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Bévues télévisées à répétition
OPINIONS
Publié dans La Presse de Tunisie le 14 - 04 - 2011


Par Moncef HORCHANI
La liberté de presse est un des grands apports de la révolution. Longtemps soumis à une censure aveugle, les journalistes de tous bords ont acquis le droit d'aborder et de traiter n'importe quel sujet, d'exprimer leurs idées ou leurs convictions en toute liberté, d'analyser sans complaisance les événements d'actualité… Bref, la porte est désormais ouverte à l'expression libre dans toutes ses dimensions. Dès lors, les journalistes s'en sont donné à cœur joie dans la pratique de cette liberté, comme l'illustre le changement radical de ton et de position qui s'est opéré dans les journaux, la radio et la télé au lendemain de la révolution.
Mais ce vent de liberté qui a soufflé subitement sur le paysage médiatique n'a pas été exempt de bourdes et de bévues à répétition‑: informations fausses ou erronées, amplification de faits divers anodins, colportation de rumeurs fantaisistes, traitement tendancieux d'événements… Une telle situation, quoique regrettable, est inévitable au lendemain de toute révolution, mais elle pourrait devenir inquiétante si elle devait trop perdurer. Heureusement qu'à présent elle tend à se stabiliser. En effet, les journalistes, ou du moins ceux qui ont donné libre cours à une spontanéité excessive, se sont pour la plupart ressaisis pour donner plus de crédibilité à leurs informations et analyses. Ils ont fait ainsi montre de maturité, d'honnêteté journalistique et d'attachement à la déontologie en se dotant de garde-fous, c'est-à-dire en situant leurs productions dans leurs contextes et en évitant tout débordement malencontreux.
Pas tous les journalistes, il faut le reconnaître, car certains sont restés en marge du respect de la déontologie, telle cette chaîne de télévision, dont on taira le nom, qui n'a pas su ou voulu se donner une ligne éditoriale loin de tout reproche. Il est clair qu'elle ne cesse de se distinguer par des dérapages qui risquent de susciter chez certains observateurs critiques des interrogations quant à ses motivations réelles.
Quoi de plus intrigant en effet quand elle ouvre le journal de 20h00 par un fait divers anodin concernant une poignée de grévistes de la faim à qui elle consacre un temps d'antenne important pour les filmer et les interviewer; quand elle contacte des sit-insistes de Kasbah 2 pour s'enquérir des raisons de leur non-participation au mouvement d'occupation de la Kasbah dans sa troisième édition; quand elle commente l'événement tragique de Tozeur en rapportant que le gouverneur avait refusé de dialoguer avec les manifestants; quand elle accorde une interview à un candidat à l'immolation par le feu pour connaître les raisons de son désespoir et en faire peut-être un martyr; quand elle annonce qu'une tentative de sit-in a été brutalement réprimée par les forces de l'ordre; quand elle donne la parole à un manifestant qui en profite pour demander la condamnation à mort d'un Premier ministre en exercice sans qu'elle ait pris la peine de censurer cet appel monstrueux; quand elle passe à l'écran des citoyens hors d'eux qui rouspètent à cause de différends d'ordre professionnel, des grévistes ou des sit-inistes courroucés parce qu'on n'a pas satisfait leurs revendications, des habitants en colère faisant état de leurs conditions de vie déplorables (cette réalité amère n'est pas spécifique aux dizaines de personnes interrogées mais elle est beaucoup plus large et nécessite une action de grande envergure dictée par la révolution et non impulsée par la télé)…
Cette chaîne a-t-elle conscience que de pareilles séquences de journaux télévisés, diffusées de surcroît à une heure de grande écoute, sont de nature à troubler les esprits d'une frange vulnérable de téléspectateurs ? Même si on n'est pas enclin à penser que l'intention de cette chaîne ne découle pas d'une volonté délibérée d'alimenter les tensions, on peut craindre cependant que les effets produits par de telles séquences aillent dans ce sens.
Autre prouesse à l'actif de cette chaîne: son peu d'empressement à couvrir des mesures gouvernementales d'une grande importance comme si, en le faisant, elle craignait d'être taxée de «partisanerie». Pourtant, tout le monde sait avec quel zèle elle était aux petits soins de tous les acteurs de l'ancien régime, notamment de «l'artisan du changement» dont tous les faits et gestes étaient applaudis, amplifiés, glorifiés. Le revirement total de la chaîne qui s'est opéré après le 14 janvier s'inscrit bien sûr dans la logique des choses. En effet, révolution oblige, elle ne peut plus reconduire avec le nouveau régime le soutien inconditionnel qu'elle apportait à l'ancien. Mais le droit de l'Etat d'être entendu par les citoyens par l'intermédiaire des médias, et le droit des citoyens d'être informés de tout ce qui se passe dans la vie politique du pays exigent de cette chaîne qu'elle s'attarde davantage sur l'action gouvernementale à travers des débats où des invités, toutes tendances confondues, viendraient clarifier la nature et la portée des mesures prises, donner leurs points de vue en toute liberté, critiquer, si besoin est, ce qui est critiquable. L'ancien Premier ministre n'a-t-il pas reproché ouvertement à la chaîne le fait d'avoir timidement couvert des mesures importantes prises par son gouvernement? Le plan d'urgence d'aide aux entreprises en difficulté et aux régions défavorisées ne méritait-il pas une plus grande attention de la part de cette chaîne? Ce plan, pourtant, n'a pas échappé à l'attention d'une chaîne de télévision privée qui n'a pas hésité un instant, vu l'importance de l'événement, à consacrer, le jour même de l'annonce des mesures gouvernementales, une émission spéciale pour débattre du sujet. Elle l'a fait, et c'est tout à son honneur, non pas par complaisance ou soumission qui sont contraires à ses principes, mais par souci d'assurer une couverture médiatique à tout événement important qui fait l'actualité. Un exemple à suivre (il a été suivi, quoique tardivement, et c'est tant mieux).
Quoi qu'il en soit, il faut reconnaître que le paysage médiatique n'est pas très préoccupant. Malgré quelques balbutiements, la démocratie fait son bonhomme de chemin. Les médias, après une période de turbulences inhérente à toute révolution, utilisent mieux leur droit à l'information libre. Les quelques journalistes qui n'ont pas encore saisi le sens de cette liberté finiront tôt ou tard par rentrer dans les rangs, c'est-à-dire par user sans bévues de leur droit de s'exprimer. Vivement la création d'une instance qui aurait la charge de veiller au respect de la déontologie. Si beaucoup de journalistes prétendent, à juste titre d'ailleurs, être capables de s'autocontrôler en dehors de tout organisme accompagnateur, ils semblent ignorer que certains n'agissent pas de la même manière, puisque, sous la bannière de la liberté d'expression, ils multiplient les dérapages voulus ou fortuits.
Il n'y a pas de liberté sans contrainte. En d'autres termes, il n'y a pas de liberté de presse sans frontières. C'est la règle de la démocratie.


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