L'écrivain Béji El Kamarti vient de publier un ouvrage intitulé Al fekr al Iqtisadi fil thaqafa al islamiya (La pensée économique dans la culture islamique). Il s'agit en fait du prolongement de sa thèse soutenue, des années auparavant, dont l'intitulé était : «L'économie et sa place dans la pensée islamique jusqu'au dixième siècle de l'Hégire». Dans son livre, l'auteur revient sur les origines de l'économie islamique en se basant sur la question des liens entre l'économique et le musulman mentionnée dans de nombreuses analyses de penseurs musulmans, dont les plus célèbres sont Al Mouwataê de Malek Ibn Anas, Al Om du Imam Echafei, Al Ahkam Asoltaniya de Abi Yaâla Al Hanbali, Al Kharaj de Ani Youssef, Siyaset Al Madina d'Al Farabi, Mahacen Attijara du Dimachki, Al Mouqaddima du penseur tunisien Abderrahmane Ibn Khaldoun, etc. Béji El Kamarti a voulu intégrer le mouvement de l'économie islamique dans la perspective d'une revitalisation de la branche normative et de la moralisation de l'économie. Il revient aussi sur le concept des banques islamiques, car qui dit économie islamique dit finance islamique qui se base sur deux principes : l'interdiction de l'intérêt, aussi appelé usure et la responsabilité sociale de l'investissement et elle a toujours lié plus étroitement la rentabilité financière d'un investissement avec les résultats du projet concret associé. Certes, acteur peu connu de la finance mondiale il y a encore quelques années, la finance islamique connaît aujourd'hui un développement appelé à perdurer au regard, notamment, des liquidités actuellement présentes dans un certain nombre de pays musulmans, et de la forte demande pour des produits compatibles avec la Chariaâ dans le monde islamique. Mais cette croissance suscite aussi un vif intérêt, y compris en Europe, où plusieurs pays s'interrogent sur la manière d'intégrer cette finance alternative aux côtés des activités conventionnelles d'où la nécessité de parler de nos jours d'économie islamique : dans la mesure où elle s'immisce profondément dans la vie individuelle et sociale. L'auteur rappelle que l'Islam a toujours déterminé l'ensemble des comportements et des valeurs de la société musulmane, structurée principalement autour de l'interdiction des transactions tant civiles que commerciales faisant recours à l'intérêt (riba), à la spéculation (gharar) ou au hasard (maysir). En somme, et comme l'atteste bien l'écrivain Kamel Omrane, en préfaçant cet intéressant ouvrage, La pensée économique dans la culture islamique de Béji El Kamarti va être sans aucun doute une nouvelle référence pour les spécialistes et les intéressés par ce nouveau paradigme tant la notion de l'économie islamique a toujours été marginalisée par le côté abstrait de ses mécanismes, ainsi que par l'éparpillement des publications mettant en exergue ce thème. Voilà un livre à lire et à relire !