Le sélectionneur des Aigles de Carthage vit actuellement une période de répit, quelque temps seulement après la défaite des Tunisiens au Botswana (1-0) en éliminatoires de la CAN 2012 «J'entraîne depuis plusieurs années en Tunisie (Club Africain de 2005 à 2007, l'Etoile du Sahel en 2007-2008 et la sélection nationale depuis juin 2010). Je sais comment fonctionne la presse ici. Vous gagnez et elle se montre dithyrambique, et si vous perdez, elle exige votre départ». C'est en ces termes que Bertrand Marchand s'est confié à Jeune Afrique. Et de rajouter: «C'est pour cela que je ne lis pas les journaux et que je n'écoute pas trop ce qui se raconte dans les médias… Après la victoire au Togo, (2-1), les commentaires, d'après ce qu'on m'avait rapporté, étaient élogieux. En Tunisie, il y a beaucoup de journalistes qui demandent le départ d'un entraîneur parce qu'il a fait deux matchs nuls de suite. Cela m'avait concerné quand j'entraînais des clubs. Moi, je ne me prends pas la tête». Une courte lune de miel... Il faut dire que la lune de miel entre les sélectionneurs des Aigles de Carthage et les médias tunisiens n'aura duré que quelques semaines. La faute bien sûr aux résultats en dents de scie des Tunisiens avec notamment cette double défaite face au Botswana. Bertrand Marchand est d'ailleurs revenu sur la dernière défaite des Tunisiens face au Botswana : «On a joué un mercredi, c'est-à-dire entre deux journées de championnat en Europe, où jouent beaucoup d'internationaux. Ceux de l'Espérance de Tunis avaient disputé quatre jours plus tôt la finale retour de la Ligue de champions contre Mazembé (1-1). Un voyage interminable, une nuit blanche, et de nombreux blessés (Jemaâ, Chikhaoui, Allagui, Haggui, Chermiti), essentiellement des attaquants». Et Marchand de poursuivre en balayant d'une main les rumeurs colportées par certains médias selon lesquelles le président de la Fédération tunisienne de football avait menacé de le «virer» en cas de mauvais résultat au Togo (au final, victoire tunisienne 2-1) : «Pas du tout. Il n'a rien dit du tout d'ailleurs. Vous savez, cela fait trente ans que je suis entraîneur. Je sais qu'on peut se faire virer du jour au lendemain. Cela m'arrivera peut-être un jour. Moi, je travaille pour le football tunisien. Mais je constate que dans les clubs, l'espérance de vie d'un entraîneur, c'est trois mois ! Combien d'entre eux ont été virés cette saison ? Une dizaine. Le problème, c'est qu'en Tunisie, on dramatise tout après une défaite». La culture du licenciement... Il est vrai que cette «dramatisation» de la défaite est pour beaucoup dans les récents déboires des techniciens en Tunisie, à commencer par le duo Benzarti-Lechantre. La culture du licenciement des entraîneurs pour obéir à la vindicte populaire est en train de prendre forme en Tunisie. Un danger qui guette un monde professionnel fragilisé par l'hémorragie d'entraîneurs dans les clubs tunisiens cette saison.