Les records tombent l'un après l'autre : des changements d'entraîneurs à la moyenne la plus faible des buts marqués… Loin de nous l'idée de brosser un tableau totalement noir de notre football qui, quoi qu'on en dise, possède des potentialités réelles. En revanche, il n'est pas question de faire la politique de l'autruche, de verser dans l'optimisme béat ou de se cacher derrière les vœux pieux ou les déclarations de bonnes intentions. C'est que l'état des lieux est alarmant comme l'indiquent résultats et chiffres, même si quelques professionnels du secteur s'époumonent, à juste titre, à dire et à répéter que les moyens humains et matériels sont bel et bien là et que le gâchis est énorme. Illusions… perdues Parce que nous avons longtemps refusé de regarder la réalité en face, l'équipe nationale est aujourd'hui réduite à jouer sa qualification à la prochaine phase finale de la CAN à pile ou face. Avec beaucoup plus de probabilité de ne pas y être que d'y être. Au niveau des clubs, l'illusion est également presque parfaite avec une Espérance en finale de la Ligue des champions africaine et le Club Sfaxien en coupe de la CAF. TP Mazembe et Fath Rabat sont venus rappeler à nos deux représentants que le compte est loin d'être bon avec la double issue que nous connaissons. Marchand, Benzarti (puis Kanzari dans la foulée) et Lechantre ont été les boucs émissaires tout indiqués, responsables sans doute en partie de l'échec, mais sûrement pas des choix stratégiques au départ. Ambiance exécrable en sélection, absence d'une défense solide à l'Espérance et l'évaporation du fameux jeu à la sfaxienne. Or, on parle aujourd'hui encore de qualification pour la CAN 2012, de Champions League immédiate à l'Espérance et de grandes ambitions au CSS. C'est vrai que ce n'est pas interdit de… rêver. Des chiffres alarmants! • 28 mouvements d'entraîneurs pour 13 journées : à défaut de records réels et positifs, voilà le genre de record que «s'amusent» à battre nos clubs et nos dirigeants. • 8 clubs ne sont pas parvenus à inscrire un but par match. 6 pour l'AS Gabès; 8 pour l'OB; 9 pour l'ASM; 10 pour le CSHL et 12 pour Zarzis (que toute la place considère comme la révélation de l'aller avec 21 points perdus en 13 rencontres et cette attaque transparente!). Pis encore, le leader incontesté de la compétition ainsi que son puissant dauphin ne sont même pas parvenus à une moyenne de deux buts (22 pour l'EST, 19 pour l'ESS). Poussons le raisonnement et les statistiques plus loin. Troisième, le ST a déjà perdu 19 points à l'aller et navigue à une moyenne offensive d'à peine 1 but par match (15 en 13 rencontres). Alors, de grâce, qu'on ne vienne pas nous parler de signaux positifs, de révélations ou de promesses réelles pour un retour meilleur. Un retour que bon nombre de clubs «tranquilles» ne disputeront, comme à l'accoutumée, qu'à moitié, faisant la part belle aux derniers de la classe qui se mettront, comme par miracle, à accumuler les points et les victoires à une moyenne supérieure à leur parcours lors des trois premiers quarts de l'aller ! Un petit mot concernant le meilleur buteur actuel et de la saison dernière, Akaïchi. Il a d'énormes potentialités physiques, mais lequel des entraîneurs qui se sont succédé tant au CA qu'à l'Etoile s'est soucié de lui dire qu'il faut qu'il lève la tête quand il joue ? Lequel s'est soucié de lui dire qu'il y a d'autres solutions techniques, individuelles et collectives que celle de chercher automatiquement son pied gauche pour tirer? Qui enfin s'est soucié et se soucie d'améliorer son jeu de tête médiocre par rapport à sa taille et à sa force physique ? Venons-en à présent à quelques détails. A l'Espérance, on ne parle que de millions, de recrues et d'attaquants alors que la logique veut qu'on résolve une fois pour toutes le problème du gardien et celui, plus urgent encore, de la défense. Ceci sans parler de la relance de Korbi, M'sakni et Darragi et d'un avant-centre capable de faire comme Eneramo : marquer tout de suite. L'Etoile doit pour sa part résoudre l'équation Adel Chedly, permettre à Danilo d'évoluer derrière ses attaquants, trouver quelqu'un pour épauler Akaïchi et une doublure pour ce dernier (voyez le casse- tête pour ce dimanche face à l'EST). Au CA, cela fait belle lurette que nous disons que le volet technique arrive au second plan. Pour combien de temps le club de Bab Jedid continuera à naviguer à vue? Nul ne pourrait répondre à cette interrogation sauf peut-être ses hommes. Pour le reste, seul le ST semble avoir fait un léger saut de qualité dans la stabilité. Mais à défaut de moyens, le club du Bardo ne pourra pas aller loin, et ce, en dépit de la sagesse de son président et du pragmatisme de son entraîneur. Les autres, tous les autres vivront au jour le jour. A moins que grands et petits n'optent pour des choix stratégiques.