il était primordial de penser à un consortium économique et culturel Europe-Maghreb -Afrique et de se positionner dans la nouvelle zone de l'UPM.