Les médias doivent surtout se tourner vers les vrais problèmes de fond loin de toute considération politique. Financement, gestion, règlements, organes de contrôle etc. ce sont là les vraies questions sur lesquelles doivent s'atteler journaux, télévisions, radios et sites sportifs. S'il est un domaine où il y avait une certaine marge, c'était sans doute le sport. Mais il ne faut pas exagérer, il y avaient des lignes rouges, des personnes intouchables, et ce, depuis le début des années 90. Dernièrement, on parlait beaucoup (trop) de sport et chaque jour à la télé, on avait droit à des plateaux télévisés, à des émissions radio, et à des pages entières. Mais justement, y avait-il de la "consistance" ? Pas forcément. On versait dans des analyses superficielles, personnifiées sans teneur, ni culture de débat. Trois ou quatre consultants réglaient leurs comptes avec leurs collègues ( en dépit de certaines analyses profondes par moments), on créait de fausses polémiques à tel point que la plupart des téléspectateurs en ont marre de voir les mêmes têtes défiler pour dire les mêmes rengaines. En même temps, quelques producteurs télé ( les mêmes qui tournaient d'ailleurs depuis 20 ans!) ont fait imposer une approche journalistique qui respectait beaucoup d'intérêts et beaucoup de "recommandations". Ces mêmes producteurs avaient une telle mainmise sur la presse sportive télévisée qu'on ne pouvait voir d'autres visages, d'autres professionnels qui avaient une autre façon de voir les choses. Résultat, un même ton, une même approche et un jeu d'intérêts qui se concrétisaient dans la presse sportive. Aujourd'hui, on ne veut plus de cela, on ne veut plus d'un modèle "stade 7" et d'un modèle "cactus" dans notre paysage médiatique sportif. On ne veut plus que l'argent de la télévision nationale (l'argent du contribuable) soit dérobé par quelques programmes , alors que les journalistes de la télévision n'étaient même pas payés. Oui, on a besoin que ce paysage change, que l'on donne l'opportunité à des plumes, à des producteurs de travailler et de casser ce monopole de gens qui ont détourné le sport à d'autres fins. On ne peut plus travailler comme avant. ça c'est sûr. l'information et le commentaire Le sport est un phénomène social complexe qui n'a rien à voir avec la politique. Mais, on ne peut ignorer son poids politique. A travers le sport, et le football en premier lieu, on a vu des conflits régionaux ( la capitale contre le sahel ou le duel des clans dans la famille Ben Ali), on a vu aussi une violence terrifiante auquel l'ancien régime n'a pas trouvé de solutions, et on a vu aussi une emprise très inquiétante de certaines personnes sur les clubs et les institutions sportives. Nous dans tout cela? C'est des phénomènes qu'il faudra combattre dur, sans être partial bien entendu. En tant que médias sportifs, et quels que soient nos profils, nos convictions politiques, avons à changer l'image du journaliste sportif tellement dégradée, il faut reconnaître. Le journaliste sportif, ce n'est pas cette personne qui n'a pas de "background" politique et culturel. Au contraire, c'est quelqu'un qui relate les faits, qui critique sans toucher la dignité des personnes bien sûr, et qui apporte des solutions et pourquoi pas des projets. La montée en puissance du sport et du football dans ces dernières années, doit être notre point de départ pour enrichir le débat, pour redonner de la crédibilité aux structures sportives en Tunisie. Sport et jeunesse, voilà deux volets complémentaires et indissociables. A travers le sport, on se cherche une identification, des symboles, on finit par passer au-delà du simple besoin de loisirs. Le volet financier est bien sûr aujourd'hui la pierre angulaire du sport : l'argent a tellement pris de l'ampleur dans le sport tunisien. A nous de faire la part des choses. Les médias et le sport sont deux alliés inséparables : quand l'un va mal, l'autre l'est aussi. Comme nous l'avons dit hier, il est temps de changer, il est temps que les anciens acteurs qui ont manipulé le sport pour leurs intérêts s'en vont. On attend de revoir les règlements pour passer à des élections crédibles qui n'éliminent personne. Cela dit, pas de procès à faire, pas d'attaques personnelles et pas de populisme.