• Savoir maîtriser toute demande de liquidités Ces derniers temps, des files d'attente sont visibles partout, devant les boulangeries, les épiceries, les quelques grandes surfaces ouvertes et surtout devant les distributeurs automatiques de billets (DAB). Si la pénurie justifie la frénésie sur le marché des biens, qu'en est-il des guichets des banques? Force est de constater que la majorité des agences bancaires du centre-ville de Tunis offrent la même image : une porte entrouverte, un DAB hors service ou endommagé et une poignée de clients. Faisant la queue devant un DAB, Mohamed Ghazi, employé dans un ministère, précise qu'il attend son tour pour effectuer un deuxième retrait. «Déjà c'est l'un des rares DAB en service au centre-ville. J'ai déjà retiré la totalité de mon salaire, mais compte tenu des circonstances, j'ai besoin de constituer une provision rassurante», déclare le jeune fonctionnaire. «On ne sait pas ce que nous cachent les jours qui viennent», a-t-il ajouté. Mohamed a souligné qu'à 11h30 il n'a pas pu accéder à l'intérieur de l'agence pour effectuer les opérations de retrait aux guichets de son agence. Il est vrai justement qu'à chaque manifestation ou mouvement de foule, on s'empresse de fermer les portes! Une réaction que reproche notre jeune homme, car pour lui, «la situation actuelle est une occasion pour faire preuve de citoyenneté». La banque, a-t-il rappelé, «est une institution qui doit être régulièrement au service de la clientèle. Il ne faut pas trop paniquer face à cette conjoncture provisoire». Maintenir les équilibres financiers Toutefois, les professionnels du secteur bancaire ne partagent pas la même analyse. Pour eux, le secteur maintient régulièrement et d'une manière presque ordinaire ses activités. Certes, il y a eu des fermetures, mais elles étaient forcées et donc incontournables. Les professionnels reprochent tout de même cette affluence injustifiée de la clientèle et les retraits trop importants exigés. Lassaâd, banquier, estime, toujours dans ce même contexte, que «tout le personnel et tous les services de la banque sont disponibles et assurent leurs services d'une manière ordinaire». Il note que «des efforts ont été consentis pour faciliter le déplacement du personnel». Pour rassurer les clients, il précise que toutes «les banques disposent de liquidités suffisantes pour satisfaire tous les besoins». Mieux encore, plusieurs mesures de facilités au profit de la clientèle, notamment les découverts et les avances, ont été accordées. On apprend aussi que la Banque centrale de Tunisie assure un approvisionnement dans des conditions habituelles. De son côté, Tharouet Skander, agent au guichet commercial d'une agence au centre-ville, note que «la vie reprend, progressivement, son état normal et le secteur bancaire retrouve sa dynamique habituelle». Lundi, soutient le banquier, «on a enregistré une activité timide estimée à environ 25% de notre activité normale. Ces premières opérations ont permis de rassurer la clientèle. Mardi, une petite progression a été affichée. Mercredi, avec le versement des salaires, on a constaté une affluence importante qui devrait se maintenir tout au long des prochains jours». En somme, l'on peut dire que dans cette étape quelque peu délicate, il est important de savoir se comporter, car l'économie tunisienne reste sensible au changement de tout comportement et de tout opérateur économique, notamment le consommateur. Tout excès au niveau des demandes de liquidités risque de créer des déséquilibres financiers graves. D'où l'importance de retirer des petites sommes nécessaires à la consommation habituelle et d'opter pour d'autres moyens de paiement, cartes et chèques, pour préserver l'équilibre de nos comptes bancaires et de l'économie nationale.