Dans le cadre de la célébration de la manifestation «Kairouan, capitale de la culture islamique», le syndicat tunisien des médecins libéraux (section de Kairouan), l'Association médicale de Kairouan et l'Institut pour la prévention du cancer (Paris) ont organisé, récemment, les 1ères Journées internationales de sénologie interactive. Cette rencontre de très haut niveau a réuni un grand nombre de sommités du monde médical représentant les hôpitaux tunisiens et français, avec pour objectif de favoriser une coopération entre équipes tunisiennes et françaises en matière de sénologie et d'ébaucher une réflexion pour la mise en place d'un projet de dépistage du cancer du sein dans la région de Kairouan. A travers 22 conférences réparties sur 5 séances plénières, le colloque a abordé, entre autres, les dernières nouveautés dans la chimiothérapie et dans le traitement de ce fléau mondial. Les participants ont insisté lors des débats, sur le fait que le cancer du sein peut être traité efficacement s'il est pris à temps. En outre, il y a deux facteurs qui protègent la femme : l'allaitement et la gestation. Par contre, l'hormonothérapie peut favoriser le cancer du sein qui touche, en Tunisie, une femme sur 37, sachant que 27% des cancers des femmes tunisiennes sont des cancers du sein. Et ils sont très virulents chez les moins de 40 ans. Par ailleurs, la taille moyenne de découverte de ce type de cancer, dans notre pays est de 4,7 cm alors qu'il faudrait le découvrir avant 2 cm pour qu'il y ait un traitement conservateur qui éviterait l'ablation du sein. Le Pr Marc Espie, de l'hôpital Saint-Louis à Paris, a fait remarquer qu'en France, on enregistre chaque année 50.000 nouveaux cas de cancer du sein et 11.000 décès. Importance du dépistage Le Dr Mohamed Ghannem, chef de service à Paris et président de ces journées, a signalé que les progrès technologiques avancent et de nouveaux moyens thérapeutiques et de dépistage sont en cours d'évaluation et elles pourraient changer la nature des choses. «Néanmoins, il faudrait organiser davantage de campagnes de sensibilisation auprès du large public, afin d'encourager les femmes à subir, tous les 2 ans, un examen de dépistage par mammographie. Or, en France par exemple, il n'y a que 43% des femmes âgées de 50 à 74 ans, qui ont recours à la mammographie. Le reste des Françaises ne le font pas par négligence ou par oubli, et ce, malgré la prise en charge. Or, plus le cancer est décelé tôt meilleure est la réussite du traitement. En outre, le traitement est lourd car il y a souvent ablation du sein, suivie d'une chimiothérapie puis d'une radiothérapie, avec beaucoup d'effets secondaires. Et les conséquences psychologiques sont énormes. D'où l'importance de la prise en charge psychologique, aussi bien de la patiente que des membres de sa famille. En somme la prévalence du cancer du sein est difficile à apprécier et certaines études ont démontré le bénéfice de la prévention tant au niveau humain que matériel» précise Dr Ghannem. Notons qu'il été convenu de renforcer la coopération tuniso-française dans ce domaine et d'organiser, une fois par an, un colloque sur ce même thème à Kairouan, à l'instar de celui, organisé annuellement à l'hôpital Saint Louis, ce qui permettra un échange d'expériences entre les équipes médicales tunisienne et française.