JOS (Reuters) — L'armée patrouillait hier dans les rues de Jos, dans le centre du Nigeria, au lendemain de nouveaux affrontements entre musulmans et chrétiens ayant fait des centaines de morts. «Les soldats patrouillent et tout est calme partout. Nous estimons que 500 personnes ont été tuées mais je pense que le bilan sera un peu plus élevé que cela», a déclaré le responsable de l'information de l'Etat du Plateau, dont Jos est la capitale, Gregory Yenlong. La localité de Dogo Nahawa, située juste au sud de Jos, a été attaquée dimanche vers 03h00 du matin par des paysans musulmans de l'ethnie Hausa-Fulani qui ont tiré en l'air pour faire sortir des villageois chrétiens et les massacrer à coups de machette, ont raconté des survivants. Au moins deux autres communautés des environs ont été également attaquées, dans un secteur proche de celui où des affrontements intercommunautaires avaient fait des centaines de morts en janvier. Le porte-parole de la police, Mohammed Lerama, a déclaré de son côté que le bilan provisoire s'établissait à 55 morts. Les différentes factions ont tendance à minimiser ou exagérer, selon leur intérêt, le bilan des massacres. Situation «très perturbée» Selon un porte-parole de la Croix-Rouge, les conditions de sécurité restent «très perturbées». Les équipes de secours ont pu évacuer des blessés à l'hôpital de Jos, mais ne sont pas encore parvenues dans certains zones excentrées. Cette recrudescence de la violence interreligieuse complique la tâche du président par intérim du Nigeria, Jonathan Goodluck, qui s'efforce, à un an de l'élection présidentielle, d'asseoir son autorité sur un pays traditionnellement instable. Le Président en titre, Umaru Yar'Adua, est rentré d'Arabie Saoudite après trois mois de soins, mais il ne semble toujours pas en mesure de reprendre les commandes du pays. Le Président par intérim a placé les forces de sécurité en état d'«alerte rouge» pour empêcher que les Etats voisins de celui de Jos ne soient en proie à des représailles. Ces violences s'ajoutent à une longue liste d'affrontements déclenchés en 2000 par les efforts d'Etats du Nord pour imposer la chariaâ. L'Etat du Plateau se trouve au croisement du Nord musulman et du Sud chrétien. La rivalité est très vive entre les communautés pour le contrôle de ces terres fertiles, et des colons venus du Nord ont à plusieurs reprises provoqué des troubles depuis une dizaine d'années. En janvier, les autorités avaient déployé des centaines de soldats et policiers pour imposer un retour au calme après les massacres qui, selon les chefs de communautés, avaient fait plus de 400 morts à Jos. Selon le bilan officiel de la police, ces affrontements avaient fait 326 morts.